| | | | | Talentyre | Cerveau vendu séparément | Guerrier de l'Etincelle | | |
| Posté le 04-09-2007 à 10:23:19
| Ca doit faire un an que j'ai en tête ce projet de fic, en voilà enfin le début prêt à être publié!
1 – Joyeux anniversaire Il était prêt de onze heures lorsque le train arriva enfin à la gare. Le voyage avait semblé bien long, et c’est avec un certain soulagement que Winry quitta enfin son siège. Elle saisit son sac et rejoignit le quai, légèrement excitée : cela faisait bien un an qu’elle n’avait pas vu cette ville. Deux silhouettes familières vinrent à sa rencontre. - Roy ! Riza ! s’exclama-t-elle lorsqu’ils furent réunis. - Le voyage s’est bien passé ? interrogea le général de brigade. - Bien, même si j’ai cru ne jamais en finir. Depuis sept heures du matin, je commençais à en avoir marre, avoua-t-elle. Ils se mirent en route, puis Riza demanda : - Et monsieur Dominique, tu n’as pas eu trop de mal à le convaincre ? - Un peu, mais comme je travaille beaucoup ces derniers temps, il m’a accordé quelques jours de vacances, pour l’occasion. De toutes façons, j’aurais terminé ma formation dans six mois. - Et après, tu comptes prendre la suite de ta grand-mère ? - J’y réfléchis… en fait, je pense à m’installer ici. J’aimerais bien monter ma propre boutique. - Si tu viens vivre ici, nous pourrons t’aider à t’installer, proposa Roy, tandis qu’ils quittaient enfin la gare. Ils longèrent la rue pour atteindre leur voiture, garée. Une fois à l’intérieur, Winry s’exclama : - Au fait ! On n’a pas eu le temps d’en parler au téléphone… En prononçant ces mots, elle se remémorait les beuglements de Dominique, répétant : « Lâche ce téléphone, pipelette ! Les clients attendent ! » - …alors ça y est, vous allez avoir un enfant ? - Exactement, répondit Riza en posant une main sur son ventre encore assez plat pour que la nouvelle passe inaperçue. Ce n’est pas pour tout de suite, ça ne faut qu’un mois. Winry regarda défiler le paysage par la fenêtre, pensive. Le temps avait semblé s’écouler vite autour d’elle ; aussi, il était certain qu’elle n’avait pas réellement pris le temps de vivre, comme elle passait ses journées à s’entraîner chez Dominique. Elle entamait maintenant sa vingtième année, mais son esprit était resté dans le passé, ainsi que ses sentiments, qu’elle continuait inconsciemment de préserver pour Edward, bien qu’elle su qu’il ne reviendrait pas. - Nous y voila, annonça Roy en garant la voiture en face d’une grande maison. Ils sonnèrent, et la porte s’ouvrit. L’intérieur semblait bien bruyant. - Bonjour Grace ! saluèrent en cœur les trois arrivants. - Y’a de l’ambiance, on dirait, commenta Roy. On n’est pas trop en retard ? - Bien sûr que non, entrez. La maison avait été décorée spécialement pour la fête ; des guirlandes colorées raccordaient murs et plafonds, un tapis de confettis recouvrait le plancher, sur lequel couraient une dizaine d’enfants. Grace ne tarda pas à apporter un grand gâteau recouvert de crème, sur lequel avaient été plantées neuf bougies. Elysia souffla tandis que résonnait la chanson du « joyeux anniversaire », et lorsque tout le monde eut reçu une part, on distribua les cadeaux. Peluches, livres, et jouets divers s’entassaient, et chaque présent déballé agrandissait le sourire de la petite. - Joyeux anniversaire ! dit joyeusement Winry lorsque ce fut son tour. Tiens, c’est pour toi. Elle tendit un paquet, que l’enfant ouvrit : il contenait une figurine articulée en métal, constituée d’armures intégrées miniatures. - Génial ! Merci Winry ! s’exclama Elysia en lui sautant au cou. Riza et Roy lui offrirent un petit paquet, emballé dans une boite à chaussures. Elle le déballa, et dans ses yeux brilla une lueur de joie lorsqu’elle découvrit le petit chiot apeuré. - Black-Hayate a eu des petits, expliqua Riza. Tandis que cette dernière montrait comment il fallait s’en occuper – omettant le dressage par revolver, qui, selon elle, n’était pas tout à fait approprié à une enfant de neuf ans –, Roy admira la figurine qu’avait confectionné Winry. - Un travail exceptionnel, commenta-t-il enfin. Les détails et le fonctionnement sont remarquablement réalisés. - Merci, mais ce n’est pas si extraordinaire, rougit la jeune femme. - Bien sûr que si ! Tu t’es vraiment améliorée ! Désirant s’éloigner de l’agitation des enfants, ils trouvèrent un peu de calme au balcon. - Elysia a grandi ! s’exclama Winry. Le temps passe trop vite, je la vois encore toute petite, à quatre ans. - Maes serait fier de la voir comme ça. - Il te manque, n’est-ce pas ? - Oui, avoua-t-il. Le jour de mon mariage avec Riza, je n’ai pas pu m’empêcher de penser à lui… Il n’arrêtait pas de me répéter de me trouver une femme, alors… j’aurais bien aimé qu’il soit mon témoin. - Je suis certaine que, de là où il est, il vous a vu tous les deux, et qu’il était heureux. - Si tu le dis… Tiens, mais, c’était aussi l’anniversaire d’Edward aujourd’hui, non ? demanda Roy pour changer de sujet, ne se rendant compte que trop tard qu’il en avait choisi un bien délicat. - Oui, il a vingt et un ans aujourd’hui… quelque part, dans l’autre monde, il doit être en train de le fêter. Mais pour tout t’avouer… j’ai du mal à l’imaginer grand et mature… - Eh bien moi, je suis certain que c’est encore un tout petit gamin, quel que soit l’âge ! Ils rirent ensemble de bon cœur, et le silence s’installa peu à peu. Finalement, Winry parla : - Je me demande s’il se souvient encore de nous… de ce monde… - Tu connais Ed, ce n’est pas le genre à oublier ça ! - Je sais… Parfois, je pense à lui et je n’arrive plus à voir son visage, je n’arrive plus à me souvenir de sa voix – pareil pour Alphonse. Je regarde des vieilles photos, pour m’en rappeler mais… j’ai l’impression que le temps les efface peu à peu de ma mémoire, et ça me fait peur. J’ai peur de les oublier… - C’est normal, moi aussi ça m’arrive. Ne t’en fais pas, même si parfois, tu as du mal à t’en rappeler, tu ne les oublieras pas complètement. Malgré ça, n’oublie pas que, même s’il est certainement en vie quelque part, tu ne le reverras plus : ne vis pas dans l’attente de son retour, vis pour toi. - Je sais… Finalement, ç’aurait peut-être plus facile pour moi de le savoir – ou de le croire – mort… Avoir une tombe où se rendre, c’est un repère rassurant. Roy posa son œil unique sur la jeune fille, légèrement attristé. - Ne parlons plus de ça, finit-il par dire. Allons jouer avec les enfants ! Elle approuva avec un sourire, tout de même légèrement triste ; Edward célébrait sans doute lui aussi son anniversaire, loin d’ici… Alphonse et lui avaient-ils changé depuis leur dernière rencontre ? Ne pas savoir… c’était peut-être le plus dur à supporter. Winry repris un train dans la soirée. Connaissant les réactions de monsieur Dominique, elle préférait ne pas s’éterniser ; de plus, cette ville la rendait nostalgique. Le couple Mustang l’accompagna à la gare, où ils se dirent au revoir. Ce fut une belle journée que celle-ci. Assise contre la fenêtre, dans le wagon presque vide, la jeune femme fixait ses grands yeux bleus sur l’horizon lointain. Ce voyage avait tout de même réveillé de vieux souvenirs. Tant de questions qui se bousculaient dans son esprit… Edward serait certainement heureux de la voir penser à lui ainsi. Mais son sourire ne disparaîtrait-il pas s’il voyait les quelques larmes qui coulaient sur les joues de Winry ? Elle qui s’était pourtant jurée de ne plus jamais pleurer… Le temps d’arriver en gare, la jeune femme avait su faire disparaître de son visage toute trace de tristesse. Elle souriait même lorsqu’il fallut descendre du train pour retrouver Paninya. Cette dernière vint à sa rencontre, et elles s’éloignèrent, tout en discutant. - Alors, c’était bien ? - Oui, et puis c’est toujours agréable de les revoir. - La chance ! J’aimerais bien bouger un peu, mais le vieux ne veut même pas en entendre parler… - Hum… Tu pourrais t’installer, non ? T’es assez douée pour monter ta propre boutique… - Non… J’ai toujours l’impression d’avoir une dette envers le vieux. Et puis de toute façon, je vais reprendre sa boutique, j’ai qu’à attendre qu’il parte à la retraite ! - C’est vrai… Hors de la gare, elles montèrent dans la voiture que Dominique avait prêté à sa fille adoptive. - Moi, je veux partir… avoua Winry après un moment. - Tu veux retourner chez ta grand-mère ? - Non, je pense plutôt m’installer à la cité du centre. - Hum… Pourquoi pas. C’est vrai que si les deux meilleures créatrices d’auto-mail sont dans la même ville, ça risque de poser problème, lâcha Paninya avec un grand sourire. Cela fit rire Winry ; l’idée première était pourtant sans rapport avec son travail, mais elle n’aurait su lui avouer. C’était pour Edward qu’elle avait appris à fabriquer des auto-mails et qu’elle était venue travailler chez Dominique ; quel intérêt pouvait-elle encore porter à sa profession si la personne pour qui elle désirait œuvrer n’était plus là ? Dominique était grognon, mais pas méchant ; à priori, rien ne la forçait à partir. C’était, une fois encore, pour Edward, qu’elle s’apprêtait à le faire. Désolée, Roy… je ne peux pas m’y résoudre…
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| Tifet | Laisser vivre ou faire mourir | Aspirant du Zénith | | |
| Posté le 04-09-2007 à 10:55:40
| J'aime bien ce premier chapitre !! mais qu'est-il arrivé à Ed et Al ? (dis... c'est pas obligé d'avoir lu tous les FMA ? Il m'en manque quelques uns à lire ^^" ) |
| Talentyre | Cerveau vendu séparément | Guerrier de l'Etincelle | | |
| Posté le 04-09-2007 à 18:28:54
| Tifet a écrit :
mais qu'est-il arrivé à Ed et Al ? |
Tu verras par la suite!
Tifet a écrit :
(dis... c'est pas obligé d'avoir lu tous les FMA ? Il m'en manque quelques uns à lire ^^" ) |
Pour cette histoire, je me base sur les animes et non le manga. En fait c'est à la fin du film, qui complète l'anime. Mais disons que par une logique simple tu pourras certainement comprendre l'histoire^^
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| Tifet | Laisser vivre ou faire mourir | Aspirant du Zénith | | |
| Posté le 05-09-2007 à 11:23:17
| Ok ! donc j'attendrais la suite ^_^ |
| Talentyre | Cerveau vendu séparément | Guerrier de l'Etincelle | | |
| Posté le 16-09-2007 à 19:56:05
| 2 – L’installation « Le train est entré en gare. Les passagers sont invités à descendre sur le quai. Cité du centre, cinq minutes d’arrêt. » Le message répété dans les hauts parleurs tira Winry de sa rêverie ; elle n’avait même pas remarqué que la campagne s’était effacée au profit de la ville, et qu’elle était à présent arrivée à la cité du centre. Elle descendit du wagon, un gros sac comme seul bagage. Pinako Rockbell l’attendait sur le quai : seule personne prévenue, la vieille femme était arrivée une demi-heure plus tôt pour aider sa petite-fille à emménager. - Monte, fit-elle lorsqu’elles arrivèrent en devant une camionnette. - Depuis quand… commença la Winry. - Le fils du fermier me l’a prêtée. - Grand-mère, tu penses vraiment que c’est raisonnable de conduire à ton âge ? - Dis-moi jeune fille, je ne suis pas venue ici pour me faire dire que je suis bonne à enterrer. Winry ne répondit rien, amusée. Elle conduisit jusqu’à une grande place, où la boutique encore vide attendait sa nouvelle propriétaire. - C’est ici, indiqua-t-elle en arrêtant la camionnette. La première pièce ne comportait qu’un comptoir ; en arrière boutique, le futur atelier se terminait sur un escalier, lequel débouchait dans le petit appartement qu’elle habiterait désormais. - Bien, conclut Pinako. Comme promis, je suis passée chez le menuisier. Elle ouvrit l’arrière de la camionnette ; il s’y trouvait deux grosses valises, une table de travail, et plusieurs paquets contenant des tabourets, ainsi que quelques étagères. - Je te laisse porter ça à l’intérieur, je voudrais pas casser mon vieux dos, dit-elle en entrant dans l’atelier, réfléchissant déjà à la meilleure façon d’y installer les nouveaux meubles. - Et après ça, elle veut pas qu’on l’enterre, grommela Winry en soulevant les valises. Elle acheva de transporter les meubles dans la boutique, tandis que sa grand-mère sortait des bagages quelques outils. Elles placèrent la table, fixèrent au mur les étagères, et y suspendirent déjà quelques pièces d’auto-mail qui provenaient de l’atelier de Rizenbull. L’installation dura près d’une heure, à la suite de laquelle il ne restait dans les paquets qu’une planche en bois dans laquelle était gravée « Automails ». Pinako la tendit à sa petite-fille : - Cadeau. C’est moi qui l’ai faite. - Merci grand-mère. - Je suis fière de toi, continua la vieille. On toqua à la porte. - Ce sont les déménageurs, indiqua Winry, vérifiant d’un coup d’œil à sa montre qu’elle n’était pas trop en retard sur l’horaire prévu. Elle alla ouvrir la porte, salua les trois hommes et leur donna les premières indications sur la manière dont elle désirait meubler l’appartement, au dessus de l’atelier. Ils ne mirent pas longtemps à tout installer. - En fait, t’avais pas vraiment besoin de moi, commenta Pinako. - C’est vrai, avoua la petite fille. Mais je voulais ton avis expert pour installer l’atelier. - Mon avis expert ? Tu as besoin d’un avis expert pour poser une table et accrocher des étagères ? - Eh bien… disons que c’était un bon prétexte pour passer un peu de temps avec toi. L’après midi touchait à sa fin lorsque les déménageurs eurent terminé. Il ne manquait plus aux meubles qu’à être remplis. - Tu es sûre que tu ne veux pas passer la nuit ici ? Tu ne me déranges pas du tout, affirmait Winry en raccompagnant sa grand-mère jusqu’à la camionnette. - Hors de question ! J’ai mes clients qui m’attendent à Rizenbull. - Rentre bien. Elle regarda s’éloigner le véhicule, puis rentra dans sa nouvelle boutique, avec son insigne tout neuf au dessus de la porte, et elle sembla découvrir l’endroit, l’atelier, l’appartement, où elle habitait dès à présent, où elle travaillerait dans les jours à venir. Elle monta l’escalier, atteignit sa nouvelle chambre, et s’effondra d’un coup sur son lit, épuisée. A son réveil, le lendemain matin, Winry mit un certain temps avant de réaliser où elle se trouvait, où elle avait dormi. Cette impression lui rappela la première nuit passée chez Dominique. Elle se leva, pris une douche rapide, et se trouva déconcertée devant un réfrigérateur tout aussi vide que son estomac. Elle entreprit d’aller faire quelques courses, profitant au passage de détours par divers magasins pour se présenter au voisinage, et faire la promotion de sa nouvelle boutique. En fin de matinée, elle téléphona à Roy, qui, ravi de la surprise, l’invita à déjeuner, avec Riza, dont le ventre rond annonçait la prochaine venue de l’enfant. Le futur papa ne cessait d’en parler, rappelant un peu Hughes en son temps. - Je vais pouvoir dire à tous les militaires de la ville qu’ils peuvent se faire couper autant de bras et de jambes qu’ils veulent, maintenant que tu es là, plaisantait Roy. Winry avait bien conscience qu’il n’allait pas être évident de se faire connaître dans une si grande ville, et dû, malgré les efforts, attendre deux jours avant de recevoir son premier client. Tout à fait satisfait, celui-ci en amena d’autres, et peu à peu, on commença à parler dans la ville de cette petite nouvelle qui entamait une belle carrière.
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| Tifet | Laisser vivre ou faire mourir | Aspirant du Zénith | | |
| Posté le 17-09-2007 à 16:15:17
| J'aime vraiment beaucoup ^^
-------------------- Une fleur a poussé dans le désert, un lotus qui s'épanouit sortant de l'eau primordiale...Si on la laisse s'ouvrir deviendra-t-elle un soleil ? |
| Talentyre | Cerveau vendu séparément | Guerrier de l'Etincelle | | |
| Posté le 18-09-2007 à 22:53:11
| 3 – Retour au bercail L’hiver, la brume, un manteau de neige étendu sur des kilomètres. Les soldats s’entassaient dans les tranchées boueuses, et certains pleuraient tout leur courage lorsqu’ils voyaient s’échouer à leurs côtés les corps sans vie de leurs compagnons. Il y avait ce soir là autant de peur que de tristesse parmi les membres de la troisième unité. - Hey… Al… chuchota un jeune garçon de dix-huit ans, fraîchement cueilli de chez ses parents. - Qu’y a-t-il ? demanda le concerné, un grand blond, à peine plus vieux que le premier. - Comment… comment vous faites, toi et ton frère, pour toujours… toujours garder le sourire ? Alphonse jeta un œil à un autre blond, légèrement plus petit, qui servait aux soldats épuisés leurs rations de soupe du soir, encourageant chacun d’entre eux d’une parole amicale. - Ed, c’est le meilleur. Tant qu’il est là, j’ai le courage qu’il faut pour affronter toutes les armées du monde. L’autre soldat le regarda, incrédule. Il ne comprenait pas où Alphonse voulait en venir. Mais qui aurait pu comprendre qui ne connaissait pas leur histoire ? Edward ne tarda pas à arriver vers eux, muni de la marmite. - Donnez-moi vos bols. Il les servit, et les rejoignit quelques minutes plus tard, sa propre soupe en main. Assis par terre, ils faisaient durer en silence la faible ration, trop infime pour les rassasier. - Je me souviens… commença Alphonse. - Quoi donc ? demanda son frère. - Je me souviens d’une époque où il suffisait de faire ça. Il joignit ses mains d’un coup, et les contempla un instant en silence, comme s’il s’attendait à voire quelque chose apparaître. - Oublie ça, Al. Ca ne sert à rien de ressasser les vieux souvenirs… - Mais ça me manque. - Moi aussi… A cet instant, une voix retentit : - Alerte, alerte ! Offensive ennemie ! Préparez-vous à la défense ! - Les enfoirés, grommela Edward. Ils profitent de la tombée de la nuit… Le jeune soldat avec qui ils avaient dîné se cramponnait à son fusil, comme paralysé par la peur. Edward posa une main sur son épaule, et, avec un grand sourire, affirma : - N’aie pas peur. On va les étaler. La guerre… et ses cris, et ses balles, et son feu, et son sang, et sa peur, et ses corps, et la mort. La boutique d’automails Rockbell de la cité du centre voyait défiler les clients chaque jour. Un an après son installation, Winry était une célébrité de la ville. On venait de loin pour bénéficier de son travail, et elle ne cessait d’améliorer ses modèles. Elle avait à présent sous ses ordres un apprenti, un garçon de la ville âgé d’une quinzaine d’années dont elle avait fait le premier automail, pour remplacer un bras droit perdu dans un accident de voiture : Kino. Dans les yeux ambrés de l’adolescent, il lui semblait parfois retrouver sa propre motivation, ses propres ambitions. Winry contempla une dernière fois l’avant bras métallique qu’elle tenait dans les mains, finalisant son œuvre, vérifiant la perfection du travail. Satisfaite, elle abandonna sur la table tournevis et clef à molette, et se retourna vers son client pour ajouter le membre manquant. Dans la pièce d’à côté, Kino, seul derrière le comptoir, se chargeait de répondre au téléphone et d’accueillir les clients. Un homme entra dans la boutique. - Je cherche Winry Rockbell, dit-il en faisant quelques pas. On m’a dit que je pourrais la trouver ici. L’homme scruta d’un coup d’œil la pièce. Il n’était pas très grand ; ses joues creuses couvertes d’une barbe claire, ses cernes, ses vêtements déchirés et crasseux lui donnaient un air de mendiant. Sous des lambeaux de manche, Kino aperçut un vieil automail, fortement ressemblant à ceux de Winry. - Vous êtes un client ? - Un… ami. Un vieil ami. - Winry travaille. Elle va bientôt arriver. Il pointa d’un doigt distrait les chaises près de l’entrée. - Vous pouvez attendre ici. L’autre hocha doucement la tête, amorça un pas en arrière, puis s’arrêta dans son élan, et regarda avec un peu plus d’attention la boutique dans laquelle il se trouvait. Une petite salle, décorée simplement de pièces d’automail suspendues aux murs, de même que présentait la vitrine près de la porte d’entrée. Sur le comptoir mal rangé s’entassaient de petits pense-bêtes, griffonnés de noms et de numéros de téléphone, et par-ci par-là traînaient un tournevis ou un boulon. Près de la porte, enfin, quelques chaises pour faire patienter les clients, où l’homme finit par aller s’asseoir. Kino le vit ouvrir et fermer sa main droite, regardant s’articuler les doigts de métal comme pour la première fois. - C’est Winry qui vous l’a fait ? demanda l’adolescent, autant par curiosité que pour briser le silence. Son interlocuteur leva des yeux dorés vers lui, et avec une sorte de sourire triste, répondit : - J’étais son tout premier et plus fidèle client. A cet instant, la porte de l’atelier s’ouvrit. Un homme en sortit, remuant son nouveau bras. - N’oubliez pas de le graisser de temps en temps, et en cas de problème, revenez me voir. Kino, encaisse s’il te plaît ! Winry parlait depuis la pièce voisine et n’avait pas vu se lever le visiteur, qui traversa la pièce et finit par articuler : - Winry ? Cette dernière tourna la tête, aperçu son interlocuteur, et s’approcha d’un air interrogateur, une intuition troublante quant à son identité. Non, ce n’était pas possible. Elle resta silencieuse. - Winry, repris l’autre. C’est moi… c’est Ed- - Edward ? Il hocha la tête, semblant autant surpris qu’elle. - Edward… répéta-t-elle. Son cœur semblait à deux doigts d’exploser. Une larme naquit au coin de son œil, alors qu’elle le regardait, scrutant son visage, reconnaissant sous ces traits d’adultes, sous cette barbe, mais toujours ce même regard, l’adolescent qu’elle pensait ne jamais revoir. Et elle lui sauta au cou. - Edward, comment… comment se fait-il que… que tu sois ici ? demanda-t-elle en se retirant de l’étreinte pour mieux l’observer. - Eh bien, je… hésita-t-il, je n’en sais rien. - Viens, suis-moi, coupa-t-elle d’un coup, comme si elle sortait brusquement d’un rêve. Kino, garde la boutique s’il te plaît ! L’adolescent, qui n’avait rien dit depuis le début des retrouvailles, marmonna : - Chuis pas un chien, oh… Mais Winry n’entendit pas. Elle tirait Edward par le bras, serrant fort comme si elle avait peur qu’il disparaisse à nouveau, et l’emmena, depuis l’atelier, vers son appartement. - Bienvenue chez moi ! Assied-toi, je vais te faire couler un bain. Qu’est-ce que t’as fait pour te retrouver dans cet état ? Mais il n’eut pas le temps de répondre, qu’elle continuait déjà : - Il te faut des vêtements, tu peux pas rester comme ça… Je descends tout de suite, reste ici ; fais comme chez toi, ne te gêne surtout pas, si t’as faim voilà la cuisine, tu peux te reposer dans ma chambre… J’me dépêche ! Elle descendit aussi vite qu’elle était montée, accrochant son sac au passage, et quitta l’atelier dans le même élan, lançant de loin à Kino l’ordre de s’occuper des clients, surmonté d’un « je serai rapide ». Edward fit quelques pas dans la pièce ; c’était une petite salle à manger, dont une partie remplissait la fonction de cuisine. Parallèlement, la chambre de Winry et une salle de bain complétaient l’appartement. Edward se rendit dans la chambre. Son regard fut tout de suite attiré par la tête du lit, par les quelques photographies scotchées sur le mur. C’étaient eux, eux trois enfants, eux trois adolescents. Il y avait aussi cette photo qui avait longtemps habité le meuble du salon à Rizenbull, cette photo des frères Elric à la pêche. Du reste, des étagères recouvraient les murs, pleines de livres, de cahiers, concernant pour la plupart les automails. Pour finir son parcours, Edward atteignit la salle de bain, retira sa chemise, contempla un instant le tissu déchiré et troué d’un air interrogateur, puis se déshabilla complètement pour s’enfoncer dans l’eau chaude avec un soupir de soulagement.
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| Tifet | Laisser vivre ou faire mourir | Aspirant du Zénith | | |
| Posté le 19-09-2007 à 16:54:33
| Oh !! Trop bien !!! J'ai trop de questions qui se posent en lisant ça !! Et j'aime trop Winry ^__^
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| Talentyre | Cerveau vendu séparément | Guerrier de l'Etincelle | | |
| Posté le 08-10-2007 à 19:59:21
| 4 – Quelque chose d’étranger Winry entra dans l’appartement, les mains chargées de sacs. - Edward ? L’intéressé pointa le bout de son nez du côté de l’escalier. A peine sorti de la salle de bain, il avait enroulé autour de sa taille une serviette et apprécia de recevoir de nouveaux vêtements de la part de son amie. - Je t’ai acheté un truc à manger, indiqua-t-elle lorsqu’une fois habillé, il la rejoignait. Ca va les vêtements ? - Impeccable. - J’ai eu un choc en les choisissant, je me suis rendue compte d’un coup à quel point tu avais grandi. - C’est vrai. Ca fait plusieurs années quand même. Le sourire de Winry faiblit légèrement. Elle espérait presque une de ces réactions si spontanées d’Edward, un de ces éclats de colères ponctués de hurlements et de coups de poings ; au lieu de quoi il mangeait tranquillement son repas. Plus de goinfreries non plus. - Je suis plein, déclara-t-il en posant sa fourchette, laissant sur la table la moitié du menu. L’autre le fixa avec étonnement. - Ed ? Qu’est-ce que… tu mangeais comme cinq avant. Une habitude comme ça, ça se perd pas si facilement… - Comme tu dis : avant. Pendant un instant, Winry eut le sentiment d’être face à un étranger. Un léger mélange d’énervement et de déception se forma au fond de sa gorge ; elle l’avala, péniblement. - Raconte moi. - Quoi donc ? - Quatre ans, Edward. Quatre ans qu’on ne s’est pas vus. Tu me feras pas croire que t’as rien à me dire ! - Eh bien… commença-t-il, mais il ne continua pas. Son regard fuyait celui de Winry. Celle-ci se leva en plaquant ses mains sur la table : - Edward ! Il leva les yeux, comme brusquement sorti d’un rêve. Après un court silence, il parla enfin : - C’est la guerre, c’est tout. Depuis trois ans. Ca fait presque autant de temps que j’ai pas avalé un vrai repas, et j’ai trop l’habitude des portions de l’armée pour pouvoir manger normalement. Il se tut, et constatant que Winry ne disait plus rien, il continua : - La dernière chose dont je me souvienne… c’était une alerte. On est tous sortis avec nos fusils, on a couru dans la neige à l’assaut. Je me suis effondré d’un coup, j’ai eu très froid. Et je me suis réveillé, dans le désert. D’abord, j’ai pas compris. Quand j’ai retrouvé la ville la plus proche, j’ai vu que ça n’avait rien à voir avec l’autre monde. J’ai essayé sans y croire, en joignant mes mains, et j’ai eu ma vérification. Comme ça parle pas mal de toi dehors, j’ai pas eu trop de mal à te retrouver. - Attends… intervint-elle. J’ai peur de comprendre… - Je crois que je suis mort là-bas. - Mais… c’est impossible, quel que soit le monde, une fois mort… - J’ai traversé plusieurs fois la Porte, peut-être que j’ai trouvé sans le savoir un moyen. Peut être que j’ai payé de cette expérience, tu te souviens qu’Al avait payé de ses souvenirs ? - Il était la pierre philosophale ; tu n’avais même pas d’alchimie. Et puis tu as détruit le passage la dernière fois. Edward marqua un silence : - Ce ne sont que des suppositions, je n’ai aucune idée de la manière exacte dont ça a pu se passer, avoua-t-il enfin. Ses yeux dorés reflétaient l’inquiétude. - Je dois trouver un moyen… Je peux pas laisser Alphonse tout seul. - Même s’il y a peu de chances que ça marche… j’ai envie de croire qu’il pourra revenir aussi. Roy pourrait t’ouvrir l’accès aux réserves de la bibliothèque de l’armée. Edward sembla légèrement surpris. Il afficha un grand sourire, puis se leva pour débarrasser la table. Son regard conservait toutefois une lueur étrangère. - Je vais me reposer un peu avant, si ça ne te gène pas. Je suis complètement claqué. Tu devrais redescendre. Les clients doivent s’entasser en bas. Winry hocha la tête, et, empruntant les escaliers, dit : - Appelle moi si tu as besoin de quoi que ce soit. Edward apporta à la cuisine son assiette et ses couverts, laissant au réfrigérateur ce qu’il restait de nourriture, et fit la vaisselle en silence. Puis il retourna dans la chambre, s’arrêta une nouvelle fois sur les quelques photographies au mur, et s’allongea sur le lit. Les mains jointes derrière la tête, il fixait le plafond avec perplexité. Il ne comprenait pas vraiment ce qui lui arrivait, la raison de sa présence ici, son état dans l’autre monde. Winry aussi l’inquiétait. C’était comme si elle avait cessé de vivre depuis son départ, comme si, encore une fois, elle n’avait fait qu’attendre son retour. Ce n’était pas ce qu’il souhaitait. J’aurais peut-être mieux fait de ne pas venir ici… J’aurais peut-être du trouver un moyen tout seul, ne pas lui donner de faux espoirs. Les paupières trop lourdes finirent par se fermer ; Edward plongea tout entier dans le sommeil, ses bagages de fatigue pesant sur ses épaules. Les lits s’accumulaient, placés les uns à la suite des autres. Un grand feu brûlait dans la cheminée, insuffisant pour chauffer tout l’hôpital. Ici et là étaient accrochés quelques lampes à pétrole ou bougies, et à la lueur de l’une d’elles, Alphonse fixait de ses yeux pleins de larmes le corps inanimé de son frère. « Une balle dans le ventre, il a peu de chances de s’en sortir » avait dit le médecin lorsque le trou sanglant fut enfin raccommodé. Les moyens du bord ne protégeaient pas des infections et l’avancée médicale ne garantissait rien quant à l’éventuelle survie d’Edward. « C’est déjà un miracle qu’il soit toujours en vie. Je ne sais pas combien de temps il pourra tenir comme ça. C’est comme… c’est comme si son esprit refusait que le corps ne meure. » Puis le médecin était parti s’occuper d’autres horreurs de guerre et Alphonse méditait seul ses paroles. Mais déjà il recevait la visite d’un supérieur. - Soldat Elric, votre présence est demandée sur le front. Il ne répondit rien, comme piégé dans un rêve dont il ne parvenait plus à sortir, roulé en boule par terre, les yeux rivés sur le lit d’hôpital. - Soldat Elric, ne me faites pas répéter. Venez tout de suite avec moi. - Jamais… marmonna-t-il, jamais… - Pardon, soldat ? Alphonse se leva d’un coup, les yeux ruisselants de larmes. - Jamais ! répéta-t-il une troisième fois, dans un cri sourd et plein de rage. Non, non, vous ne m’aurez pas ! Ca n’a pas de sens, ça n’a pas de sens ! Rendez-vous compte : on ne vit plus que pour aller se faire tuer ! A quoi ça sert ? J’en ai vu assez des guerres, des blessés, des morts ! Pourquoi mon frère ? Pourquoi mon frère ? Il avait d’un même souffle hurlé son refus, sa peur, son indignation, sa colère et sa tristesse. Le militaire conservait pourtant son regard froid et dur envers Alphonse. Il ne semblait pas intimidé le moins du monde. - Rejoins les tiens, Elric, au lieu de faire ton numéro. Ils se battent à ta place pendant que tu pleurniches sur ton frère. Je sais ce que cela représente pour toi, mais dis toi bien que ce sont les soldats ennemis qui l’ont mis dans cet état. Tu peux encore te venger… - Me venger ? Me venger et faire plus de morts encore ? Vous ne comprenez rien ! J’en ai marre de tuer ! Il faut que ça s’arrête ! Le regard du militaire sembla changer légèrement, sans pour autant faiblir. Par cela et par son discours, Alphonse cru pendant un instant entendre parler Roy Mustang. - Je comprends très bien la situation pour avoir déjà éprouvé la même chose que toi. Mais les humains sont comme ils sont, et soit certain que la guerre ne s’arrêtera pas tant qu’elle n’aura pas ravagé les peuples pour désigner un vainqueur et un perdant. Le jeune soldat hocha doucement la tête. Il regarda une dernière fois le corps de son frère et sécha ses larmes d’un revers de manche avant de s’éloigner de lit à la suite de son supérieur. Et si les cris et la peur ne dépassent pas les frontières, à cet instant précis, Edward sentit de l’autre côté de la Porte une vive douleur dans sa poitrine, qui le tira brusquement de son sommeil.
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| Tifet | Laisser vivre ou faire mourir | Aspirant du Zénith | | |
| Posté le 10-10-2007 à 15:45:33
| "Mort mais pas mort" ! Ici et là-bas !! Quelle alchimie est-ce ? Super suite Tal !!
-------------------- Une fleur a poussé dans le désert, un lotus qui s'épanouit sortant de l'eau primordiale...Si on la laisse s'ouvrir deviendra-t-elle un soleil ? |
| Yno | Le doute m'envahit, tandis que cett | Légende | |
| Posté le 10-10-2007 à 20:50:13
| Tu na pas vu l'Anime ? Tifet ? Bon et bien SPOIL =D C'est le principe de l'échange equivalent. Ed etant passer l'espace d'un dans le monde d'hohenheim et s'étant fait tuer par un zeppelin repart dans son monde. Cela dit je ne sais pas si sa marche tout le temps... Et puis le manga est assez different de l'anime parfois ^^'
-------------------- Fiche Lili/Thème |
| Tifet | Laisser vivre ou faire mourir | Aspirant du Zénith | | |
| Posté le 11-10-2007 à 10:35:57
| Non j'ai pas vu l'anime... et dans ma lecture du manga, il me manque certains tomes ^^"
-------------------- Une fleur a poussé dans le désert, un lotus qui s'épanouit sortant de l'eau primordiale...Si on la laisse s'ouvrir deviendra-t-elle un soleil ? |
| Talentyre | Cerveau vendu séparément | Guerrier de l'Etincelle | | |
| Posté le 21-10-2007 à 22:47:35
| 5 – Dilemme Il était prêt de midi lorsque Edward quitta la boutique d’automails. Il redécouvrait la ville à chacun de ses pas, orientés vers le centre militaire. L’endroit n’avait pas changé. Dans le grand bâtiment qu’il parvenait encore, depuis des bribes de souvenir, à reconnaître, il s’adressa à une jeune secrétaire assise derrière un bureau, en train de remplir divers formulaires. - Que puis-je faire pour vous ? demanda cette dernière lorsqu’il s’approcha. - Je cherche Roy Mustang. - Avez-vous rendez-vous avec lui ? - Non, à vrai dire je ne savais pas qu’il fallait prendre rendez-vous. - Le général Mustang a beaucoup de travail, il ne peut recevoir comme ça. Mais vous pouvez prendre rendez-vous maintenant. - Pourquoi pas ? Quand est-ce que je pourrais le voir ? La secrétaire tourna quelques pages d’un agenda rempli de noms et de numéros de téléphone griffonnés. Elle finit par annoncer : - Ce ne sera pas possible avant la semaine prochaine. - Ah… Il n’y a vraiment pas moyen de le voir avant ? C’est assez urgent… - Désolée pour vous, mais ce ne sera pas possible. - C’est pas grave, merci. Au revoir. Edward quitta le bâtiment, les mains enfouies au fond de ses poches. Le vent frais caressait son visage et faisait valser ses quelques mèches de cheveux d’or. Il s’assit sur un banc de la place la plus proche, et fixa le ciel bleu, songeur. Il ne savait pas vraiment quoi faire. Lui qui s’était douloureusement convaincu qu’aucun retour ne serait plus possible, qui avait enfin accepté l’idée de refaire sa vie dans un autre monde, de se battre pour un autre pays, pour une autre cause, avec d’autres armes et entouré d’autres personnes, encore une fois triste victime de l’ironie du sort. Et de nouveau il se sentait étranger, il ne reconnaissait plus ce monde, cette ville où il avait passé tant d’années, vécu tant d’instants, les meilleurs comme les pires. Que faire, alors ? Rester ici, tout recommencer pour la seconde fois, et ainsi retrouver pour de bon Winry, et perdre définitivement Alphonse ? Retourner dans l’autre monde, reprendre la guerre, abandonner Winry pour la seconde fois ? Une silhouette familière sortit du centre militaire, en face du banc où se trouvait Edward. Il reconnut sa carrure, sa démarche, son attitude alors qu’il parlait à un d’autres militaires. Le jeune homme se leva d’un bond : c’était sa chance. - Colonel ! s’écria-t-il lorsqu’il fut assez proche pour être entendu. Le groupe s’arrêta, chacun affichant un air de surprise. - Il n’y a pas de colonel parmi nous, jeune homme, vous devez faire erreur, commença l’un d’eux, mais Edward ne prêta pas attention à la remarque. - Colonel Mustang, reprit-il. C’est moi, c’est Edward. L’intéressé scruta de son œil unique le jeune homme. D’un ton calme, il répondit : - Tu as changé, j’ai failli ne pas te reconnaître. Excusez-moi, adressa-t-il à ses collègues. Je vous abandonne pour le déjeuner. Les autres le saluèrent et s’en allèrent. Mustang se retourna vers Edward : - C’est bien toi ? - Puisque je vous le dis ! - Mais… tu… Peu importe, allons déjeuner. Ils entrèrent dans un restaurant proche, et une fois qu’ils furent installés et eurent passé commande, Roy dit : - Tu as grandi… c’est troublant. - Vous croyiez quoi ? Que j’allais rester un nabot toute ma vie ? - Donc tu l’avoues. - Quoi ? - Que tu étais un nabot… - …pas plus grand qu’un haricot, je sais, finit-il avec un petit soupir. Roy l’examinait avec attention tout en prenant garde de ne pas le mettre mal à l’aise. Il n’avait pas grandi que physiquement, il avait aussi mûri. - Comment es-tu revenu ? finit-il par demander. - Je… hésita Edward. Je ne sais pas. - Et Alphonse ? Il lui raconta tout ce qu’il savait, tout ce qu’il avait pu dire à Winry, la situation actuelle dans l’autre monde, tout ce temps passé dans les tranchées, l’hiver, les assauts, et la dernière chose dont il se souvenait. - Ca tient la route, commenta Roy. En supposant qu’il existe une autre porte que celle qu’on a détruite, alors c’est toujours possible de voyager entre les deux mondes. - Colonel… - Général de brigade, Edward. Et appelle moi Roy, je ne suis plus ton supérieur. - Roy… est-ce que vous - est-ce que tu penses que je suis mort ? Mustang planta sa fourchette dans un morceau de viande, qu’il fixa d’un air pensif. - Je ne dirais pas « mort ». A partir du moment où tu es en vie ici, et qu’à chaque fois que tu es « mort » quelque part, tu as réussi à t’en sortir de l’autre côté. - J’ai fait un rêve cette nuit. J’ai vu… je me suis vu sur un lit d’hôpital, inanimé, une balle dans le ventre. Et l’uniforme que je portais en arrivant ici avait un trou à ce niveau là. Alphonse… était en larmes, il devenait fou de me voir comme ça. Roy écoutait sans bruit. Edward continua : - Je ne sais pas quoi faire. Je n’ai aucune idée de comment retourner là-bas. Je n’ai pas envie d’abandonner Al, et d’un autre côté… - Winry n’a jamais pu faire ton deuil, commenta Roy, comme je n’ai jamais réellement fait celui de Maes. A la différence que lui est mort, et toi non. Si je sais qu’il ne reviendra pas, elle a toujours entretenu l’espoir de ton retour. Aujourd’hui, tu dois choisir entre rester ici et repartir – si tu trouves un moyen –, c’est bien cela ? Edward hocha doucement la tête : - Winry compte sur moi pour rester auprès d’elle… Elle voudrait même que je puisse faire revenir Al… - Mais tu sais comme moi que c’est impossible. C’est déjà un miracle que tu sois ici, un aller-retour supplémentaire n’est certainement pas envisageable. Après un court silence, il continua : - J’ai l’impression que… que la Porte s’acharne sur toi, quoi que tu fasses. Tu aurais pu simplement mourir sur le champ de bataille, connaître ce que nous vivants imaginons être le repos éternel, mais quelque chose t’en empêche. - Oui… et même si je trouve le moyen de repartir… Le dilemme est trop dur. Je préfèrerais ne pas avoir le choix… En fait, j’aurais voulu ne jamais revenir ici. Puisque de toute façon, on ne sera jamais réunis, puisqu’il y aura toujours quelque chose pour nous séparer. - Je te comprends. - J’ai peur que Winry ne me comprenne pas aussi bien. Pour elle, c’est la grande nouvelle. J’ai l’impression qu’elle a arrêté de vivre depuis qu’on est partis. Elle ne fait que travailler, que construire des automails. Elle pourrait avoir des amis, un mari, peut-être même des enfants. Elle ne vit plus… Un court silence s’installa, suite à quoi Roy proposa : - Tu veux que je lui en parle ? Je peux essayer de lui expliquer. Elle m’écouterait, je pense. Edward réfléchit, les yeux perdus dans le vague. - D’accord, finit-il par répondre.
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| Tifet | Laisser vivre ou faire mourir | Aspirant du Zénith | | |
| Posté le 22-10-2007 à 15:52:14
| En effet, c'est un vrai dilemme cette histoire... Pas sure que Winry "veuille le laisser repartir"...
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| Talentyre | Cerveau vendu séparément | Guerrier de l'Etincelle | | |
| Posté le 05-11-2007 à 15:02:32
| 6 – Dispute Penché sur quelques feuilles de papier, Edward tenait d’une main sa tête, de l’autre un stylo. Il avait dressé en quelques mots reliés de flèches la liste des différents passages qu’il avait effectué à travers la Porte, l’élément déclencheur de ce passage ainsi que le prix payé. Au début, j’ai failli mourir… Al aussi. Il devait rester là-bas, et je l’ai tiré… Un bras et une jambe, un corps… Ensuite, quand je suis mort… Al m’a ramené avec le pouvoir de la pierre philosophale… Puis j’ai fait la même chose alors qu’il aurait du en mourir. « A chaque fois que tu es "mort" quelque part, tu as réussi à t’en sortir de l’autre côté. » Edward ruminait péniblement la phrase de Roy, comme une viande trop dure. La mort… Etait-ce là la clef ? Il fit basculer sa tête en arrière dans un soupir, prenant appui sur le mur derrière lui. De dehors, on entendait les premiers chants d’oiseaux ; le soleil se levait par la fenêtre et le café coulait dans la cuisine. Winry était descendue à l’ouverture de la boulangerie pour apporter quelques croissants et pains au chocolat. C’était dimanche et la ville s’éveillait. Le bruit de ses pas dans l’escalier annoncèrent le retour de la jeune femme ; elle posa sur la table le sac contenant les viennoiseries, puis sortit des tiroirs deux assiettes et deux tasses. Enfin, elle s’assit face à Edward ; ce dernier plia les feuilles de papier qu’il glissa dans sa poche. - Qu’est-ce que tu vas faire ? demanda Winry, après une minute silencieuse. - Comment ça ? - Eh bien… tu peux peut-être reprendre ton poste d’alchimiste d’état, chercher un appartement… Enfin, je ne veux pas te brusquer, hein, ça fait peu de temps que tu es rentré… Edward marqua un court silence ; il hésitait à être franc, appréhendant la réaction de son amie. Finalement, il déclara : - Winry… je ne vais pas te mentir, je n’ai pas l’intention de rester ici. Elle sembla se figer sur place, et il était pourtant visible qu’elle luttait pour ne rien laisser paraître. - Mais… - J’ai déjà pris ma décision. Je te suis très reconnaissant pour ce que tu as fait pour moi depuis que je suis arrivé, mais je dois repartir. - Tu dois repartir ? Edward hocha simplement la tête. Il n’avait pas envie de discuter, il ne voulait pas se disputer avec Winry. Il était fatigué, moralement à plat : c’était déjà assez difficile de lutter contre lui-même. Mais elle reprenait : - Bien… c’est agréable… On ne s’est pas vus pendant quatre ans, et ta seule envie est de repartir ? Tu m’as manqué, Edward ; il ne s’est pas passé une journée sans que je pense à toi et Alphonse, sans que je n’espère vous voir arriver, et le jour où ça se produit enfin, tu veux encore disparaître ? - « Le jour où ça se produit » ? répéta-t-il amèrement. Tu n’as pas comme l’impression qu’il manque quelqu’un dans le lot ? Winry déglutit lentement, des larmes mêlant tristesse et rage lui montant aux yeux. Elle répondit rien, il continua : - Tu crois vraiment que je ne voudrais pas qu’on soit tous réunis ? Tu crois que je ne pensais plus à toi, dans l’autre monde ? Tu crois que ça me fait plaisir d’être sans cesse obligé de choisir entre mon frère et ma meilleure amie ? Il s’était levé et avait haussé le ton. Ses mains tremblaient, son cœur battait à tout rompre. - Ca n’a rien à voir, là-bas, et pourtant on a réussi à recommencer, à entamer une nouvelle vie, à se faire une place, à trouver une cause, un pays à défendre. J’ai refait ma vie, accepte le enfin et fais en de même ! Le conflit semblait vain à chacun des interlocuteurs ; aucun d’entre eux n’avait tort ni raison, ce n’était qu’un déchirement sentimental qui s’exprimait par leurs paroles, malgré un désir enfoui en chacun d’eux de conserver leur amitié intacte. Ils ne voulaient pas se disputer. Et pourtant, ils étaient incapables de briser leurs fiertés, leurs orgueils, et l’un comme l’autre campaient sur leurs positions. - Je vais faire un tour, articula Edward en s’éloignant de la table, quittant l’appartement après avoir attrapé sa veste qu’il enfila en chemin. Dehors, l’air était frais, le soleil timide. Le jeune homme s’éloigna sans se retourner pour ne pas voir son amie qui, à la fenêtre, le regardait partir, il le savait. Il savait aussi qu’elle pleurait, partagée comme lui dans un flot de sentiments contradictoires, tiraillée de chaque côté de l’amour et de la haine. Il ne pleurait pas, lui, trop habitué maintenant, il était simplement énervé, il voulait juste un peu de paix, pouvoir s’endormir un soir sans se dire que demain, il faudra prendre une décision, faire un choix, encore. Comme il l’espérait, la maisonnée Mustang constitua un foyer d’accueil chaleureux ; en ouvrant la porte, Riza manifesta son agréable étonnement, et l’invita à rejoindre dans le salon Roy et – surprise –, leur enfant, âgé de moins d’un an, que le papa nourrissait alors au biberon. Il apprit rapidement que le petit garçon s’appelait Maes, hommage funèbre et légèrement morbide à son goût au vieil ami. Les présentations passées, il expliqua sa situation délicate. - Je n’ai vraiment pas envie de me disputer avec elle, mais elle ne veut pas m’écouter, terminait-il. Est-ce que tu pourrais… - Je vais la voir tout de suite, coupa Roy en se levant. Il fit quelques pas et prit son manteau. Edward interrogea : - Tout de suite ? - Bien sûr. - Mais… enfin, ça peut attendre quelques heures… je ne veux pas te déranger… - On ne fait pas attendre une femme, lança-t-il en disparaissant dans l’ombre du couloir. On entendit le bruit de la porte qui se ferme. Silence. - Vu que tu m’as piqué mon mari, Ed, je vais devoir exiger ta main d’œuvre à l’épluchage, prévint depuis la cuisine la voix de Riza. Le jeune homme se leva, rejoignit son hôte et se mit au travail, avec sur son visage un petit sourire, et dans son cœur une étincelle de réconfort. Il se sentait déjà un peu moins seul.
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| Tifet | Laisser vivre ou faire mourir | Aspirant du Zénith | | |
| Posté le 05-11-2007 à 15:16:22
| J'aime toujours autant !! ^___^
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| Posté le 30-11-2007 à 23:23:33
| 7 – Egoïsme « Toc toc toc » Un frisson parcourut l’échine de Winry. Elle lâcha le morceau d’armure intégrée sur lequel elle travaillait, posa son tournevis sur la table, et resta immobile un instant. Edward ? Elle voulait ouvrir la porte et lui sauter au cou, que chacun oublie leur différent. Elle voulait reprendre cette vie qu’ils menaient, enfants. « Toc toc toc » Hélas elle était consciente que dans le meilleur des cas, demain apporterait une autre dispute. La jeune femme se leva, jeta un œil hésitant par la fenêtre. Elle reconnut une autre silhouette que celle d’Edward, et, à la fois déçue et soulagée, descendit ouvrir. - Roy ! Ca va ? Qu’est-ce qui t’amène ? demanda-t-elle l’air de rien, mais l’autre n’était pas dupe. - Une âme en peine est venue toquer à ma porte, alors j’ai cru bon de venir m’assurer que tout allait bien. - C’est lui qui t’envoie ? Pas la peine de venir faire le messager… - Je viens de mon propre chef, et j’aimerai te parler un peu. Elle hésita un court instant, puis recula en ouvrant plus largement la porte : - Entre, soupira-t-elle. - Bien Winry, commença-t-il en fermant la porte derrière lui, tu as la journée pour faire tes bagages. - Pardon ? s’exclama l’autre. - Ordre militaire, tu es mutée dans une zone qui a réellement besoin de toi. - Qu’est-ce que… commença-t-elle, mais il ne la laissa pas aller au bout de sa question : - Tu vas du côté de l’ancienne Ishbal. Un laboratoire a été ouvert en plein désert et la ville est en reconstruction. Mais tant du côté des survivants que des militaires, il y a beaucoup de blessés qui ont besoin de nouveaux membres. Tu prends le train de huit heures demain matin, ton voyage est déjà prévu, ne t’inquiète pas. Winry voulait croire à une blague, mais le ton du général de brigade laissait entendre le contraire. Etait-il vraiment sérieux ? - Et ma boutique ? demanda Winry. Qui va s’en charger ? - Depuis le temps que tu es là, je crois bien que tous les manchots ou unijambistes de la ville ont profité de tes services. Et puis les boutiques d’automail, ce n’est pas ce qui manque ici. - Mes clients comptent sur moi ! Elle commençait à s’énerver, ne trouvait pas la plaisanterie drôle, d’autant plus qu’il semblait que ce n’en soit pas une. - Tu me demandes de tout laisser derrière moi après tout le mal que je me suis donnée pour m’intégrer ici ? C’est hors de question ! Roy marqua un court silence, satisfait : c’était la phrase qu’il attendait. - C’est pourtant ce que tu demandes à Edward, sans lui laisser le droit de refuser. La jeune femme se figea, comme pétrifiée. Et comme il continuait, elle se mit à trembler : - Edward a déjà tout perdu plusieurs fois : sa mère, son frère, son monde… Il n’a jamais abandonné sa quête de la pierre philosophale malgré toutes les horreurs qu’il a affronté, il s’est battu jusqu’au bout aux côtés d’Alphonse. Et quand la victoire semblait enfin de leur côté, ils se sont retrouvés piégés là-bas, dans un monde qui n’a rien du notre, sans connaître ni rien ni personne. Ils ont reconstruit leur vie sur des ruines de souvenirs, et maintenant tu voudrais tout détruire ? - Non, je… - Tu veux Edward, mais tu ne l’auras pas avec Alphonse. Ces deux-là ne sont pas faits pour vivre séparément : après tout ce qu’ils ont traversé, c’est comme s’ils ne faisaient qu’un. Séparés, ils finiront par mourir de tristesse, c’est ça que tu veux ? Winry pleurait à chaudes larmes, elle tremblait, n’arrivait pas à prononcer un mot. La rage montait en elle et son sang se mettait à bouillir dans ses veines, et elle se remettait à le haïr comme lorsqu’elle avait appris que c’était lui l’assassin de ses parents, et elle le haïssait davantage qu’elle savait, dans le fond, qu’il avait raison. D’un revers de manche, elle essuya ses larmes – ce qui n’empêcha pas les suivantes de continuer à couler en cascade – et soutint son regard, le visage crispé dans une grimace pleine de rage. - Non ! finit-elle par crier. Ed est ce qui compte le plus pour moi ! Je veux simplement reprendre une vie comme avant ! - De l’amour, hein ? Mais il est noyé dans l’égoïsme, ton amour. - C’est faux ! Je suis prête à tout pour ne plus les perdre ! - A tout ? répéta Roy calmement. Bien. Alors je sais ce qu’il te reste à faire. Winry le fixait, l’air interrogateur, tandis qu’il plongeait la main dans sa veste pour en tirer son revolver. Il lui tendit, crosse en avant : - Prends le, ordonna-t-il d’un air sévère. Elle hésita, puis saisit l’arme. - Tu veux retrouver tes deux amis d’enfance, c’est bien cela ? Fébrilement, elle hocha la tête. Il s’approcha d’elle, et elle aurait voulu s’enfuir en courant mais ses jambes trop lourdes refusaient de bouger, son corps tout entier ne lui obéissait plus ; elle ne fit pas un geste, n’opposa aucune résistance quand il lui saisit la main et plaqua l’extrémité du canon sur sa tempe. - Tu n’as qu’à faire le voyage avec Edward. La panique brillait dans le regard de Winry, coulait dans ses larmes, faisait trembler son corps tout entier. C’était comme si le temps s’était immobilisé, elle se sentait déjà morte, elle sentait déjà la balle traverser sa tête ; elle eu soudainement très froid, les joues trempées de larmes et le front trempé de sueur, et l’espace d’un instant le monde s’effaça autour d’elle, il n’y avait rien que ce revolver, ce revolver qui allait la tuer, et un œil qui la regardait, un œil calme et noir qui brillait, et dans cet œil elle se voyait morte, la main encore cramponnée sur la crosse. - NON ! Elle l’avait hurlé en même temps qu’elle jetait l’arme par terre avec toute la force qui lui restait. Jamais elle ne pourrait affronter la mort, jamais elle ne pourrait faire ce voyage, elle savait qu’elle serait encore seule dans sa faiblesse, qu’elle allait encore voir partir Edward sans pouvoir rien faire, et lui si courageux se tiendrait en face de son destin sans ciller. Il y eut un long silence. - C’est comme ça que tu regardais mes parents ? finit-elle par demander, haletante. L’œil du militaire changea du tout au tout ; il redevint humain, presque bienveillant, et il y brillaient quelques lueurs de compassion. Il ne répondit pas, se contenta de ramasser son revolver, de le ranger dans sa veste, et ouvrit la porte. Il se retourna une dernière fois, la regarda, brisée, qui tremblait, maintenant à genoux par terre. Winry avait plus que jamais besoin de réconfort, qu’on la prenne dans ses bras, qu’elle se sente en sécurité, comme lorsque, enfant, elle se blottissait contre ses parents. Roy fit un pas hors de la boutique et ferma la porte derrière lui. Il s’en voulait de la laisser ainsi, mais ce n’était pas à lui de la réconforter, alors qu’il venait de la détruire, ça ne rimerait à rien. Il se contenterait de son rôle de bourreau.
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| Tifet | Laisser vivre ou faire mourir | Aspirant du Zénith | | |
| Posté le 01-12-2007 à 15:58:19
| Whaou ! pas commode le Roy ^^" Mais Winry avait besoin de ça, c'est sur !
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| Talentyre | Cerveau vendu séparément | Guerrier de l'Etincelle | | |
| Posté le 18-12-2007 à 19:39:32
| 8 – Des larmes Roy hésita un moment avant de franchir le pas de la porte. Débarquer comme ça pour annoncer le plus naturellement du monde qu’il venait de laisser Winry au fin fond du désespoir, alors qu’Edward lui avait simplement demandé de lui expliquer la situation de son point de vue, ne lui semblait pas forcément le plus facile à exprimer. A l’intérieur de lui bouillonnait une nouvelle rage, qu’il se portait à lui-même, une rage terrible qui le brûlait comme pour punir ce manque d’humanité. Des remords ? Quelque chose comme ça, pensait-il. Mais attendre devant la porte close ne ferait pas avancer les choses. Il glissa la clef dans la serrure et la fit tourner. Un vague silence dans la maison, l’écho de rires sincères et nostalgiques ; Ed et Riza finissaient de mettre la table. Il allait être onze heures. Quand ils le virent arriver, ils levèrent tous les deux des yeux pleins d’interrogations. - Edward, commença Roy, tu devrais… tu devrais la retrouver. Elle était sonnée quand je suis parti. - Que… Comment ça « sonnée » ? - Tu sais aussi bien que moi que certaines vérités sont aussi difficiles à entendre qu’à dire. Edward, prêt à bondir une seconde plus tôt, se ravisa. Ca n’aurait servi à rien de s’énerver. Il valait mieux aller voir de ses propres yeux ce que Roy entendait par « sonnée ». - Je… Je vais la voir. Je vous rappelle plus tard. Merci pour l’accueil. Edward saisit sa veste du portemanteau, l’enfila, puis après un dernier signe de la main, quitta la résidence. Il entama son parcours d’un pas rapide, qui prit bientôt des allures de courses, pour finir en véritable sprint. Les rues défilaient sous ses yeux, le vent froid fouettait son visage et il manquait à chaque pas de trébucher, de se cogner contre un banc, un poteau, un passant. C’est le cœur battant, le souffle court, et une larme au coin de chaque œil qu’il se retrouva en face de la porte de l’atelier. Il ne savait pas vraiment à quoi s’attendre tandis qu’il frappait de grands coups à la porte, appelait le nom de son amie. Quand elle s’ouvrit enfin sur la jeune fille, l’adrénaline plein les veines que son cœur pompait à toute allure, il se figea, à la fois rassuré de la retrouver entière, à la fois inquiet de savoir que cette unité n’était qu’apparente. Il voulut la prendre dans ses bras, amorça un geste puis se ravisa, et, toujours sur le pas de la porte, demanda, souriant faiblement : - Est-ce que… ça va ? Après deux ou trois secondes de silence, elle répondit simplement : - Ca va. Pourtant il le savait bien que ça n’allait pas, qui aurait pu croire que ça allait avec ce qu’elle avait dans son regard ? Et il se trouvait bien bête d’avoir posé la question, mais c’était la seule qui était venue, la seule qui avait pu franchir ses lèvres alors que toutes les autres étaient restées bloquées dans une cage de perplexité. Ce n’était pas comme s’il y avait encore quelque chose à faire, quelque chose à dire, et l’un comme l’autre auraient voulu sortir de ce mauvais rêve, se réveiller pour reprendre le quotidien. Cela faisait bien cinq minutes qu’ils étaient face à face sans mot dire, et Winry finit par reculer, ouvrir un peu plus la porte, et si elle ne prononça pas un mot, Edward comprit bien qu’elle lui proposait d’entrer. Il fit un pas en avant, ferma derrière lui. - Tu veux boire quelque chose ? Le cœur d’Edward se pinça ; la voix de la jeune fille était calme, résignée, triste. - Un petit café, répondit-il en montant l’escalier, sur ses pas. Il l’observa préparer la boisson, ses yeux encore un peu rougis mais maintenant secs, ce quelque chose d’inexplicable qui émanait d’elle, il la voyait comme il ne l’avait encore jamais vue, tenace, adulte, incroyablement courageuse. Puis elle s’assit en face de lui, déposant sur la table la tasse de café avec un sourire amer, et cette fois-ci c’était lui qui voulait pleurer, qui voulait fondre en larmes comme ça n’avait pas été le cas depuis si longtemps, et évacuer d’un coup tout ce qui le rongeait de l’intérieur. - Ed… Je m’excuse pour tout à l’heure. Tu es libre de retourner là-bas si tu veux. Tu veux bien… rester avec moi jusqu’à ton départ ? D’une voix douce emprunte de tristesse, Winry venait de briser le dernier barrage. Edward hocha fébrilement la tête ; il pleurait.
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| Tifet | Laisser vivre ou faire mourir | Aspirant du Zénith | | |
| Posté le 19-12-2007 à 12:11:13
| C'est toujours aussi bien Tal !!
-------------------- Une fleur a poussé dans le désert, un lotus qui s'épanouit sortant de l'eau primordiale...Si on la laisse s'ouvrir deviendra-t-elle un soleil ? |
| Lovie | Portesprit Grondant | | |
| Posté le 22-12-2007 à 22:07:32
| pfffiou je rattrappe mon retard!! chapitre 5 en vue..... c'est TROP bien!!!!! j'adore cette suite!!!!
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| Talentyre | Cerveau vendu séparément | Guerrier de l'Etincelle | | |
| Posté le 03-02-2008 à 19:38:01
| 9 – Ce qui nous pousse De la boue, de la neige et du verglas, c’était le paysage local qui s’étendait à des kilomètres à la ronde, au dessus même des champs de barbelés. Il arrivait parfois qu’une mine éclate, soulevant encore de cette vase glacée, cette neige beigeâtre, dans son souffle ravageur, et elle se teintait du sang de ses nouvelles victimes. Dans les longs couloirs de terre, de ces soldats qui s’entassaient, il n’y en avait pas un dont les mains ne souffraient de gelures, d’entailles au bout des doigts, de peau craquelée, sous des gants rapiécés, et ils en serraient leurs armes, seules amies de confiance dans ce monde de guerre. - Alphonse… Alphonse, viens manger quelque chose. C’était Lukas, ce jeune soldat que les frères Elric avaient rassuré lorsqu’il avait rejoint leur unité. Il avait pris de l’assurance et dix ans d’âge d’un seul et même coup, avec ses joues creusées, ses cernes, sa barbe de deux semaines, noire et drue, et ses cheveux sales. Et comme Alphonse s’était occupé de lui plus tôt, il s’inquiétait en retour de son état, de son attitude grave depuis que son frère était dans le coma. Mais Alphonse ne semblait pas se soucier de cette attention. Il avait démonté son fusil et en trafiquait le canon, il améliorait son arme comme un enfant joue au lego ; c’était ce qu’il avait vu à travers la Porte, des connaissances et du savoir, et tout était imprégné en lui, il n’avait qu’à se concentrer sur son travail et alors il savait quoi faire. - Faut que tu manges un peu, tu vas finir par t’écrouler. - J’te donne ma part. Lukas n’eut pas le temps de protester que des cris résonnèrent, ainsi que de premiers coups de feu : on lançait une alerte. Alphonse remit en place la dernière place de son fusil et se releva. Il se plaça à un poste de tir ; au niveau du sol, partiellement protégé par des sacs de sable, autant que par la brume épaisse dans l’air ; lui distinguait sans trop de mal les silhouettes ennemies qui approchaient. Il cibla un groupe, tira ; lorsque la balle partit, le fusil cogna contre son épaule, l’impact du recul le repoussa en arrière si fort qu’il failli tomber à la renverse, ses pieds creusant la neige, et bientôt le groupe d’assaillant vola en éclats, comme si chacun d’entre eux avait marché sur une mine. Il tira encore une, deux, puis trois balles, atteignant toujours sa cible, encaissant chaque fois sans broncher le nouveau recul de l’arme, plus puissant qu’avant, qui frappait violemment son épaule. Mais à ce moment là, il ne portait pas grande attention à son corps, tout ce qu’il voulait, c’était faire plus de morts encore de l’autre côté, non pas pour le massacre en lui-même, qui à force de dégoût le rendait plus froid chaque jour, mais pour finir cette guerre au plus vite, quitte à y laisser sa propre vie. Il s’était promis d’y mettre un terme, pensant sans cesse à Edward. Suite aux mouvements de groupes, la division d’Alphonse s’était peu à peu éloignée de l’hôpital où ils le gardaient en vie, et s’il n’avait plus eu l’occasion de rendre visite à son frère, un rapport hebdomadaire informait les soldats de l’état des patients. Le coma prolongé l’inquiétait et le rassurait à la fois : Ed était en vie, mais pour combien de temps encore ? Il s’était mis à réfléchir, lui aussi, à se demander, vu leurs précédents voyages entre les deux mondes, s’il n’était pas possible que l’esprit de son frère soit resté bloqué quelque part comme le fut autrefois son corps, s’il n’était pas possible d’aller le chercher. Ils avaient détruit le passage, mais était-ce réellement le seul ? Ne restait-il pas une Porte ? Quelque chose le tira violemment de ses pensées tandis qu’il visait de nouvelles cibles. Une vive douleur. La chaleur humide, l’odeur du sang. - Edward ! Edward ! L’appelé ouvrit les yeux d’un coup, et fut soudainement pris de panique. Il était dans le noir total, n’avait contact avec rien de matériel, comme s’il flottait dans le vide, et il lui avait semblé entendre résonner la voix du plus profond de ses entrailles. - Ed ! Cette voix. Il se retourna, chercha du regard, à droite, à gauche, derrière, en haut, en bas ; rien. Il connaissait bien cette voix et ne comprenait pas : comment pouvait-il l’entendre ? C’est alors qu’il apparut. Faiblement, d’une lueur blanchâtre comme le fantôme de sa silhouette. Alphonse. Mais le jeune Alphonse. Le jeune Alphonse qui s’était fait avaler par la porte. Edward voulut l’appeler, tenta d’articuler quelques mots, mais sa voix resta coincée dans sa gorge. L’autre se mit à parler, d’une voix précipitée, inquiète. - Edward, écoute moi bien, je n’ai pas beaucoup de temps. Tu dois revenir avant qu’il ne soit trop tard. Quand tu es mort là-bas, tu as fait le voyage. Tant que ton corps est en vie dans l’autre monde, tu peux revenir. Mais ils vont te débrancher. Tu ne pourras plus revenir. Alphonse va mourir. Reviens vite, tant qu’il en est encore temps. S’il te plaît. L’image disparut comme un hologramme. Edward se sentait toujours flotter dans le vide. Il resta interdit un instant. Il n’y avait rien nulle part, mais c’était comme si l’atmosphère, comme si ce décor pourtant inexistant se mettait soudainement à fondre. Et d’un coup, comme si quelque chose l’attirait, il se sentit tomber de tout son poids. Edward ouvrit les yeux d’un coup. Dans son lit, trempé de sueur, il repoussa brusquement sa couverture, s’assit sur le bord du lit. Un rêve ? Il se leva, fit quelques pas, entrouvrit les rideaux. Dehors, la ville dormait encore dans un même souffle silencieux. Il resta un instant à contempler, derrière la fenêtre, le pâle croissant de lune qui se dessinait dans l’obscur ciel nocturne. Mais il ne le voyait pas vraiment. Dans cette lune, il ne voyait qu’Alphonse. Alphonse, ce rêve… Y avait-il seulement un sens derrière tout cela ? De toute façon, il ne pouvait plus rester à rien faire. Puisque ses recherches et réflexions ne l’avaient menées nulle part, il pouvait encore se fier à son plus fidèle guide : son instinct. Et son instinct lui disait que ce rêve n’avait rien d’imaginaire, que c’était vraiment Alphonse, ou du moins une partie de son âme, qui était venue le prévenir. C’était grâce à son petit frère qu’il avait toujours trouvé la force d’aller plus loin. Il ne se sentait pas exister sans lui. Alors tant pis s’il se trompait, tant pis si aucun retour n’était prévu au voyage. Le plus dur serait de dire adieu à Winry.
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| Lovie | Portesprit Grondant | | |
| Posté le 03-02-2008 à 19:49:20
| *_* j'adore toujours autant
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| Tifet | Laisser vivre ou faire mourir | Aspirant du Zénith | | |
| Posté le 03-02-2008 à 21:43:23
| Moi aussi *_*
-------------------- Une fleur a poussé dans le désert, un lotus qui s'épanouit sortant de l'eau primordiale...Si on la laisse s'ouvrir deviendra-t-elle un soleil ? |
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