| | | | | | | | Tifet | | Laisser vivre ou faire mourir | | Aspirant du Zénith |  |  |
|  Posté le 08-07-2007 à 18:21:36    
| et Sanglants Jours...
Ne me demandez pas pourquoi ce titre ^^
Allez hop je me lance ! Bon j'écris beaucoup mais je finis peu mes histoires... Oui ça pose problème ^^ P'être qu'avec des lecteurs ça m'encouragera...
Bonne lecture (du moins je l'espère !!)
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1- Prologue
« Je vais être en retard… »
La jeune fille courrait dans les longs couloirs du palais. Ses petites chaussures claquaient le sol de marbre. Elle ralentit quand elle surprit Tonor l’intendant et s’arrêta à quelques pas de lui essoufflée.
« Rhia ! Combien de fois devrait-je te dire de ne pas courir ?
- Je suis désolée, Intendant… J’ai aidé ma mère et…
- Il est occupé… Il reçoit quelqu’un donc tu n’es pas obligée de te dépêcher autant.
- Bien… Merci Intendant pour votre compréhension…
- Bon… Je suis bien trop gentil avec toi, tu le sais… Si tu n’avais pas ce poste, ce ne serait pas pareil…
- Je vous promet de faire des efforts.
- Combien de fois m’as-tu dit cela ? »
Penaude, elle regarda ses pieds. Voyant l’état désarmé de la jeune fille, le vieil homme ne put s’empêcher de rire. Sa voix était grave et son rire pouvait parfois ressembler à une vilaine toux, mais cette fois-ci, ce fut de si bon cœur qu’il riait que sa voix avait pris cette note joyeuse que peu lui connaissaient. Il avait vu grandir cette enfant, et elle lui rappelait tant sa propre fille partie depuis longtemps déjà qu’il était toujours plus doux avec elle qu’avec le reste du personnel.
Un sourire illumina le visage de la jeune Rhia quand elle entendit l’homme rire. Malgré la carapace d’autorité qu’il s’était forgé au fil des années à ce poste, il lui arrivait encore de se montrer humain. L’Intendant était chargé du bon fonctionnement du palais ; dans les moindres détails, il devait intervenir et donner ses ordres. Tout le monde suivait ses instructions à la lettre, et il n’avait jamais eu vraiment à se plaindre des employés qu’il avait sous ses ordres. Après tout, tous étaient de cette maison de leur naissance à leur mort. Tout le personnel vivait à vie dans l’enceinte du palais, dans une aile réservée pour eux ; ils y avaient leur famille, et leurs enfants se préparaient dès leur plus jeune age à prendre la relève de leurs parents. Tout marchait si bien, tout était réglé comme une horloge et tous respectaient les règles.
« Allez ! Je ne te retiens pas plus… Je ne sais pas combien de temps il sera pris… »
Il observa la jeune fille s’éloigner. Il croisa les mains dans son dos, la regarda un instant marcher gracieuse et légère, puis il retourna à ses obligations.
Elle gardait toujours le sourire.
Tonor savait que c’était un honneur qu’on avait fait à cette enfant, mais il ne lui enviait pas sa place comme beaucoup d’autres… Ils croyaient tous que c’était facile… Mais cela demandait une disponibilité à toute épreuve, une tenue exemplaire, de la retenue à chaque instant… et il fallait surtout savoir tenir sa langue. Or beaucoup ici l’avaient bien pendu…Rhia non. Elle était d’une sagesse exceptionnelle et ne comportait jamais le moindre bruit sur quiconque comme c’était de coutume ici…
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Une fleur a poussé dans le désert, un lotus qui s'épanouit sortant de l'eau primordiale...Si on la laisse s'ouvrir deviendra-t-elle un soleil ?
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| | Lovie | | Portesprit Grondant |  |  |
| Posté le 08-07-2007 à 19:33:40
| c'est magnifiquement bien écrit!!! un vrai régal!!
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| | zuto | | Niark Niark ! | | Aspirant du Crépuscule |  |  |
| Posté le 08-07-2007 à 20:18:05
| Je suis bien d'accord! Très bein écrit, donc très agréable... vivement qu'il se passe quelque chose !^^
Et bon courage à toi pour écrire la suite! C'est bien partit!
(Bon jusqu'ici j'avais la flemme de m'interresser aux Fanfic déjà commencées, alors peut être que si j'en lit une dès son commencement...)
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Personnage : Félia |
| | Tifet | | Laisser vivre ou faire mourir | | Aspirant du Zénith | | |
| Posté le 24-07-2007 à 12:42:38
| Merci ! ^^
Voici la suite !!
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2-
La conservation était houleuse à l’intérieur. Elle se plaqua le dos contre le mur et attendit.
Elle ne put s’empêcher d’écouter, les voix portaient toutes seules.
« Et pourquoi pas ? ! Qui est-ce qui décide encore ici ?
- Vous Maître mais… Votre Père…
- Rien à faire ! Cela ne regarde que moi ! Pourquoi se mêle-t-il de mes affaires maintenant ? Il aura du réfléchir à cela bien plus tôt !
- Vous n’êtes certes plus un enfant Maître et c’est vous qui décidez dans cette maison, mais cette fille… Elle ne donne pas de vous une bonne image Majesté.
- Qui es-tu pour juger de ça ? ! Non, mais je crois rêver !
- Je ne fais que répéter les paroles de Votre Père…
- Mais tu n’en penses pas moins ! Dis-moi la vérité… En quoi une servante pourrait-elle ternir mon image ?
- Vous êtes fiancé et…
- Ce n’est que ça ! Ne crois pas que mes oreilles soient bouchées Titus… Ma promise reçoit tous les hommes du palais dans sa couche. Et nous ne sommes pas encore mariés. Quand nous le serons et qu’elle m’annoncera qu’elle est enceinte, il y aura une chance sur dix pour que le petit soit de moi. Je ne suis pas dupe de ses jeux mon ami… Je suis juste blasé de son comportement. Mais comme ce n’est pas moi qui l’ai choisi, je n’ai pas à me plaindre de ses agissements. Elle batifole de droite et de gauche, et tout le monde le sait. Sais-tu que les cuisines grouillent de toutes les informations les plus croustillantes sur ses aventures ? Il paraît même que quelques femmes ont eu le plaisir d’être ses maîtresses. Et pauvre de moi, je ne peux pas encore la toucher !
- Mais Maître…
- Cette femme m’exaspère mais je ne peux rien faire contre. Dans quelques mois, nous serons officiellement époux mais je crains qu’elle ne change pas… Je ne pourrais même pas imaginer une seconde faire la même chose qu’elle… Alors ma servante je la garde ! Je ne l’ai jamais touchée, et ce n’est pas demain la veille que ça arrivera !
- Elle est maintenant une femme Maître et elle est très belle…
- Et alors ? Je suis fiancé à une nympho, mais je suis fiancé… J’ai des principes que m’ont inculqué mes chers parents, et je m’y tiens ! Moi ! Pas comme cette traînée ! Tu vois où tu me mènes ! J’ai horreur de m’énerver Titus ! Mais à chaque fois que je parle de cette femme, je ne peux m’empêcher de la maudire d’être venue au monde ainsi… Bon… Si tu as abordé tous les sujets que tu attendais… Tu peux prendre congés…
- Maître, quelle réponse dois-je porter à Votre Père ?
- J’irais moi même lui en faire part… Et je lui conseillerais d’aller faire un tour aux cuisines aux alentours de midi pour que ses oreilles se débouchent… Peut-être que son nom sera même cité… »
Titus le Conseiller s’inclina et se retira, laissant le jeune prince seul. Celui-ci s’assit sur le bord de son lit et se prit la tête entre les mains.
« Tu peux rentrer Rhia… »
La jeune servante s’exécuta la tête basse. Il n’avait pas relevé la tête à son entrée
« Que désirez-vous Maître pour votre repas ce midi ?
- Rien ! Cet affreux m’a coupé tout appétit pour la journée… Je suis désolé que tu ais assisté à cette discussion…
- Je ne voulais pas entendre, mais…
- Ne crains pas pour ton poste… Tu restes ma servante attitrée. Tu es trop douce pour travailler ailleurs, et tu m’apaises quand je ne vais pas bien.
- Ne dites pas ça Prince…
- Pourquoi ma future épouse n’est pas comme toi ? Pourquoi m’ont-ils choisi cette chienne ? Toi aussi, tu sais ce qu’il se dit sur elle… Tu sais que c’est juste…
- Oui… Mais tous ces bruits ne m’intéressent pas !
- Je sais. C’est pour ça que tu es une fille bien. Les gens d’ici se sont trop habitués à cet endroit, ils se croient chez eux et ils règnent vraiment en maîtres sur le palais… Ils ont les informations, donc ils ont du pouvoir. Sais-tu que certains ont de l’argent bien caché qu’ils réservent pour leurs enfants, et que cet argent est le prix payé pour leur silence par des Grands ? Cela me dégoûte… Mais même quand je serais roi, je ne pourrais rien faire… Ils sont utiles. Vous êtes tous précieux…. Comment tournerait le royaume si le roi devait lui même laver ses affaires ? Si la reine devait faire à manger pour ses enfants et son mari ? Si chacun des Nobles qui vivent ici devaient partir à la chasse pour manger le soir ? Je suis fatigué Rhia. Fermes les rideaux, je vais me recoucher…
- Bien Prince. »
Elle s’avança vers lui et s’accroupit à ses pieds. Elle lui retira ses bottes qu’elle posa au pied du lit. Pendant qu’il s’allongeait sur le dos, la tête sur ses mains croisées, elle alla tirer un par un les lourds rideaux de toile qu’elle avait ouvert quelques heures plus tôt alors que le jour se levait à peine… comme il aimait pour pouvoir observer la vie s’éveiller. Ils étaient tous deux parmi ceux qui se levaient les premiers de la journée avec les boulangers qui s’activaient en fin de nuit.
« Avez-vous besoin d’autre chose Prince ? » demanda-t-elle d’une petite voix avant de s’éclipser. Ne lui répondit que le léger souffle du dormeur.
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Une fleur a poussé dans le désert, un lotus qui s'épanouit sortant de l'eau primordiale...Si on la laisse s'ouvrir deviendra-t-elle un soleil ?
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| | Lovie | | Portesprit Grondant | | |
| Posté le 24-07-2007 à 13:07:23
| j'adore, j'attends la suite avec impatience
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| | Tifet | | Laisser vivre ou faire mourir | | Aspirant du Zénith | | |
| Posté le 29-07-2007 à 11:29:59
| Mes chapitres sont longs donc c'est encore le chapitre 1 ^^
Bonne lecture !
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Elle n’aimait pas le voir comme ça son Prince. S’il partait se coucher ainsi c’est que quelque chose le tracassait. Et cela ne pouvait juste être ce qu’elle avait entendu… Titus avait du lui apprendre autre chose avant qu’elle n’arrive…
Elle porta sa main à sa bouche et comme à chaque fois qu’elle se faisait du soucis, ses ongles en faisaient les frais.
Elle retournait doucement vers ses appartements… Mais quand une légère brise la frôla au détour d’un couloir, elle changea d’avis et partit vers les jardins. Ceux-ci étaient vastes et regorgeaient de variétés d’arbres, de buissons et de fleurs. Elle ne connaissait le nom d’aucune espèce mais elle prenait toujours plaisir pendant ses moments de tranquillité à venir les admirer une par une. Elle traînait les pieds, soulevant le léger sable qui recouvrait les allées. Elle s’amusait à suivre du regard les oiseaux qui traversaient le ciel, à attirer sur sa paume un papillon aux couleurs vives, à simplement marcher, regarder et sentir. Elle se sentait seule au monde au milieu de cette nature, même si elle savait que près de là, les gens s’activaient sans cesse, parlaient à grands cris et frappaient le sol de leurs pas.
Il y avait ce petit lac artificiel au milieu du parc. Il avait nécessité des années de travaux sous le règne du Grand-Père du Prince. On racontait avec pleines romances et magies que ce galant homme, encore jeune prince, l’avait fait surgir de terre pour celle qui lui était destinée, mais qu’il ne connaissait alors que par ses songes. Quand il fut assez grand pour se marier, il la rencontra enfin, et elle fut séduite de suite par la prestance qui se dégageait de ce jeune prince. Et quand elle vit le magnifique cadeau qu’il lui avait construit avant même de savoir son nom, elle lui tomba dans les bras et les enfants qu’elle lui donna furent les beaux bébés jamais vus dans ce palais, car nés d’un véritable amour… Rhia aimait cette histoire mais doutait fort qu’elle soit vrai. Tout le monde savait bien que l’amour véritable n’est pas une chose possible… Encore moins pour les rois.
Elle avait grimpé sur ce gros peuplier qu’elle appelait tendrement et en secret « son arbre ». Elle avait une belle vue sur le lac en dessous. Elle balançait sa jambe dans le vide, et observait le ciel bleu à travers le feuillage. Un peu au dessus d’elle, un couple d’oiseaux avait fait son nid, et pendant que l’un était parti chercher à manger, l’autre couvait les œufs. Elle n’était pas instruite et ne savait donc pas ce que c’étaient comme oiseaux, mais pour elle cela n’avait pas d’importance.
« Arrêtez ! On pourrait nous voir…
- Votre réputation vous précède déjà ma Chère…
- Ce n’est pas une raison… Non pas là… Je suis très chatouilleuse, vous le savez bien… »
Rhia avait reconnu sans peine la voix douce de la Princesse Ortance. Elle trouvait que c’était une belle femme, et qu’elle avait réellement l’élégance et la tenue d’une future reine. Elle bouclait ses cheveux bruns auxquels elle accrochait des plumes blanches. Ses toilettes étaient toutes pales et immaculées, et son visage portait peu de maquillage. Elle avait la taille fine, une peau blanche, belle comme celle d’un bébé. Sa poitrine était généreuse sans trop, et elle ne la perdrait pas en faisant allaiter ses futurs enfants, puisque des nourrices s’en chargeront pour elle. Elle portait des boucles d’oreilles en argent de tailles diverses suivant son humeur, et toujours ce fin bracelet gage de ses fiançailles avec le Prince.
La deuxième voix ne disait rien à la jeune fille. Elle ne pouvait pas voir non plus à qui elle appartenait. Et comme elle ne tenait pas à se faire remarquer, elle ne bougea plus en espérant que les deux amants passeraient leur chemin rapidement.
« Posons-nous donc un peu, vous voulez bien… Ce parc est trop grand et mes pieds me font mal… Je suis sure que vous aviez prévu tout cela depuis le début…
- N’est-ce pas un cadre très romantique ?
- J’en conviens… Et malgré mes chaussures qui me font souffrir, je me sens de très bonne humeur…
- Laissez-moi vous débarrasser Très Chère de ces souliers… Que vos magnifiques pieds blancs soient soulagés… »
Elle se mit à rire, en gloussant un peu. L’homme la rejoint vite avec de grands éclats de voix.
« Pourquoi a-t-il fallu qu’ils soient là ? Je ne peux même pas descendre… » maudit entre ses dents la jeune fille désespérée.
Quand les cris des deux amants se firent plus forts, elle ferma fort ses yeux et cala ses mains contre ses oreilles. Le son passait toujours et elle eut envie de vomir. Les gloussements de la Princesse ressemblaient à travers ses oreilles bouchées à ceux d’une dinde qu’on égorgeait et les cris que poussait l’homme à ceux d’un porc. Réalisant cela, elle dut se retenir de rire…
Une demi-heure plus tard, elle attendait encore perchée sur sa branche. Ils étaient partis depuis un petit moment, mais elle préférait attendre…
« Pas trop quand même qu’elle ne revienne pas avec un autre… » Elle avait comme tout le monde ici entendu parler de l’appétit sexuel insatiable de la future reine, mais elle n’irait pas leur raconter ce qu’elle avait entendu aujourd’hui… C’était très embarrassant… Et malgré ce qu’ils pourraient dire, cela ne les regardait aucunement.
Elle se décida quand sa sandale glissant de son pied se retrouva quelques mètres plus bas. Elle la ramassa, épousseta sa robe bleue, rajusta sa ceinture grise et retira de ses cheveux noirs quelques brindilles et feuilles. Il était temps de retourner voir le Prince. Elle n’aurait pas du s’éloigner autant, s’il avait besoin de quoi que ce soit, elle se devait d’être à ses côtés.
Il ne l’avait jamais grondée. Pourtant ce n’étaient pas les maladresses qui manquaient pour. Elle se souvenait surtout de la fois où alors qu’il était alité, elle avait renversé la soupe chaude sur le lit et lui avec. Il n’avait pas été vraiment brûlé, mais cela lui avait fait un sacré coup de chaud. Il avait juste ri ; il avait attrapé un bord du drap trempé alors qu’elle changeait toute la literie, l’avait reniflé suspicieux et avait déclaré : « Je crois que je ne l’aurais pas mangé de toute manière, cette soupe. Elle a une mauvaise odeur… Rapporte-la leur tel quel et dis-leur que j’en voudrais une qui sente meilleur. » Elle ne savait pas où se cacher pour sa faute, et il avait plaisanté. La tête baissée comme toujours, elle avait timidement souri puis était sortie…
C’était un bon Maître…
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Une fleur a poussé dans le désert, un lotus qui s'épanouit sortant de l'eau primordiale...Si on la laisse s'ouvrir deviendra-t-elle un soleil ?
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| | Tifet | | Laisser vivre ou faire mourir | | Aspirant du Zénith | | |
| Posté le 05-09-2007 à 11:31:54
| Voici la suite...
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Quand elle pénétra dans la grande chambre, elle était encore plongée dans le noir. Mais elle devina sa présence auprès d’un des rideaux. Il se tenait debout les bras croisés, la tête ailleurs.
« Tu sais, je peux les ouvrir moi même ces foutus rideaux mais bon… Aujourd’hui le noir ne me dérange pas… »
Elle mourrait d’envie de lui demander ce qui le tracassait tant mais elle se retenait toujours de lui poser des questions.
« As-tu vu ma promise aujourd’hui ? Ou as-tu entendu quelque bruit nouveau sur elle ?
- Pourquoi me demandez-vous ça Prince ? Je croyais que cette femme vous énervait…
- Tu n’as pas tort… Je suis curieux, c’est tout. Je m’ennuie aussi, je dois l’avouer… Plein de gens m’attendent, mais je ne suis pas en forme aujourd’hui pour les voir se pavaner devant moi et mon père en espérant nous impressionner… Personne ne m’a encore impressionné, et pourtant ils usent de tous les stratagèmes pour y arriver. N’as-tu pas une idée pour me changer les idées ?
- Je ne sais pas Prince… Ne voulez-vous pas partir à cheval vous promener ?
- Pas aujourd’hui… Je voudrais ne pas quitter cette pièce. Ne voir personne..
- Je vais vous laisser alors…
- Reste ! Toi, je veux te voir… Te souviens-tu du jour où l’on s’est rencontré ? On était encore jeune… J’avais sept ans et toi…
- Six, Prince.
- Tant d’années sont passées… Mais elles ne m’ont rien apporté de bien intéressant…
- Ne dites pas ça…
- Désolé ! Tu vas devoir supporter ma petite dépression aujourd’hui… J’ai l’impression d’être blasé de tout… Est-ce grave à 17 ans de se sentir ainsi ? Dans deux mois, je me marie, mais je n’en éprouve aucune joie. Je ne l’aime pas, je la déteste même. Elle est belle, c’est sur, mais elle n’a rien pour qu’on l’aime. Sais-tu ce que Titus m’a annoncé ce matin ?
- Non Prince…
- Plusieurs choses… Des messages de mon Père… Mon frère est mort Rhia… Timb est mort dans la nuit… Il était parti en mission, je ne sais même pas où. Il est revenu au milieu de la nuit, une flèche dans le dos, une autre dans la jambe et des entailles sur tout le corps… Il est mort… 15 ans ? Est-ce un age pour mourir ainsi ? Est-ce simplement un age pour mourir ? Et Titus a enchaîné comme si la nouvelle ne devait pas me toucher… Il m’a parlé des raids qui touchaient la population au nord et de la volonté de mon Père de m’y envoyer après mon mariage… Après mon mariage ! Te rends-tu compte du nombre de gens qui seront peut-être morts d’ici là ? Puis il m’a annoncé que tu ne devais plus être à mon service parce que je me dois d’être un jeune homme respectable… Mais ça je sais que tu l’as entendu… Je suis fatigué d’être cet homme-là Rhia…Ce prince qui entend mais qui ne doit rien ressentir… Mon frère…Je n’arrive pas à me faire à l’idée que je ne le reverrais plus jamais jouer avec mon ballon dans la grande Salle, rire à table avec toutes ces filles à ses côtés, faire son sérieux en face de Notre Père mais éclater de rire dès qu’il a le dos tourné… Comme peut-on être insensible au point de ne pas pleurer la mort de son fils ? Rhia as-tu la réponse à cette question ? Est-ce ça devenir roi ? Mettre de côté ses sentiments ? Vivre au dessus des autres, au dessus de tout ? Même un berger agit au péril de sa vie lorsque ses brebis sont attaqués par le loup… Je ne comprends pas mon père…, ma mère… Je ne comprends pas ces gens… J’ai l’impression de ne pas faire parti du même monde qu’eux ! »
Il s’accrocha au rideau et le déchira d’un coup sec. Le morceau de tissu retomba à ses pieds. Il posa ses deux paumes sur la vitre et baissa la tête…
Il se présentait à contre-jour à la jeune fille. Il lui sembla si triste et désarmé qu’elle avait envie de s’approcher et de le réconforter… Mais ce n’était pas sa place… La servante reste la servante ; elle est une confidente mais pas une amie…
Elle serra ses mains sur sa poitrine et ferma les yeux. Un Prince était mort aujourd’hui et personne n’avait rien fait pour lui… Personne n’était au courant, ce n’était pourtant pas une nouvelle que l’on pouvait délibérément ignorer. Ses lèvres remuèrent en silence. Elle se récitait la seule prière qu’elle connaissait : « Bénis soient les Dieux Grands qui veuillent sur nous… Bénis soient ceux qui les rejoignent… Bénis soyons-nous qui irons avec eux un jour… Bénis soient les Dieux Grands dans le Ciel Eternel, Seigneurs et Dames d’un Autre Temps. Temps où l’Amour existait, où les Hommes étaient toujours heureux… Bénis soit ce Temps Merveilleux qui les accueille là-haut… Bénis soient les Morts, Bénis soient les Vivants qui seront morts demain… »
Elle ne comprenait pas pourquoi on appelait cela une prière. Elle la trouvait bien triste et pessimiste, mais pour le Prince parti, elle allait très bien.
Quand elle releva la tête, il n’était plus à la fenêtre, mais devant elle. Ses joues rosirent car elle avait aperçu son visage en contre-jour. Elle rebaissa vivement la tête.
« Ouvres les fenêtres et les rideaux… Cette pièce a besoin de respirer… et moi avec. Je vais aussi prendre un bain, j’ai fait des cauchemars pendant mon sommeil.
- Je vais faire chauffer l’eau…
- Tu es vraiment très patiente Rhia… Je ne suis pas le meilleur des Maîtres à larmoyer ainsi devant ma servante… Mais je te remercie quand même… »
Elle ne lui répondit pas… Que répondre à cela ? C’était son travail… Elle l’aimait beaucoup et elle ne trouvait pas que ce soit déplacé pour un Maître ou un Prince d’être humain.
Elle dégagea la planche de bois qui recouvrait la baignoire de marbre froid installée dans le sol. Elle se rendit dans la pièce voisine où elle alluma un feu dans le foyer. Elle sortit tirer de l’eau au puits de l’arrière cour pas loin de la chambre. Et pendant que l’eau chauffait, elle ouvrit en grand les rideaux en les tapant fort pour en dégager un peu de poussière, puis les larges fenêtres. Le soleil inonda la grande pièce, et le Prince se plaça devant l’une d’elles en fermant les yeux. Elle le laissa faire et versa la première bassine d’eau chaude dans la baignoire, puis elle recommença plusieurs fois avec divers allers-retours. Après la dernière bassine, elle choisit un onguent décontractant dont elle versa quelques gouttes dans l’eau. De sa main, elle contrôla la température. Puis elle se retira en silence.
Il s’était retourné, mais elle n’avait pas fait attention à lui. Il la regardait faire… Tous ces gestes qu’elle répétait tous les jours, elle ne semblait jamais s’en lasser… Elle gardait sa tête baissée à tout instant pour ne pas voir son visage, comme on le lui avait appris très jeune. Mais alors qu’elle travaillait, elle arborait un joli sourire sans s’en rendre compte… Elle lui sembla heureuse…
Dans l’eau chaude de son bain, il sourit tristement… La condition d’une servante était-elle plus heureuse que la sienne ? Etre Prince… Non, Naître Prince… Il voudrait pouvoir changer les choses, mais comment faire quand on vit dans un monde où tout est réglé, écrit dès la naissance de l’individu ? Fils d’un roi, il est prince ; fils d’un boulanger, il est boulanger… Rien ne change… Même si on le veut très fort… |
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