Magical Story
 
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Tifet
Chapitre 3


Ainsi donc, tout ce chemin n’avait pas été vain. Et si le Général avait su ce qu’il trouverait sur place, il aurait alors véritablement laissé échapper sa joie par ces grands éclats de rire qui le caractérisaient si bien. Il restait droit et fier sur sa monture. Il leva le bras pour réclamer l’attention de tous ses soldats. Sans un bruit, alors que les bêtes continuaient d’avancer sans baisser de vitesse, la compagnie ajusta casques, armures et boucliers. Il fallait être impressionnant, présentable… Autant dire qu’impressionnants, ils le seraient pour le petit peuple des Purs.

Théou déglutit avec difficulté. Rêvait-il ? Ce n’était pas possible… Ca ne pouvait pas arriver dans ce coin perdu, dans ce désert si aride et vide…
Derrière lui, les murmures commençaient à enfler parmi les hommes. Les chefs jumeaux s’étaient avancés jusqu’à lui et se tenaient immobiles, fixant le sable qui gonflait sous les sabots de ces grandes bêtes étranges. On était allé chercher les Sages qui étaient rentrés chez eux, ne pouvant servir aux travaux des champs à cause de leur age. Les plus vaillants d’entre eux arrivaient alors que les étrangers ralentirent le pas quelques centaines de mètres plus loin.

« Père ? »

Sechen eut beau s’accrocher à son père, celui-ci ne réagissait pas, absorbé, paralysé par ce qui se déroulait sous ses yeux. Elle regarda autour d’elle. Le silence était revenu et l’on entendait sans peine les hennissements des chevaux. C’était de la surprise, de l’appréhension, de la peur qui se lisaient dans les yeux de ces hommes fiers et forts qu’elle admirait tant mais qui avaient l’air en cet instant comme des enfants devant une force inconnue et potentiellement dangereuse, comme s’ils rencontraient un dieu dont ils craignaient la réaction. Elle même avait peur, elle tremblait même serrée contre son père. Qu’était-ce donc que ces êtres ? Etaient-ils des magiciens, des démons ?
A mesure qu’ils s’approchaient, ils distinguaient mieux la séparation entre l’animal et l’homme et ils se rassurèrent. C’étaient des hommes, des étrangers. Ils étaient certes en grand nombre mais ayant déjà eu une expérience avec Théodorus, ils pensaient que tous les étrangers étaient bons et donc leur peur se dissipait un peu plus à chaque instant.

Seul l’adopté savait. Théou savait que ceux qui arrivaient ne venaient pas d’une promenade, simples voyageurs de passage. Il les avait reconnu. Comment faire autrement ! Il avait porté le même habit qu’eux dans le temps : armure noire et argent, casque houppé d’une plume noir, glaive au côté. Soldat. Mais que venaient-ils faire ici ? Ca il ne le comprenait pas. Malgré ce qu’il savait, il n’arrivait pas à parler. Il n’arrivait pas à leur dire de s’enfuir, de ne pas leur faire confiance, de…

Ils étaient déjà sur eux.

Flavius arrêta sa mouture à trois pas seulement des Ouabou. Il n’en descendit pas. Il était impressionnant et le voyait dans les yeux noirs des gens en face de lui. C’étaient de pauvres gens, des paysans sans valeur. C’était ça qu’il était venu conquérir ? Valait-il vraiment la peine de faire tout ce chemin pour des gens de cette valeur ? Il soupira et balada son regard sur les hommes à la peau basanée et ruisselant de sueur qui se tenaient devant lui, admiratifs. Au moins ce serait facile…

Son second vint se placer à ses côtés et se pencha vers lui, se tenant fermement au pommeau de sa selle, lui glissa tout bas : « Général, je crois qu’une bonne surprise vous attend. »
Du menton, il désigna un homme. C’était le seul qui ne regardait pas les soldats, et s’obstinait à tenir la tête basse. Sa fillette accrochée à lui ne manifestait pas plus d’intérêt pour les arrivants mais pour une autre raison. L’instinct de Sechen, à moins que ce ne soit de nouveau une communication muette avec son père, lui disait que ces hommes en noir n’amèneraient rien de bon.
Il n’était pas moyen de se tromper. Cet homme n’était pas originaire de ce petit bled paumé. Flavius reconnut dans ses traits des caractères propres à son peuple à lui. Que faisait un civilisé chez ces sauvages ? Qui était-il ? Le second lui avait dit que c’était une bonne surprise. Savait-il qui c’était ? Il tourna ses yeux gris vers le soldat, interrogateur.
« Théodorus, Chef ! » murmura ravi le personnage.

Un sourire froid mais triomphateur se dessina sur le visage de Flavius.
Ainsi donc, il était passé là toutes ces années. Quelle étonnante surprise ! Quelle bienheureuse chance ! S’il avait cru aux dieux, il se serait empressé de les remercier mais il se contenta de sourire.


Le Chef Aîné s’avança vers celui qu’il croyait être son homologue. Sa tenue était plus majestueusement étrange que les autres et il imposait le respect par sa seule présence. Le Ouabou suivi comme son ombre par son jumeau présenta ses deux paumes levés vers le haut au dirigeant des étrangers.
« Bienvenue homme d’ailleurs dans l’humble village des Ouabou. Pouvons-nous offrir quelques rafraîchissements à tes hommes et à toi même ? »
Non seulement l’autre le snoba par une absence totale de réaction envers lui, mais une claque violente le déstabilisa et il manqua tomber sans l’aide de son frère. Le second avait pris l’initiative de cette action mais son Général ne le remarqua même pas trop absorbé par la jubilation qui l’habitait d’avoir retrouvé Théodorus. Au pas, il mit son cheval et le dirigea vers l’ancien soldat.


« Sechen jolie… Va-t-en rejoindre ta mère ! Tout de suite !
- Non ! ! »

Pourquoi lui demandait-il de partir ? Pourquoi cet homme si grand venait vers eux ? Pourquoi son sourire était aussi effrayant ? Si elle restait avec lui, elle surmonterait sa peur. Non, elle ne partirait pas ! Elle ne laisserait pas son papa adoré face à cet étranger.
Flavius remarqua la petite scène entre le père et sa fille. Une petite idiote que celle-ci. Comme tous les enfants d’ailleurs. Les deux siens lui donnaient tout le temps des migraines avec leurs idioties permanentes. Elle s’accrochait avec plus de conviction au torse de son père, cachant sa petite figure sous ses longs cheveux. Elle regardait vers lui cependant et quand elle vit ses yeux gris perçants la fixer, elle retourna coller son visage contre le corps de son père.
« Théodorus.
- Flavius. »

Les deux hommes se jaugèrent. Ils ne se souvenaient que trop bien de l’autre et de leur dernière rencontre presque dix ans auparavant.


Il n’y avait rien à dire et le père de famille savait déjà que c’en était fini pour lui avant la tombée de la nuit. Il ne protesta pas quand deux soldats lui agrippèrent les bras. Maintenant qu’il en était là, il ne se cachait plus. La tête droite, il ne quittait plus des yeux son ennemi. Lui qui avait toujours pensé être en sécurité ici, lui qui n’aurait jamais imaginé que son passé le rattraperait un jour…
Mais quand l’un des hommes en noir voulut se saisir de la fillette, il se dégagea de la poigne sur son bras droit et son poing vola sans prévenir s’abattant avec force sur le nez du malheureux qui se brisa net, pissant le sang. L’homme blessé recula alors que ses camarades fonçaient sur Théou pour le maîtriser, face contre terre.
Sechen poussée en arrière par son propre père pour qu’elle ne soit pas blessée pleurait toutes les larmes de son corps d’enfant.
« Laissez-le ! ! Laissez-le ! » hurlait-elle, paralysée.

Derrière elle, les Ouabou étaient tout aussi incapables du moindre geste. Que se passait-il donc ? Que voulaient ces hommes à leur Théou ? Pacifiques, ils ne comprenaient rien à la scène qui se déroulait devant eux. Heureusement qu’il n’y eut pas de téméraires parmi eux, sinon il serait déjà mort.
Celui-ci releva un instant la tête : « Ouasès prends Sechen ! »
Et il mangea la poussière brûlante une seconde plus tard, la tête plaquée vigoureusement par un soldat. Le dit Ouasès s’avança penaud et attrapant la petite fille par les aisselles la souleva du sol et la calla dans ses bras. Elle ne bougeait plus, ne criait plus. Elle n’y arrivait pour le moment plus.

Le Général vint s’accroupir devant son prisonnier. Sa cape noire, telle une ombre malfaisante, vola un instant derrière lui. Le tirant par les cheveux, il força le traître à le regarder dans les yeux.
« Ce qui n’a pu être fait hier va l’être aujourd’hui. »
Tifet
Chapitre 2

Elle s’était assise sagement au bord du chemin sur une petite pierre qu’elle avait fait roulé jusque là. Sur son petit perchoir, elle voyait sans peine les hommes qui travaillaient et s’empressait d’intervenir quand elle voyait que l’un d’eux avait soif.
A cet instant, tous avaient déjà eu au moins une fois une ration bien fraîche de l’eau tirée du puits par l’enfant et Sechen pouvait alors se poser un moment. Elle ne quittait pas des yeux les hommes qui travaillaient tout près d’elle parmi lesquels se trouvait son père. Il avait la peau cuivrée comme les autres mais ses traits trahissaient et trahiraient toujours son origine étrangère : pommettes légèrement plus hautes, nez plus fort, cheveux ondulants sur les tempes. Il était aussi un peu plus grand que la moyenne des Ouabou, dépassant presque tous ses amis d’une tête. A part cela, il était aussi brun que les autres, ses yeux marrons ne choquaient personne et habillé comme tout le monde il passait finalement inaperçu. L’enfant savait que son père était un étranger, un adopté et l’aimait presque plus d’avoir réussi à faire partie intégrante de la communauté malgré ses origine et culture différentes. Il ne parlait cependant jamais de sa vie d’avant, évitant habilement le sujet à chaque fois que quelqu’un commençait à l’aborder. La petite fille ignorait même si sa mère savait quelque chose sur la vie de son époux avant son arrivée dans l’oasis.

Que ces hommes étaient forts ! Que ces hommes étaient beaux ! Suant corps et âme pour les leurs, pour cette vie qu’ils avaient choisi, pour cet endroit magnifique mais cruel…


Théodorus se redressa soulevant puis déposant sur son épaule nu une palme par sa tige pour la tirer plus loin.
Il avait déjà vu les dégâts de tempêtes de sable mais trouvait que celle-ci avait fait plus de ravages. Il était désolé devant l’étendue du travail parti en lambeaux sous le vent violent. Il n’était pas un manuel avant d’arriver ici sans être vraiment non plus un intellectuel. Le travail de la terre il ne connaissait pas et il dut tout apprendre. Comme il se prit d’affection pour ces gens, il se mit à aimer ce petit bout de terre qui ne vivait que grâce à l’eau précieuse de la nappe phréatique remontant dans cet oasis éphémère.
Sa peau blanche avait pris de sacrés coups de soleil les premiers temps et son corps était endolori chaque soir sous les efforts fournis dans la journée : travailler la terre, semer, tailler les plants, ramasser, traîner, arracher, labourer, recommencer… C’étaient des gestes nouveaux pour lui alors. Aujourd’hui, il travaillait à la même vitesse que les autres, était aussi performant qu’eux et aimait ce qu’il faisait tout comme les ouabou pures souches.
La palme laissait une large traînée dans le sable derrière lui. Il alla la déposer avec les autres et se frotta les mains avec du sable pour enlever les petites échardes qui s’étaient insinuées dans sa peau.

Il se tourna et embrassa du regard les champs, les hommes et enfin en arrière plan les maisons de briques crues aux toits de feuilles de palmes.
Une petite silhouette se mit debout sur son petit rocher la main en visière au dessus de ses yeux et faisant le tour sur elle-même guettait un assoiffé. Il fit un signe de la main dans cette direction et sa fille, l’outre en cuir pleine pendue à son épaule, vint vers lui. Qu’est-ce qu’il était heureux depuis le jour où elle était venue au monde cette enfant !
Il n’aurait jamais cru que le bonheur était si simple : les yeux noirs des trois femmes de sa vie, leurs sourires quand elles le regardaient, les rires des deux enfants, le parfum de son épouse adorée lovée contre lui le soir venu… Il avait trouvé son paradis !


Elle arriva à sa hauteur, souleva le plus haut qu’elle le pouvait l’outre bien lourde qu’elle venait de remplir pour la présenter à son père. Ce dernier s’en saisit et la portant à sa bouche, enleva le bouchon avec les dents avant de boire deux grandes gorgées. Il reboucha l’outre et posa sa main sur la tête de l’enfant.
« Ca fait vraiment du bien ! Mais je trouve que cette outre est bien lourde pour toi Sechen… Tu ne devrais pas tant la remplir tu sais, tu vas te faire mal au dos à la porter.
- Je trouve pas ça lourd moi… Je suis une grande fille.
- Serais-je trop protecteur avec toi Fleur jolie ? Ta mère me le répète sans arrêt mais je n’y peux rien si je me fais du soucis pour toi.
- Moi aussi je t’aime Père ! »
Elle entoura la taille de son père de ses deux bras et se serra contre lui. De sa main libre (il tenait toujours l’outre de l’autre), Théou l’enlaça à son tour. Ils restèrent un petit moment ainsi profitant l’un de l’autre sans un mot.

Un instinct le fit se retourner alors sans lâcher son enfant. Celle-ci lui jeta un regard surpris avant de regarder dans la même direction que son père.
Dans l’horizon fuyant, une large bande de sable se soulevait. A quelle distance se trouvait-elle ? Il n’était pas possible de le dire, les distances n’ayant pas vraiment de sens dans cet environnement.
« Qu’est-ce que c’est ? Une nouvelle tempête ? » La petite voix était inquiète.
Il secoua la tête incapable de répondre, incapable aussi de détacher son regard de ce mur mouvant. Il sentait que ce n’était pas normal. Comment ? Il était impossible pour lui de le dire et comme si son inquiétude et ses interrogations passaient en sa fille, Sechen se mit à sangloter en se serrant encore plus contre lui.

Derrière eux, sans qu’aucun des deux ne le remarque, les autres villageois commençaient à se rassembler. Dans leurs regards sombres, l’angoisse d’une nouvelle tempête. S’ils ne pouvaient pas se relever de celle qui venait de les toucher, ils n’auraient plus beaucoup de réserves pour survivre. Ce serait une véritable catastrophe si le sable venait une fois de plus, si tôt, faire son œuvre infâme !
S’ils avaient su alors, ils auraient sûrement préféré une nouvelle tempête !

Ils restaient silencieux, attendant…

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Les sabots faisaient voler le sable à chaque fois qu’ils touchaient le sol.
Il avait fait presser l’allure. Pas question de finir sa vie dans ce désert minable ! Il n’avait pas contesté les ordres mais ne trouvait aucun intérêt à cette mission. Il ne voulait qu’une chose, retrouver le confort de sa maison luxueuse, sa plantureuse épouse et ses belles maîtresses, les fastes des grandes fêtes de la capitale auquel il était toujours convié, le vin doux et sucré, les mets délicats fondant sous le palais… Par tous les Dieux, il ne pouvait que détester cet endroit vide, désespéramment vide… et terriblement chaud.

« Il nous faut tout conquérir ! ! Nous devons être les maîtres partout ! ! Avez-vous bien compris Général Flavius ? TOUT ! ! Il ME faut tout ! ! » La voix de tête de l’Empereur résonnait encore à ses oreilles à moins que ce ne soit un des effets de la canicule de cet enfer. Il avait gravi les échelons de la hiérarchie militaire avec une aisance insolente aux yeux des anciens et se trouvait au plus haut grade possible à seulement quarante ans. Que diable avait-il fait pour mériter cela ? ! Conquérir oui ! Il était tout à fait pour. Mais encore fallait-il qu’il y ait des choses à conquérir ! !
Droit sur son cheval beige, il serra les dents et maudit ce petit Empereur prétentieux.

Son second vint se placer à ses côtés et se racla la gorge avant de lui annoncer que les éclaireurs avaient repéré un oasis où la vie humaine semblait s’être établie.

« Encore un mirage… Combien de fois ont-ils cru voir un village et de l’eau ? Rafraîchissez-moi la mémoire… Vingt ou trente fois ?
- Je n’ai plus compté Général… fit penaud le second qui se frotta les yeux dans lesquels tombaient des gouttes de sueur. D’après eux, nous nous dirigeons droit sur l’oasis. Je pense Général que nous serons vite fixés »

Flavius ne répondit même pas, se contentant de regarder droit devant lui mais très loin mentalement de ce désert. Tout cela l’ennuyait prodigieusement et ses hommes qui étaient de la même trempe que lui pour la plupart ne comprenaient pas non plus ce qu’ils étaient venus faire dans cet endroit maudit.
Plusieurs chevaux s’étaient effondrés les premiers jours et les hommes étaient si affaiblis par la température qu’ils avaient du mal à tenir sur leur monture. Aucun d’eux n’étaient habitués à ce genre de climat et il fallut plusieurs jours pour que seuls les meilleurs tiennent encore debout. On avait fait rapatrier les autres car c’était encore possible, la compagnie ne se trouvant alors pas trop éloignée de la civilisation. Journées caniculaires, nuits glaciales. Heureusement que les organismes étaient forts car beaucoup auraient pu y passer emportés par la fièvre. Deux ou trois avaient été mordus par un serpent ou piqués par un scorpion en mettant pied à terre et cela tenait du miracle qu’aucune bête ne fut tombée paralysée par le venin rapide de ces bestioles sournoises et invisibles et même simplement que pas plus d’hommes n’en soient morts. Ils ne pouvaient se douter que ce qu’ils attribuaient à une action divine était simplement lié au fait qu’ils faisaient tellement de bruits que les bêtes s’enfuyaient plus volontiers à leur arrivée.



Il n’en crut pas ses yeux quand se dessinèrent devant lui les contours de hauts arbres, les silhouettes noires d’habitations…

Il ne sut que penser quand les sables révélèrent des ombres humaines montées à cheval…
Mitoko triball
Ah ah, l'enfance de Sechen, voilà qui est intéressant. ^^

*Va garder un oeil là dessus*

Pour l'instant on a vraiment l'image d'un lieu Idyllique où il fait bon vivre... Cela va-t-il changer ?
Et pourquoi Sechen ne se trouvait-elle plus dans ce village dans ta fic relatant une partie de son adolescence ?
Que de questions ! XD

*Va devoir attendre la suite*
Tifet
Une fleur dans le désert


Chapitre 1


C’était un jour de grand beau temps, mais comme tous les jours ici. Le ciel avait cette teinte bleue pale sans qu’aucun nuage n’en vienne perturber l’étendue immobile. Le vent avait arrêté de souffler au petit matin, après la tempête qui avait frappé le village deux jours durant. Le sable s’était insidieusement introduit dans les habitations et les femmes s’occupaient en ce jour à le chasser à grands coups de balais. Demain ou après-demain, de nouvelles rafales tomberaient sur le village et le combat contre cet élément invincible recommencerait encore. Situé au cœur du désert dans un oasis riche, le village des Purs était coupé du monde extérieur mais vivait très bien cette autarcie voulue. Depuis combien de centaines d’années, ce peuple était-il installé à cet endroit ? Nul n’aurait su le dire avec précision. Les légendes ne donnaient jamais de dates. Le village avait bougé suivant le déplacement de l’oasis dans le désert de sable en perpétuel bouleversement. Jamais une dune n’était à la même place que la veille. Le vent faisait bien son œuvre et pour les étrangers à ce milieu sec, le désert représentait les pires dangers. Bêtes sauvages muettes mais venimeuses, tempêtes de sable emprisonnant les poumons dans un étau de chaleur, absence d’eau qui asséchait les gorges, et mirages trompeurs qui faussaient toutes les perceptives.

Il ne savait pas comment il avait réussi plusieurs années en arrière à ne pas mourir en traversant ce désert. Par quelle chance, quel génie bienveillant, il avait trouvé ce coin de verdure et le peuple qui y vivait en parfaite harmonie avec tout ce qui les entourait. Il était déshydraté et au bord de la mort quand un d’entre d’eux l’avait trouvé face contre terre (enfin contre le sable brûlant), respirant à peine mais à chaque inspiration douloureuse avalant un peu plus de sable que la fois précédente. Il avait tenu le plus que son corps le pouvait, qu’un corps humain était capable de tenir ayant épuisé ses ressources en eau et en nourriture dans un milieu aussi hostile à la vie humaine. Un court instant il avait rouvert les yeux sentant qu’on le bougeait. Un visage s’était penché sur le sien et il avait cru voir une de ces nymphes dont parlaient les récits héroïques qu’on lui racontait quand il n’était qu’un enfant. Puis il avait sombré de nouveau et pendant plusieurs jours et nuits avait déliré en gesticulant comme un beau diable sur la paillasse sur la quel on l’avait déposé. C’est ainsi qu’il est arrivé chez les Purs, les Ouabou comme ils se nomment eux même et était devenu l’un d’entre eux. Cette apparition qu’il avait jugé divine dans son délire de fièvre, était devenue sa compagne et quelques mois après son arrivée, lui avait donné une petite fille douce et tranquille. Il avait bien fait de partir, de tenter l’aventure dans ce désert où tout le monde lui avait dit qu’il trouverait la mort. Il avait trouvé la vie, une nouvelle vie pour lui, une vie qu’il ne pouvait voir que meilleur à celle qu’il avait quitté sans regret.


« Petite Fleur ! Dépêche-toi donc un peu… Ils vont nous attendre… »
La petite fille de neuf ans traînait les pieds ce matin. Elle était fatiguée et avait eu du mal à ouvrir les yeux qu’elle continuait à se frotter énergiquement pour se donner un peu d’énergie.
Aujourd’hui ils allaient commencer par contrôler les dégâts provoqués par la tempête puis ils aviseraient du travail à faire pour remettre les plants en état.
Sechen avait mal dormi depuis deux jours. Etrangement la tempête avait fait monté sa température et ses nuits étaient agitées de cauchemars dans lesquels le sable lui brûlait la peau comme la plus horrible des brûlures. Elle bailla et pressa le pas pour ne pas se laisser distancer par son père et sa petite sœur âgée de presque cinq ans Neith qui courrait devant. Elle n’avait dit à personne ce qu’elle avait vu en rêve car ils se seraient empressés d’en chercher un sens et cela fatiguait d’avance la petite fille. Pour les Ouabou les rêves sont des messages envoyés par les Dieux et celui qui est étrange devient alors sujet à de grandes et longues discussions jusqu’à ce qu’une solution qui paraisse logique et bonne soit trouvée… Ce qui pouvait prendre des jours durant lesquels le rêveur se trouvait au centre de toutes les attentions. La fillette ne voulait pas de ça. Elle ne se souvenait que trop bien de la fois où sa mère avait rêvé de la Puissante, déesse protectrice du village et les grands Sages avaient prévu sa visite prochaine. Finalement on l’attendait toujours…


L’agitation était grande aux champs. Quasiment tout le village s’était retrouvé réuni. Les deux Chefs, frères jumeaux à la taille haute, aux larges épaules et à la musculature évidente, faisaient face à tous. Ils étaient arrivés les premiers sur les lieux, comme il sied à leur rang et au respect que les autres doivent leur devoir. Les huit Sages se tenaient quelques uns debout mais la plupart assis sur leur propre chaise de paille, trop vieux et fatigués pour rester sur leurs jambes trop longtemps. Peu de femmes, qui nettoyaient leur maison et dont on entendait les chants qu’elles poussaient pour se donner mutuellement du courage. En revanche tous les enfants étaient présents des plus petits portés par leur père aux plus grands qui couraient entre les jambes des hommes en se pourchassant gentiment. Le Chef Aîné (car il y avait toujours un premier né parmi des jumeaux) leva le bras pour réclamer le silence dans l’assemblée. Ce fut juste à ce moment-là que la petite famille arriva et Théodorus poussa un léger soupir de soulagement. Il ne faisait pas bon arriver en retard car tout le monde le remarquait inévitablement. Evidement lorsque tout le village se connaît, il n’est pas facile de passer inaperçu. Il salua quelques amis d’un hochement de tête et chercha du regard sa deuxième fille alors que l’aînée vint se placer sagement à côté de lui. Sechen lui attrapa tendrement l’avant-bras et studieuse écouta le petit discours du Chef.

« Mes amis ! Les Sages avaient prévu, lorsque nous vîmes arrivés la tempête au loin, qu’elle serait forte et dévastatrice pour nos cultures. Espérons que les Dieux Grands ont écouté nos prières pendant ces deux longs jours cloîtrés chez nous ! Mes amis… Nous travaillons tous les jours durement et si malheureusement nos souhaits n’ont pu être exaucés, cachés par le vent brûlant de cette tempête aux oreilles de nos Protecteurs, nous travaillerons encore plus durement ! Jamais nos ancêtres ne se sont laissés abattre par les caprices du désert, nous n’allons pas commencer aujourd’hui non plus ! »
D’un geste il engloba tout le monde présent, silencieux et attentif (même les enfants s’étaient tus à la voix grave du chef) puis se tourna vers les champs accompagné dans son mouvement par son jumeau qui bougeait exactement comme lui. Le soleil montant doucement depuis l’horizon en cette déjà chaude matinée découvrit de ses rayons ardents les plants pliés et dévastés, emplis de sable jusqu’à moitié de leur hauteur normale, certains palmiers qui longeaient la parcelle avaient perdu de longues palmes vertes qui se retrouvaient sèches et grises à leur pied. Tout leur labeur réduit presque à néant par la nature, ils eurent un petit pincement au cœur, mais si infime que lorsqu’un Sage du nom de Séthès commença à battre la mesure en claquant sa langue contre son palais, les hommes lui répondirent tous en chœur de cris sans sens ni paroles et s’avancèrent comme d’un seul homme commencer leur journée de labeur le sourire aux lèvres.

La petite fille restait accrochée au bras de son père et marchait en rythme à côté de lui. Ils dépassaient les autres enfants immobiles qui regardaient passer leurs pères et frères les yeux brillants de fierté.
« Sechen jolie… Va donc avec eux ! Tu ne pourras pas nous aider aujourd’hui… » glissa Théodorus à sa fille chérie.
« Je ne veux pas ! Je veux vous aider moi ! ! » Les yeux noirs de l’enfant se froncèrent légèrement, déterminés et le père sut alors qu’il ne pourrait faire fléchir son enfant. Cependant, il eut une idée…
« Et ta sœur ? Vas-tu laisser ta sœur toute seule ? » Non pas que Sechen le gênait mais il avait peur qu’elle ne se blesse car ce jour-là les travaux ne demandaient que de la force brute, chose que la fillette ne possédait pas.
« Neith est assez grande pour jouer avec les autres enfants sans moi Père… » Elle énonça ça comme une évidence sans s’énerver puis gratifia son cher papa d’un de ses plus beaux sourires attendant qu’il prenne sa décision. La petite n’était pas rebelle et si son père lui demandait de s’en aller, elle s’en irait… à contrecœur certes mais elle s’en irait quand même.

Une main se posa sur la tête noire de l’enfant tandis qu’une autre tapa affectueusement le dos de l’étranger adopté.

« Alors Théou ! La petite fleur ne veut pas se séparer de son père adoré ! »
Le propriétaire des mains n’était autre que Ouasès, un bon ami à l’humeur toujours jovial et dont le physique trahissait son petit penchant pour la bière de farine de maïs. Il ébouriffa la tignasse de Sechen qui leva la tête vers lui et lui sourit. Théou, comme le surnommé les villageois, saisit l’avant-bras de son ami qui en fit de même et ils se donnèrent l’accolade.
« Comme tu vois…
- Je suis assez grande pour travailler avec vous ! déclara la petite fille en se tenant bien droite espérant peut-être grandir d’un peu comme cela.
- Je n’en doute pas Sechen. Mais tu sais, tu vas pas pouvoir faire grand chose pour nous aujourd’hui… »
L’enfant réfléchit un peu et vive sortit une réponse intelligente qui surprit les deux hommes : « Je peux vous apporter l’eau ! »
« Je crois mon ami que tu n’as pas le choix… Ta fille a raison, nous avons besoin d’un porteur d’eau !
- Tu as gagné Fleur jolie ! Tu restes avec nous aujourd’hui ! »
Sechen sauta de joie, sa fatigue avait totalement disparu et elle sentit qu’elle allait passer une bonne journée. Etre aux côtés de son père lui faisait toujours passer de bonnes journées.
 
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