Magical Story
 
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Talentyre
Merci Ca ne m'étonne pas, pour la scène yaoi, vu que je, disons, débute, dans ce domaine. J'ai pas vraiment l'habitude XD
Shiranui
Talentyre a écrit :

- Hatori… tu es froid comme la glace…
- A qui la faute ?

J´adore ce passage.
Vengeance de Hatori Powa !
Vraiment géniale cette fic, j´aurais pas fait mieux !
(sauf peut-être pour la scène yaoi XD )
Shiranui
Le plus grand écrivain qui ait jamais existé...
Vu ma productivité actuellement inexistante, je ne pense pas que ce compliment soit justifié, même s´il me fait plaisir
Talentyre
Un tel commentaire de la part du plus grand écrivain qui ait jamais existé! C'est géniale chuis neureuuuse!
Shiranui
J'ai lu les 7 premiers chapitres pour l'instant...
C'est...
Merveilleux
Talentyre
Chapitre bonus
Pourquoi ma vengeance



! ATTENTION YAOI !


C’était un soir de nouvel an, le vingtième de Shigure. Celui-ci, alors encore un jeune écrivain débutant, se rendait à la fête annuelle avec Hatori et Ayamé. Ils apprirent qu’Akito avait passé le début de la soirée en compagnie de Yuki, s’amusant comme à son habitude : il n’avait pas encore commencé à le torturer mentalement, car l’enfant n’était encore qu’un simple compagnon de jeu pour lui. Ayamé avait envoyé son ami chercher Akito, de peur de se faire lui-même crier dessus (ndTal : ah, c’est beau l’amitié !). Une fois en haut des escaliers menant à la chambre, il entrouvrit la porte :
- Akito-san ! Le dîner va bientôt commencer. Tout le monde vous attend en bas.
Sans se retourner, l’intéressé répondit machinalement.
- Bien, merci Shigure. Yuki, descends immédiatement.
L’enfant se leva et sortit de la chambre pour atteindre les escaliers.
- Shigure…
- Oui ?
- Approche…
L’écrivain avança alors, puis s’agenouilla pour se mettre au niveau de son dieu, demeuré assis.
- Qu’est-ce qui compte le plus pour toi ? demanda ce dernier, passant une main sur le visage de l’écrivain.
- Bien évidemment, répondit l’autre du tac au tac, c’est vous, Akito.
- Hum… j’aime cette réponse…
C’était en effet la réponse qu’utilisait toujours le chien lorsque Akito le questionnait de la sorte, une manière de lui témoigner autant son respect, son admiration, que sa crainte envers lui.
Akito se leva, et dans son élan, déposa un doux baiser sur les lèvres de l’écrivain.
- Qu’est-ce que… !
Répondant d’un regard emprunt d’une chaleur glaçante, d’une douceur douloureuse et d’un mystère silencieux, il posa son index sur ses lèvres avant de descendre. Shigure comprit qu’il devrait taire cette action injustifiée de la part d’Akito : celui-ci se serait certainement amusé à jouer avec lui, rien de plus, et ce n’était d’ailleurs pas la première fois que ce genre de choses arrivait.

- Allez, Hatori, bois un coup !
Déjà bien ivre, Ayamé secouait le bras du médecin avec ferveur.
- Lâche moi…
- Il a raison : pour une fois, tu peux te détendre un peu !
Shigure s’accrocha à l’autre bras de son ami. Les deux, se mirent à tourner autour du médecin, qui finit par les repousser machinalement pour qu’ils aillent s’écraser sur le sol, puis revint s’asseoir auprès d’Akito, où siégeait déjà Kureno.
- Que se passe-t-il, Hatori ? demanda le premier.
- Pardon ?
- Tu ne profites pas de la fête, pourtant, il y a tout pour s’amuser !
- Ces festivités ne sont pas trop de mon goût… les voir s’amuser est amplement suffisant pour moi, tant qu’ils ne me demandent pas de jouer avec eux…
Une petite silhouette apparut alors dans l’entrebâillure de l’une des portes de la pièce, derrière Akito. Ce dernier se retourna, avant de souffler :
- Entre donc, Yuki-chan, n’aie pas peur.
Mais il restait immobile, à moitié caché par la porte. Sans un mot, Hatori se leva et quitta la pièce : il le savait, c’était lui que craignait Yuki, et il préférait le soulager de sa présence. Il se sentait coupable, au nom des enfants dont il avait effacé la mémoire sous l’ordre d’Akito. Ainsi, il préféra rejoindre Momiji et Hatsuharu, affairés à divers jeux enfantins…

- Shi-chan… t’es bourré !
- Pas du tout Aya ! C’est toi ! C’est toi j’te dis !
Les deux amis étaient allongés sur la moquette. Alors que le visage d’Ayamé s’écrasait sur le sol, Shigure fixait le plafond, penseur.
- Shi-chan…
- Quoi ?
- J’t’aime mon frère !
Un court silence s’ensuivit.
- Aya-chan ?
- Oui ?
- Dors au lieu de dire des conneries.
Il ne fallut que peu de temps au serpent pour exécuter, plus ou moins volontairement, l’ordre de l’écrivain. Ce dernier se leva alors, puis sortit prendre l’air. Il marcha un peu, avant de croiser une silhouette dans le jardin. Désirant connaître l’identité de la personne, il s’approcha pour distinguer les traits d’Akito dans l’obscurité.
- Shigure ?
- C’est bien moi.
- Ah, je suis rassuré… je ne voulais pas parler à quelqu’un d’autre…
Il lui fit signe, et le chien s’avança.
- Tout le monde dort déjà ?
- Oui…
- Tu as l’air moins ivre que tout à l’heure…
- C’est normal, je ne le suis pas. L’alcool ne me fait rien.
- Pourquoi jouer la comédie ?
- Ca m’amuse, sourit l’écrivain, avant de sentir une main froide serrer la sienne.
- Ta peau est chaude…
Akito se colla alors contre lui, dans une étreinte qu’il n’osa refuser, bien qu’il n’en comprit pas le but.
- Akito-san… pourquoi ce comportement si soudain ?
- Faut-il se justifier pour aimer ?
Shigure sentit alors son cœur battre anormalement vite. Akito ? Pourquoi lui ? D’une part, il ne l’aurait jamais imaginé homosexuel, et d’autre part, pourquoi fallait-il qu’il se retrouve la cible de ses avances ? Non, ce n’étaient même plus des avances, c’était une déclaration !
- Tu m’appartiens, murmura le dieu en collant ses lèvres à celles de l’écrivain, qui, bien que gêné, n’osa le repousser : sa colère n’aurait été que trop destructrice.
Etonnement, ce contact ne le dégoûtait pas ; même s’il n’avait jamais tenu de relation amoureuse sérieuse avec une fille, et ce entre autre à cause de la malédiction, l’idée d’embrasser un jour un homme n’avait jamais traversé son esprit. Tout ce qu’il espérait, à présent, c’était que les désirs d’Akito se limitent à cela.
- Suis-moi… murmura pourtant celui-ci.
Il le tira par la main, accédant ensuite à un coin reculé du jardin. Ils traversèrent les allées du domaine en courant, avant de parvenir à un petit jardin, derrière la maison d’Akito. Là, il s’arrêta et de nouveau, embrassa chaleureusement Shigure, qui ne comprenait pas pourquoi son cœur battait si vite, qui ne s’expliquait pas cette attirance soudaine qui grandissait en lui pour Akito, pour cet homme qu’il craignait, qu’il respectait, et qui le couvrait à présent de baisers. Il sentait ces lèvres chaudes courir sur son cou, se glisser sur son torse à travers le kimono déjà entrouvert. Perdant alors le contrôle de son corps, il saisit le visage d’Akito dans ses mains pour l’embrasser encore, car à présent, il en avait besoin, et savourant chaque instant, il désirait ne jamais voir la fin de ce langoureux baiser. Pourtant, Akito finit par séparer leurs langues, pour faire glisser la sienne sur l’oreille de Shigure, qui gémissait de plaisir.
Il prit de nouveau sa main, et l’emmena dans sa maison. En silence, ils grimpèrent les escaliers et atteignirent la chambre d’Akito, qui n’attendit pas pour allonger l’écrivain sur son lit, retirant le haut de son kimono, et s’allongeant auprès de lui, pour se plonger dans une étreinte amoureuse, durant laquelle les baisers s’enchaînaient, les langues se baladaient…

Mot de l’auteur : Notre imagination a des ailes, laissons la s’envoler… Non, je ne vous ferai pas la scène… déjà que la page précédente m’a demandé de grands efforts (j’ai encore beaucoup de mal dans ce domaine). Oui, Shigure et Akito couchent ensemble. Je reprends donc l’histoire juste après qu’ils l’aient fait…

Le souffle court, en sueur, la peau brûlante, Shigure se blottissait contre son amant. Enfin, tout était terminé, mais il souhaitait que ce fut le début d’une histoire, d’une longue histoire, et il s’endormit dans les bras de cet homme qu’il aimait à présent, de cet homme en qui il voyait son avenir, un avenir heureux, après avoir déposé un dernier baiser sur ses lèvres.
Le réveil fut pourtant bien plus douloureux qu’il n’aurait pu s’y attendre. En effet, le froid tira de son sommeil l’écrivain, qui frotta ses yeux lourds et massa son crâne douloureux. Lorsqu’il eut enfin réalisé qu’il se trouvait au beau milieu du jardin, à moitié nu, il commença à se poser des questions : que faisait-il là ? Où était passé Akito ? Pourquoi ne se réveillait-il pas à ses côtés ? Pourquoi… Il lui semblait encore sentir ses lèvres chaudes caresser les siennes… Alors il se leva, resserrant autour de sa taille le morceau de tissu qui subsistait de son kimono, et marcha dans le froid de cette fin de nuit pour regagner la demeure d’Akito. Une fois là bas, il monta rapidement les escaliers et rejoignit son amant, couché dans ses draps. Lentement, il se pencha pour l’embrasser ; l’autre le rejeta violemment.
- Qu’est-ce que tu fais ? Tu oses venir me déranger ?
Une gifle suffit à le mettre à terre. Le jeune écrivain se leva, une main sur la joue ; pourtant un coup de pied du dieu le refit tomber.
Que se passait-il ? Pourquoi Akito était-il soudainement si violent ? Et pourquoi son cœur, qui battait au rythme de sa peur, semblait-il se déchirer ? Un cri le tira brutalement de ses interrogations, un cri plein de rage qui tonnait son nom, et il entendait cette voix, cette voix douce et tranchante, cette voix glaciale et brûlante, cette voix mystérieuse qui pourtant lui semblait par moments tout dévoiler : celle d’Akito. Ce dernier s’était approché, et, alors que Shigure tentait de se redresser, il lui plaqua son pied sur l’épaule, l’écrasant sur le sol.
- Enfoiré ! Enfoiré ! Tu ne mérites pas d’exister ! Enfoiré !
Lorsqu’Akito sembla décider de cesser le piétinement, l’écrivain balbutia :
- Pourtant… cette nuit… nous…
- Tu as du rêver ! Abruti ! Crois-tu que je t’aime, toi ? Crois-tu seulement que je puisse aimer ?
Non, il n’était pas fou, il avait bien entendu ses mots, son « je t’aime » murmuré à son oreille quelques secondes avant qu’il ne plonge dans le sommeil. Tout ceci ne pouvait être un simple rêve : Akito jouait de lui, il cherchait à le détruire, comme il l’avait déjà fait pour d’autres avant… Il aurait voulu le tuer, lui sauter au cou pour l’étrangler, pourtant, seul le désir du baiser parvenait encore à l’animer. Pendant de longues minutes, il se laissa piétiner au sol, impuissant, de chaudes larmes perlant sur ses joues, et la seule envie de mourir dans l’âme. C’en était fini de son cœur…
- Akito-san ! Calmez-vous !
Hatori venait d’ouvrir la porte à la volée. Il se précipita sur le fou, lui empoignant les bras pour l’arrêter dans son élan destructeur.
- Arrêtez ça, calmez-vous, enfin… !
- Il… Il a voulu abuser de moi ! Hatori, c’est lui qu’il faut frapper ! Lâche moi ! Lâche moi !
- Ca suffit ! Vous n’êtes pas en état de crier comme ça ! Allongez vous, je m’occupe de lui !
Il fallut pourtant au médecin de longues minutes pour raisonner Akito, car ce dernier ne voulait plus écouter personne, il ne voulait plus que détruire Shigure…
Lui était encore au sol, il n’avait pas bougé. Lorsqu’Hatori parvint enfin à immobiliser Akito sur le lit, et que ce dernier fut enfin calmé, il s’occupa d’aller ramasser son ami à terre, sous la forme du chien.
- L’émotion était telle… murmura le médecin.
Oui, l’émotion trop forte l’avait fait se transformer. Ainsi, il le transporta dehors, alla le coucher chez lui, mais il ne dormit que bien plus tard.
Ce n’est qu’après le réveil qu’il retrouva un Shigure détruit, sans émotion, comme un corps vidé de son âme. Plus un sourire n’illuminait son visage d’ordinaire rieur, plus une lumière ne venait illuminer son visage, plus rien que l’envie de mourir et que ces yeux vides, plus rien que ce visage pâle sur lequel les larmes restaient gravées en deux sillons symétriques…

Il lui fallut plusieurs jours pour accepter la situation. Là, il avait pu discuter librement avec Hatori, lui racontant tout ce qu’il s’était passé. Finalement, le médecin dut en venir à la question la plus délicate à poser :
- Veux-tu oublier cette nuit ?
Shigure avait semblé choqué. Oublier ? Cela signifiait ne plus en souffrir, pourtant, n’était-ce pas cette joie, cette espérance, cette simple pensée du contact de son amant qui le laissait encore en vie ? Alors il secoue la tête, les yeux pleins de larmes ; et il se jure de pleurer les dernières, il se jure de ne plus s’attacher à personne, car il sait qu’il a laissé son cœur auprès d’Akito, il sait que plus rien ne saura le rendre humain, il sait qu’à présent, le monde ne sera plus jamais le même, qu’il ne sera plus jamais capable de réellement sourire… et dans cette optique, il décide de vivre, il décide d’exister, il décide de se battre et d’écraser les autres, de n’aimer plus que lui et sacrifier le reste…
C’est ainsi que Shigure vint s’installer hors de la résidence principale. Chaque visite auprès d’Akito est un moyen de le blesser discrètement, sans pour autant éveiller sa colère, en attendant un jour, l’occasion qui fera sa vengeance.

FIN
(oui, cette fois, c’est la dernière)
Talentyre
11 - Révélations


Le temps d’atteindre la maison d’Akito, Tohru avait oublié sa peur. Ainsi, sans crainte, elle frappa à la porte, et, tellement pressée de mettre un terme à cette histoire, ouvrit sans attendre de réponse. Surpris, Akito tourna la tête, mais étonnement, il ne s’énerva pas ; il aurait pourtant tué sur le champ n’importe quel domestique osant faire preuve d’aussi peu de courtoisie.
- P… Pardon, je n’ai pas frappé… balbutia la jeune fille, soudainement prise d’un élan de panique à la vue de l’homme.
Ce dernier se leva, s’approcha d’elle et lui murmura doucement à l’oreille :
- Ce n’est pas grave…
Il posa sa main sur la joue de l’adolescente, lentement, et approcha ses lèvres des siennes, mais aucun baiser n’eut lieu : Tohru recula brusquement la tête, ses mains tremblantes posées sur le mur derrière elle.
- Qu’est-ce qui ne va pas ? demanda alors l’autre.
- Je dois… je dois vous parler…
- Eh bien… parle…
L’écart qui les séparait était minime, et cela déstabilisait Tohru : il subsistait en elle le besoin d’enlacer Akito, de partager avec lui d’interminables baisers, et lui semblait vouloir renouveler leur étreinte amoureuse. Comme elle se taisait, il la saisit par la taille et fit glisser ses mains sur le bas de son dos ; sans parvenir à se défaire de cette attraction, Tohru déposa sa tête contre le cou d’Akito, et ferma les yeux. Lorsqu’elle les rouvrit, ils s’arrêtèrent sur son plâtre, plus précisément sur le mot « courage ». Le visage souriant de Momiji apparut alors devant elle, inscrit dans ce mot, et son soutient chaleureux lui revint à l’esprit.
Comment puis-je être si faible… ? pensa-t-elle. Je voudrais… tout arrêter… mais je n’en ai pas la force…
De grosses larmes perlèrent alors sur ses joues, et elle finit par sangloter sur l’épaule de son amant. Celui-ci la serra encore contre lui, son cœur se déchirant de la savoir mal, et il lui répétait sans cesse à l’oreille :
- Qu’est-ce qui ne va pas ? Pourquoi tu pleures ? Dis moi ! Dis moi ! Je ne veux pas que tu sois triste ! Qu’est-ce qui ne va pas ?
L’adolescente finit par s’écrouler sur le sol. Entre deux sanglots étouffés, elle parvint à articuler :
- Tout cela doit cesser…
L’autre la fixait de ses yeux écarquillés par la stupeur. Elle continuait, enfin lancée.
- Notre amour est impossible… (ndTal : d’où le titre ! :P)
- Qu’est-ce que tu racontes ? C’est faux !
- Enfin, vous ne voyez pas les dégâts que cela cause ? Cela n’a créé que le mal autour de nous !
- Mais on s’en fout ! Tohru… !
Il prit la main valide de l’adolescente dans les siennes, comprenant alors la situation :
- Ca veut dire que tu vas m’abandonner, toi aussi ?
- Non… ! Jamais… enfin… Ca me déchire le cœur, mais je ne peux rien y faire ! finit-elle par crier. Je n’ai plus le choix !
- On a toujours le choix, Tohru. Tu ne veux juste pas blesser les autres… Tu penses aux autres avant de penser à toi… mais moi ? Tu penses peut-être que je suis blindé contre cette douleur ? Si tu avais réussi à conquérir mon cœur, c’était seulement pour me jeter ensuite ?
- Non ! Non, je ne veux pas vous blesser ! Je voudrais laisser tout le monde heureux, je préférerais souffrir seule…
Akito s’immobilisa. Il regarda un instant Tohru, qui versait une rivière de larmes, sans plus faire un seul geste.
- Alors, c’est ainsi…
Sa voix était calme, presque douce, d’une douceur emprunte d’amertume.
- C’est ainsi… répéta-t-il. Alors va-t-en.
L’adolescente, sous l’effet de la surprise, ouvrit de grands yeux. Elle le regardait sans comprendre : pourquoi ne criait-il pas, comme elle s’y attendait ? Pourquoi ne la frappait-il pas ? C’était pourtant dans ses habitudes, de s’emporter…
- Tu as entendu ce que j’ai dit ? demanda-t-il d’une voix sèche, mais sans brutalité. Disparais. Je ne veux plus jamais te revoir.
Tremblant toujours, Tohru ouvrit la porte, et, dans un élan précipité, disparut, ne laissant plus à Akito que les larmes qui trempaient encore son kimono sombre.

Elle sortait de la demeure en courant, et manqua de tomber par terre lorsque la dernière porte fut franchie. Momiji était là, attendant son retour. Légèrement angoissé, il chercha à croiser son regard, pour savoir si elle avait réussi, connaître son état d’esprit ; mais il ne vit rien d’autre que la tête baissée de l’adolescente, qui avançait vers lui, titubant légèrement, et les larmes, qui continuaient de s’écouler sur ses joues. Elle s’approcha, et subitement, s’écroula : Momiji la reçut dans ses bras, et partagea son étreinte, consolant ainsi cette jeune fille qui murmura à son oreille, entre deux sanglots étouffés : « C’est terminé… ».
Une dizaine de secondes plus tard, l’adolescent se transforma en lapin. Ce dernier grimpa sur la tête de Tohru, continuant de la réconforter comme il le pouvait.
- Courage Tohru, lui disait-il. Le plus dur est fait…

Non loin de là, Hatori avait été spectateur de cette scène. Shigure avait peut-être eu raison, finalement… mais il lui sembla que le plan n’avait pas entièrement atteint son but. Il avança un peu, devenant alors visible pour les deux amis. Un signe de tête de Momiji lui annonça qu’elle avait effectivement parlé à Akito.
- Conduis-la dans mon bureau, je viendrais m’occuper d’elle tout à l’heure…
Sous les encouragements du lapin, Tohru se leva et marcha pour se rendre chez le médecin.
- Je vous rejoins bientôt, ajouta ce dernier.
- Merci, murmura la jeune fille d’une voix faible.
Les deux s’en allèrent donc, et, désormais seul, Hatori entra dans la demeure d’Akito. Ce dernier fixait le ciel au travers de la fenêtre.
- Que viens tu faire ici, Hatori ?
- Rien de plus que mon travail…
Le médecin se mit à la tâche, auscultant le malade.
- Bien, je vois que vous allez mieux qu’avant, conclut-il lorsqu’il eut terminé.
Après un silence, il continua :
- J’ai croisé Tohru, tout à l’heure. C’est donc déjà la fin…
- Pff… ne me parle même pas de cette petite conne… elle n’a jamais existé pour moi ! Je te l’ai dit, je n’ai fait que m’amuser ! Je voulais simplement la faire souffrir !
C’était vrai : Akito n’avait cédé aux paroles de Tohru dans le seul et unique but de la détruire, et Hatori était resté son seul confident sur ce détail.
- Pourtant… vous l’aimiez, finalement…
Akito se leva brusquement.
- L’aimer ? Qu’est-ce qui te fais croire ça ?
- Vous ne vous êtes pas énervé contre elle… elle n’avait pas plus de blessures qu’avant… Vous n’auriez su la frapper, parce qu’en réalité, elle vous a séduit.
- Comment peux-tu oser dire de telles conneries ! Tu m’vois, moi, tomber amoureux ? Et puis quoi encore ?
- Je ne vous que connais trop bien, Akito-san. Je sais ce que vous ressentez… mais, vous n’êtes pas le premier Soma à qui cela arrive…
Akito ressentit alors un profond remord ; il découvrait la douleur qu’il avait fait endurer aux autres Soma, sans pouvoir plus rien y faire, et il souhaitait en mourir. Alors, Hatori s’approcha de lui. Il lui murmura quelques mots à l’oreille, suffisamment terrifiants pour qu’Akito en pleure, de tristesse et d’effroi, puis posa sa main sur les yeux de ce dernier, qui ne comprit que trop bien la raison de ce geste.
- Il est inutile de souffrir davantage…
Akito voulut se lever, mais le médecin l’en empêcha.
- Non ! Je ne veux pas… je ne veux pas l’oublier ! Même si j’en souffre, je veux garder son souvenir ! Je ne veux pas l’oublier ! Non !
Il criait, il pleurait, mais ne parvint même pas à altérer les décisions d’Hatori. Et avant de perdre son plus précieux souvenir, Akito le regarda, pleurant à chaudes larmes, et prononça enfin, entre deux sanglots :
- Hatori… tu es froid comme la glace…
- A qui la faute ?

Hatori ne s’éternisa pas dans la chambre d’Akito : il avait contemplé un instant le jeune homme allongé au sol, inconscient, puis était parti après l’avoir déposé sur son lit. Il quitta la demeure pour errer dans les longues allées du manoir. Son plan avait finalement échoué ; celui de Shigure réussi, mais l’écrivain ignorait encore qu’il ne profiterai pas longtemps de sa vengeance. Ainsi, il avait trompé ses amis, sa famille, toute cette grande famille, sans l’ombre d’un remord. Après tout, l’habitude s’installait : ce n’était pas la première fois qu’il avait du se confronter à une telle situation, bien que l’enjeu de celle-ci ait été plus importante que les précédente. Bientôt, la vie reprendrait son cours normal chez les Soma. Personne ne se douterai de rien, et la tentative passerait inaperçue… mais au fond de lui, il regrettait sincèrement que ça n’ait pas fonctionné, il aurait voulu réussir, une bonne fois pour toutes, et ne plus avoir à recommencer, ne plus voir souffrir les autres sous ses yeux, ne plus avoir à se servir des siens… et chaque fois, la glace qui entourait son cœur, après avoir légèrement fondu au contact de ces émotions aussi brûlantes que le feu, se renforçait, toujours un peu plus.
Il atteignit enfin son bureau après une courte marche. Entrant dans la pièce, il aperçut Momiji, encore blotti dans les bras de Tohru. Celle-ci semblait s’être quelque peu ressaisie. Lorsque le lapin descendit de ses genoux, pour se diriger vers la porte, elle leva les yeux et vit entrer le médecin.
- Est-ce que ça va ? demanda ce dernier.
Tohru hocha doucement la tête. Ses yeux étaient encore rougis, encore humides, son sourire avait disparu, mais son regard reflétait le courage qui l’envahissait, le courage d’affronter la situation présente. « Tiens bon », c’est ce que lui aurait dit sa mère. Elle l’aurait prise dans ses bras en ajoutant qu’elle était mignonne. Momiji avait joué ce rôle crucial de l’ami réconfortant, il avait su l’épauler, sans pour autant la dicter, du début à la fin. Le lapin laissa alors place à l’adolescent ; dans son habituel mouvement de recul, Tohru lui jeta ses vêtements, et il s’empressa de rejoindre la pièce voisine.
- J’arrive tout de suite, fit Hatori en souriant. Allonge toi un peu.
Tohru le regarda suivre le lapin, ramassant au passage le pantalon qu’avait fait tomber ce dernier.
Momiji reprit son vêtement et, arrivé dans la pièce voisine, s’habilla à la hâte, quelque peu aidé du médecin. Celui-ci posa alors sa main sur son épaule, et le regarda, les yeux pleins de douceur. Il ne connaissait que trop bien la gravité de son geste, il ne savait que trop bien la peine qu’il en éprouverait une fois accompli…
- Momiji… que penses-tu de toute cette histoire ? demanda-t-il à voix basse.
- C’est… triste pour Tohru, lâcha-t-il après un silence.
- Que penses-tu qu’on pourrait faire pour que la situation s’arrange ?
- Eh bien… hum…
Il réfléchit un moment, puis avoua avec tristesse :
- Rien, rien pour le moment. Je sais qu’elle a mal, les autres aussi ont mal. Mais, avec le temps, la douleur s’atténuera… la douleur… ne disparaît jamais… mais elle diminue de jour en jour.
Il avait terminé sa phrase avec un sourire amer.
- Penses-tu…
Il hésita un peu, puis continua :
- Penses-tu qu’elle oubliera avec le temps ?
Il parut légèrement surpris, puis répondit, avec un sourire:
- Hatori… penses-tu un jour pouvoir oublier Kana ?
- Non, avoua-t-il… Je ne le veux pas, mais, même si je le voulais, je ne pourrai pas…
- On n’oublie jamais ce qui nous a blessé, continua le lapin, et c’est parfois par choix. C’est comme si elle perdait le souvenir de ses parents. Même si on en souffre, au début, la douleur diminue, et après… une fois que c’est loin de nous, on y repense avec un sourire triste…
- C’est parfois une souffrance inutile, ajouta le médecin avant de poser doucement sa main sur les yeux du jeune adolescent.
Ce dernier ne bougea pas.
- Alors… tu vas quand même le faire…
- Oui… pardonne moi, Momiji, mais je ne veux pas laisser tout le monde dans cet état… C’est de ma faute…
- Non… tu ne pouvais pas prévoir que cela allait arriver…
Hatori se pencha et lui murmura quelques mots à l’oreille. Momiji, surpris, laissa couler les larmes, puis murmura :
- Je suis désolé… tu aurais du me dire… je t’aurais aidé…
- Il est trop tard à présent…

Le médecin rentra dans son bureau ; Tohru, allongée sur le canapé, se leva brusquement.
- Oh ? Où est Momiji ?
- Il a eu un coup de barre terrible, il s’est allongé et s’est endormi l’instant d’après. Les émotions l’ont fatigué, je crois.
- J’espère qu’il va bien ! s’excita l’adolescente. Oh non, c’est de ma faute… !
- Ne t’inquiète pas, il va bien, il dors juste ! Et ce n’est pas du tout de ta faute, ne t’en fais pas.
Même si elle ne sembla pas plus rassurée que ça, elle prit sur elle et se calma. Hatori prépara du thé, et lorsqu’il lui eut donné une tasse, lui fit signe de le suivre sur la terrasse. Ils s’assirent tous deux par terre, les jambes tombant dans le vide.
- Tohru…
Elle leva les yeux vers lui.
- Je dois te parler… je dois t’avouer certaines choses.
Sur le sol en bois de la terrasse, la main du médecin s’était mise à trembler, exactement comme lorsqu’il avait parlé à Kana, de cette même peur déchirante, de cette peur qu’il n’éprouvait qu’en présence des personnes qu’il aimait le plus ; car tout comme Kana, Tohru était parvenue à faire fondre une partie de la glace qui entourait son cœur. Il enfonça ses mains dans ses poches pour cacher son angoisse, et, la gorge nouée, commença à parler :
- Il y a longtemps, Shigure a aimé quelqu’un, la seule personne à qui il avait su confier son cœur… Cette personne, en réalité… c’était Akito.
Il avait eu du mal à prononcer son nom. Mais maintenant qu’il avait franchi ce palier, sous le silence attentif de Tohru, il continuait, conservant des difficultés pour s’exprimer :
- Le lendemain, Shigure n’était plus rien pour Akito : il l’a renvoyé violemment quand il a voulu revenir. Alors… Shigure est resté longtemps dans le deuil… il a beaucoup souffert, autant physiquement que moralement, parce qu’Akito l’avait aussi frappé. Je me souviens, c’est moi qui l’avais arrêté ; Shigure était resté debout, détruit, il n’y avait plus aucune lumière dans son regard : il était comme mort. Il est resté plusieurs mois dans cet état. Ca faisait peine à voir…
Des larmes sincères perlèrent sur les joues de Tohru. Elle ne dit rien, écoutant la suite :
- Du temps a passé, depuis, et la douleur s’est altérée… il a appris à vivre avec ce souvenir, et n’en a jamais plus parlé. Je pensais qu’il avait tiré un trait sur cette histoire, mais… quand nous avons su ce qui s’était passé avec Akito, Shigure a voulu me parler. Il m’a téléphoné, et m’a avoué avoir décidé de t’utiliser pour se venger. Il voulait que, grâce à toi, Akito prenne conscience de ses actes envers les autres Soma. Il voulait sa vengeance, et il l’a eue.
Les larmes redoublèrent.
- Alors… cet amour était destiné à mal finir… vous saviez que…
- Mon but n’était pas le même, Tohru. Tu sais, je n’en ai jamais voulu à Akito, pour Kana.
- Comment… ?
- C’est la malédiction qui veut ça. Je suis né maudit, et je m’y fais. Cette vengeance ne rimait à rien pour moi.
- Alors… que vouliez-vous ?
- Briser le lien.
- Qu… !
- Comment briser un lien qui unit treize personnes à un seul individu ?
- Je… je ne sais pas… depuis un moment, je cherche un moyen… avec qu’Isuzu-san…
- J’avais trouvé ce moyen, Tohru, du moins, une hypothèse qui aurait pu fonctionner : il suffisait de lui briser le cœur, qu’il souffre d’une impuissance et d’une frustration sans pareille…
Il s’arrêta, et continua après un silence :
- Ne pense pas que j’ai désiré en arriver là : ce sadisme forcé me dégoûte… mais, ça a failli fonctionner…
Et il sourit, de son sourire triste et amer.
- Failli marcher ? répéta l’adolescente.
- Quand tu as enlacé Momiji, en sortant de chez Akito… souviens-toi… combien de temps a-t-il fallu avant qu’il se transforme ?
- Eh bien… commença-t-elle.
Elle s’interrompit : c’était vrai, il ne s’était pas transformé au premier contact.
- Une bonne dizaine de secondes…
- Exactement. Tu vois, même si je n’ai pas gagné, j’ai réussi à fragiliser ce lien. C’est certainement la solution…
Après un nouveau silence, il continua :
- Ne m’en veux pas, Tohru, s’il te plaît, ne m’en veut pas. Je n’avais pas l’intention de te tourmenter à ce point là, mais je n’avais pas le choix. Shigure même ignorait mon plan, il pensait que je voulais simplement me venger… Personne n’aurait approuvé… même Momiji, il aurait refusé de te faire souffrir… Il n’y avait que mon cœur de glace capable de supporter l’épreuve. Pardonne moi…
Elle ne dit rien, pleurant toujours ; elle était déchirée entre divers sentiments, opposés les uns aux autres : entre la pitié qu’elle éprouvait pour Shigure, l’admiration de la force mentale d’Hatori, mais aussi entre le fait de se sentir trahie, de comprendre qu’elle a été manipulée par les siens… une famille oserait-elle faire ça ? Sur qui pouvait-elle compter à présent ?
- J’ai échoué, souffla Hatori, brisant ses pensées.
Il se leva, fit quelques pas, et bientôt, Tohru le suivit :
- Non… ! Vous ne devez pas dire ça… on n’échoue pas tant qu’on tire de l’expérience de son vécu ! On n’échoue pas tant qu’on apprend de ses erreurs, on…
Mais Hatori la coupa dans son élan ; il saisit son menton entre ses doigts, approcha son visage du sien, et, doucement, murmura :
- Comment fais-tu… pour toujours trouver les mots… les mots qui apaisent le cœur… ?
Quelques flocons de neige tombaient du ciel nuageux, lorsque le médecin colla ses lèvres à celles de l’adolescente. Cette dernière resta interdite, ne sachant que faire ; son baiser était sincère, mais pouvait-elle se permettre d’embrasser celui qui l’avait manipulée ? Pourtant, elle ne lui en voulait pas, elle connaissait sa douleur… Qu’avait-elle encore à perdre ? De toute façon, il était déjà trop tard : elle s’était laissée prendre à ce délicieux baiser, à cette semi étreinte amoureuse. Lorsque leurs lèvres se décollèrent, elle remarqua enfin la neige, et le médecin murmura à son oreille :
- Quand viendra enfin mon printemps ?
- Quand la neige aura fondue, répondit aussi bas l’adolescente, posant une main sur le cœur de son nouvel amant.
- Peut-être es tu… mon printemps…
Ils s’embrassèrent de nouveau, un court temps, puis Hatori mit fin à ces baisers.
- Tohru… il est temps… de mettre un terme à toute cette histoire…
Elle baissa la tête, abattue, ne comprenant que trop bien les raisons qui le poussaient à agir de la sorte.
- Je ne peux pas… garder le secret ? Nous serions les deux seuls à savoir…
- Non. Il n’y a pas de raison que je te fasse souffrir plus. Si jamais cette relation avançait, il se passerait la même chose qu’avec Kana. Laisse mon cœur garder cet amour confidentiel…
Elle ne voulait pas le laisser souffrir seul ; mais son regard doux et fort montrait sa détermination.
- Pour m’excuser de t’avoir fait tant souffrir, laisse moi te faire oublier ce malheur…
Il posa sa main sur les yeux de Tohru, et, comme avaient oublié Akito et Momiji, et comme oublieraient bientôt tous les autres, elle perdit à jamais ce souvenir ; et Hatori pleura son âme, vidant sa peine jusqu’à la dernière larme, comme la neige qui fond au soleil, dans l’attente d’un prochain printemps.

FIN

Talentyre
10 – Courage


- Mais enfin, Yuki, ne te mets pas dans cet état !
- Fous moi la paix, Ayamé ! répondit sèchement la souris.
- Mais calme toi, enfin !
- Lâche moi !
Le serpent n’en pouvait plus : cela faisait bien dix minutes qu’il tentait de résonner son frère. Finalement, il le tira vers l’arrière, l’amena au sol, lui bloqua les mains au dessus de la tête et lui immobilisa les jambes en s’asseyant dessus.
- Laisse moi partir !
- Yuki, calme toi ! Tu n’es pas en position d’ordonner quoi que ce soit, de toute façon.
Dans un ultime soupir d’impuissance, la souris envoya à son frère un regard douloureux ; l’autre compris, mais ne pouvait rien faire.
- Yuki, mon Yuki… Parle moi au lieu de t’énerver. Tu ne vaincras pas Akito par la force, si tu veux le battre, il te faut une stratégie… Réfléchis avant d’agir…
Voyant son frère calmé, Ayamé le libéra et le laissa s’asseoir près de lui. Il posa une main sur son épaule, et dit doucement :
- Parle moi, enfin… je sais que tu souffres, et ça me fait mal… Je ne veux pas te voir souffrir plus… Je te jure que je ne dirais rien à personne… Parle moi, mon frère…
A vrai dire, Yuki aurait eu bien du mal à expliquer la situation à Ayamé, ne sachant même pas lui-même l’identifier : il ne savait pas d’où il venait, où il allait, ni pourquoi la vie s’était si soudainement bouleversée ; il ne savait plus qui il était, et rageait de ne pas pouvoir résister à cette épreuve comme le faisait Kyo. Il ne comprenait pas pourquoi Tohru pouvait bien avoir cédé à Akito, ni comment faire pour la sauver, et il ignorait également que cette toute cette histoire était en partie l’œuvre de Shigure…
Finalement, quelques larmes perlèrent sur ses joues, il s’effondra dans les bras de son frère, qui le serra contre lui avec affection, et, au comble de la douleur, il murmura dans un sanglot étouffé : « Je l’aime… »

- Shigure…
- Qui a-t-il, Tohru ?
L’écrivain était, comme à son habitude, en train de lire le journal, dans le salon.
- Eh bien… je me demandais si je devais aller parler aux garçons avant d’aller voir Akito…
- Il vaudrait mieux éviter… Ils risqueraient de te tuer avant que tu n’aies pu faire quoi que ce soit !
- Ne te sens pas obligé d’en rire…
- Sincèrement… Il vaut mieux tout régler le plus simplement possible… Si tu veux leur parler, va d’abord voir Akito. Sur ce plan, je pense que tu peux faire confiance à Momiji !
- Ah ? Pourtant…
- Pourtant ce n’est qu’un enfant ?
- Oui, c’est ce que j’allais dire…
- Tu sais Tohru… aucun des Soma maudits ne reste longtemps un enfant…
- Que veux-tu dire ?
- La maturité s’acquiert par la souffrance… Momiji a beau avoir l’air toujours heureux, au fond de lui, il souffre. Mais lui ne veut pas oublier : il aime sa mère et sa sœur, et même si ça lui fait mal, il veut conserver cet amour pour eux… Même quand on souffre, on veut toujours continuer d’aimer.
- C’est vrai…
L’adolescente se sentait pleinement concernée par la remarque. Elle aimait Akito, et ce sentiment, aussi douloureux fut-il, faisait son bonheur…
- Je n’aurai jamais du venir ici…
- Que dis-tu ?
- J’aurais du retourner chez mon grand père, ne pas me mêler de vos affaires, comme me l’avait suggéré Hatori la première fois que je l’avais vu. Il avait raison : les choses ont mal tournées, la situation nous échappe à tous, et c’est uniquement de ma faute…
Après un silence, l’écrivain répondit :
- Non Tohru… tu ne dois surtout pas prendre la situation comme ça. Tu as été une lumière pour tous les maudits… Même pour Akito : tu as ouvert son cœur, il a découvert l’amour, le véritable amour…
- Mais tout ça n’apporte que le mal !
- La douleur fait réfléchir, Tohru. S’il t’aime vraiment, il comprendra ta décision… Va donc le voir… une fois que tu auras terminé, tout rentrera dans l’ordre.
- Comment… peux-tu en être aussi sûr ?
- C’est l’instinct de l’artiste ! sourit fièrement Shigure.
Et les deux rires ensemble, oubliant pour quelques secondes leur douleur.
Pour moi aussi Tohru… tu as été une lumière… et peut-être même… la solution…

Kyo était partit chercher Ayamé et Yuki dehors. Sous les conseils d’Hatori, il avait décidé de les ramener chez Shigure, le médecin lui ayant promis d’aller parler à Akito ; promesse qu’il ne tiendrais certainement pas, Tohru étant déjà partie pour se livrer à cette tâche. Ainsi, le chat découvrit les deux excentriques dans l’une des allées du manoir Soma.
- Ah, vous voila enfin ! Allez, on rentre !
- Casse toi, Kyo, grogna la souris, sans oser croiser le regard de son cousin. J’veux pas de tes conseils à la con.
- Yuki… dis moi, qu’est-ce que tu comptes faire ?
- Ca te regarde, peut-être ?
- Yuki, ne sois pas si agressif, intervint Ayamé.
- Pourquoi vous voulez pas me comprendre, à la fin ?
- Non Yuki… Je te comprends… Toi aussi, tu aimes Tohru. C’est normal… tout le monde l’aime… personne ne peut rester insensible face à elle. Elle sait ouvrir les cœurs, c’est pour ça… Mais aucun de nous n’est digne d’être aimée par elle. Alors… si tu l’aimes, Yuki, si vraiment tu l’aimes, ne t’oppose pas à elle. Elle saura quoi faire, comme elle l’a toujours su ; tout rentrera bientôt dans l’ordre…
Il avait laissé parler son cœur, encore saignant de la même blessure que Yuki. Même s’il souffrait, tout ce qui lui importait, c’était le bonheur de la jeune fille. D’ailleurs, il lui avait lui-même dit, un jour, qu’il ne s’opposerait jamais à ses choix, qu’il l’épaulerait en amour, même s’il n’était pas l’élu…
Sans un mot de plus, Yuki hocha lentement la tête, et les trois Soma se dirigèrent vers la sortie du manoir.

Elle courait depuis plusieurs minutes, les joues rosées par le froid, un nuage de vapeur se formant sans cesse au bord de ses lèvres pour s’évanouir dans le vent. Tohru atteignit finalement la résidence principale. Sans bruit, elle en franchit la porte, fit quelque pas, et s’arrêta net : elle apercevait alors trois silhouettes qu’elle ne connaissait que trop bien, et ne savait que leur dire. Elle aurait souhaité disparaître, s’enfuir à toute vitesse, mais étant bien visible, les trois garçons ne manquèrent pas de la remarquer ; ils s’approchèrent, passèrent près d’elle sans un mot. Yuki sembla ouvrir la bouche, dans l’élan qui précède la parole, mais un regard du chat l’arrêta, tandis que les mots résonnaient dans sa tête « Si tu l’aimes… ». Au bord des larmes, Tohru repris son chemin.

« Toc toc toc »
Momiji se leva, et ouvrit la porte. Sous sourire et ses yeux s’agrandirent en une seule et même moue joyeuse :
- Tohru ! Qu’est-ce qui t’amène ici ?
- Bonjour Momiji. Je peux… te parler un instant ?
- Euh… Bien sûr, entre !
Il y avait quelque chose d’anormal dans sa voix, son regard… Momiji sentait un malaise chez l’adolescente, et il n’aimait pas ça. Observant son silence, il se permit de demander :
- Qu’est-ce qui ne va pas ?
Silence ; elle ne parvenait pas à parler, se préoccupant trop de la réaction de Momiji, des conséquences de ses paroles… Mais n’était-il pas déjà trop tard pour se soucier de ce genre de choses ? La rumeur se répandrait bien vite aux oreilles des Soma, et elle préférait que le lapin apprenne la vérité de sa bouche plutôt que d’une autre. Elle souffla, lentement, puis articula avec difficulté :
- Tu sais… quand… quand j’ai parlé à Akito… Il… m’a dit… il m’a… dit… Je…
Elle n’y arrivait pas. Encore un souffle ; Momiji, ne prononçant mot, pris sa main, réconfortant.
- J’aime Akito, lâcha-t-elle enfin, laissant en même temps couler les larmes.
L’adolescent ne pu cacher sa surprise, une surprise légère, qui n’accusait nullement son amie.
- Tu sais… je m’en doutais, finit-il par avouer. Quand je t’ai vu revenir de chez lui, tu étais… ailleurs… tu pensais à lui, hein ?
Elle approuva d’un signe de tête.
- Ne pleure pas, Tohru. Sois forte… sois forte…
Il aurait voulu la prendre contre lui, mais pour la première fois, il en eut peur : peur de se transformer, de n’être plus qu’un petit lapin, impuissant face à elle, incapable de la consoler davantage…
- On a tous des moments difficiles, Tohru. Tout ira bien si tu crois en toi.
- Qu’est-ce que je dois faire… ? Ca ne peut plus continuer… je voudrais parler à Akito mais… je sens que… je ne serai pas capable… pas capable de ne pas céder… je…
- Non Tohru ! Si tu veux mettre un terme à toute cette histoire, tu dois croire en toi ! Je t’interdis de douter ! Tu es forte, tu es la fille la plus forte que je connaisse ! Toi qui ne plies jamais, il n’est pas temps de commencer ! Va voir Akito, explique lui calmement que cette histoire n’apporte que le mal, explique lui sans paniquer que c’est la fin, et surtout, quand tu parleras, garde ton calme. Ne fléchis pas, s’il s’énerve ou te frappe, reste digne et fière, ne perd pas confiance !
Les paroles du lapin atteignirent Tohru droit au cœur : elle se sentait plus forte, elle tremblait moins…
- Momiji…
Elle essuya ses larmes d’un revers de manche.
- Merci ! Je n’ai plus peur, grâce à toi. Je vais aller affronter Akito, et quelque soit l’issue de cette discussion, je ne plierai pas devant lui.
- Génial… ! T’es géniale Tohru ! Tu sais quoi ? Attend, ne bouge pas !
Il alla chercher quelque chose rangé dans son bureau, puis revint, un marqueur dans la main, pour écrire quelque chose sur son plâtre.
- Si tu as peur, si tu perds confiance, regarde ce mot, regarde le bien et pense à moi !
Les yeux de Tohru s’arrêtèrent sur le plâtre, où était inscrit : « courage ».
Talentyre
9 – Celui qui séduit les âmes


- Quoi ? Mon Yuki est blessé ?!
Ayamé avait bondi de son siège. Yuki, son cher petit Yuki, frappé par Akito ? Il ne pouvait vraiment pas laisser passer ça. Il était tellement choqué… battu jusqu’à l’évanouissement ! Il n’y était pas allé de main morte.
- Ah, il va m’entendre, l’autre !
- Mais non, mais non… ne t’énerves pas, Ayamé, ça ne servira à rien. Je voulais juste t’informer que…
- Je file chez Hatori !
- Maintenant ?
- Oui !
- Ayamé… je tiens à te faire remarquer qu’il est près de dix heures, et que comme Yuki est très fatigué, il doit être en train de dormir.
- Eh bien…
Il réfléchit un instant, puis s’exclama :
- Je file chez Hatori demain dès la première heure !
- C’est déjà mieux…
Après avoir raccroché, le serpent s’effondra sur son canapé. Comment Akito avait-il osé toucher à son protéger… cette pensée occupa son esprit toute la soirée, et lorsqu’il voulut aller dormi, il eut grand mal à trouver le sommeil.

Midi pile, il sonnait chez Hatori. Toujours aussi matinal, Ayamé avait réussi à s’arracher du lit vers onze heures, se souvenant que son Yuki était en potentiel danger. Il avait couru, sans avoir le temps de rien avaler, et devant la porte, son estomac orchestrait une mélodie plus qu’admirable. Le médecin vint ouvrir la porte, pour la refermer aussitôt, grommelant un « Oh non, pas toi… » à l’instant où il aperçut Ayamé. Ce dernier frappa contre la porte, criant la raison de sa visite :
- Je viens voir mon Yuki !!
- Justement, intervint Hatori en ouvrant légèrement sa porte, il a besoin de repos. Si tu gueules comme ça…
- Juré, je reste calme ! Pitié Hatori, laisse moi entrer ! Je suis inquiet.
- Mais il va bien…
D’un coup vif, Ayamé avait forcé le passage et courait à présent rejoindre son frère, qu’il trouva endormi, non loin de Kyo.
- Ah, mon petit Yuki, tu es vivant !
- Que croyais-tu trouver en venant ici, imbécile ? Un cadavre ?
Et paf, dans les dents. Le silence revint et tous deux se rendirent alors dans le bureau. Il semblait à Ayamé que son ami était plus agressif qu’à l’habituelle : en réalité, Hatori était juste légèrement angoissé.
- Je me demande bien comment cette histoire va se finir, finit-il par soupirer, s’asseyant dans un fauteuil, près de son ami.
- Cette histoire ? Qu’est-ce que tu veux dire ? Ne pense pas m’empêcher d’aller voir Akito !
- Justement… j’imagine que c’est Shigure qui a eu la bonne idée de t’appeler…
- Tout à fait !
- Et j’imagine aussi qu’il ne t’a pas donné tous les détails…
- Mais c’est vrai, ça ! Pourquoi Akito a frappé mon Yuki comme ça ?
Le médecin réfléchit un instant, puis dit :
- J’ai pas envie de te le raconter.
- Hé mais… non ! Je ne te laisse pas le choix ! Dis moi tout !
- Tu demanderas à Yuki, moi, je n’ai pas la force de me lancer dans une telle histoire.
Les réclamations répétées du serpent n’y firent rien : il dut attendre le réveil de son frère…

- Non !!!
Dans un sursaut, Yuki était sorti de la torpeur de son rêve, et avait ouvert les yeux sur la chambre à coucher. Fixant le plafond, il tentait de se rappeler ce qu’il pouvait bien faire ici. Son corps était engourdi, recouvert de bleus, et une douleur aiguë semblait lui perforer le crâne. Il se souvint alors des coups d’Akito. Mais pourquoi… pourquoi l’avait-il frappé, cette fois ? Il revit alors une scène de son rêve… Tohru sur un lit, auprès d’Akito. Il hurlait un « non » muet, qu’il était le seul à entendre. Pourquoi ce sentiment d’impuissance ? Il se redressa soudainement, refusant la réalité : ce rêve n’était qu’une reproduction des évènements passés, tout cela était bien arrivé ! Il se précipita hors du lit, courant chercher du secours. Il fallait sauver Tohru, à tout prix.

Arrivé dans le bureau, il vit Hatori et Ayamé installés.
- Te voila réveillé, dit le médecin.
- Mon p’tit frère chériiiii ! s’écria Ayamé, lui sautant au cou pour le prendre dans ses bras.
- Ayamé ! Lâche-moi ! Tu me fais mal !
- Oh, pardon, pardon ! Est-ce que ça va ?
- Moi, oui, mais Tohru est en danger !
- Ne t’inquiète pas, elle est saine et sauve, indiqua le médecin.
- Quoi ? Où est-elle ?
- Elle est retournée chez Shigure.
- Ah ! Je vais aller régler son compte à Akito ! Il a abusé d’elle ! s’insurgea la souris.
- Quoi ? s’exclama à son tour Ayamé. Raconte moi tout ça ! Que s’est-il passé ?
Il entreprit de raconter les grandes lignes de l’histoire. Une fois son récit terminé, Hatori se permit de corriger :
- Yuki, Akito n’a pas du tout abusé de Tohru…
- Ah ouais ? Je les ai vu ! Ne parle pas de ce que tu ne sais pas !
- Ne t’emporte pas : c’est moi qui suis venu vous chercher chez lui, quand vous étiez inconscient. Je sais parfaitement que Tohru et Akito ont une relation amoureuse, et aucun n’a forcé l’autre. Tu dois le respecter…
Kyo arriva dans la pièce à ce moment là.
- Vous gueulez bien fort, vous !
- Arrête de râler, c’est pas le moment ! Tu te souviens de ce qu’il s’est passé avec Tohru ou ton petit cerveau n’a pas eu le temps de tout capter ?
- Ne m’agresse pas parce que tu es angoissé : je sais autant que toi ce qu’il s’est passé.
- Alors aide moi à battre Akito ! On ne peut pas laisser Tohru avec ce monstre !
Après un court silence, Kyo répondit :
- Non… elle l’a choisit, c’est tout. Tohru n’a pas été forcée…
- Ca voudrait dire qu’elle nous a lâché comme des merdes ! Tu ne te rends pas compte, je crois !
- Si… Mais, je ne peux pas en vouloir à Tohru…
- Comment ?
- Akito l’a séduit… c’est tout… comme il nous séduit tous, comme il nous manipule : il l’a eue. Ce serait aller contre la volonté de Tohru que de la blâmer. Tu sais qu’elle ne pense qu’aux autres, mais pour une fois, même si tu souffres de sa décision, laisse la choisir sa voie.
- Mais tu ne comprends pas qu’Akito la manipule contre nous ?
- Et alors ? Tant que Tohru est heureuse, le reste ne compte pas…
Il semblait étrange à tous d’entendre ce discours sortir de la bouche de Kyo. De l’autre côté, Yuki était énervé, impatient, et ne brûlait que de l’envie d’aller tuer Akito.
- Vous comprenez rien ! finit-il par crier, avant de s’en aller en claquant la porte.
Il fut bien vite suivi de son frère.
- Ceux sont eux qui n’ont rien compris, souligna Hatori.
Et dans son fort intérieur, il attendait plus que tout au monde la fin de cette histoire, il attendait que tout rentre dans l’ordre. Il lui faudrait pourtant bien vite trouver un moyen de contacter Momiji, pour la suite de l’opération…
Talentyre
8 – Un chien de bon conseil


Le soir même, Tohru rentra chez Shigure. Son sourire avait disparu, et dans son esprit, c’était comme s’il ne revenait jamais. Elle entra dans la maison, désirant se faire la plus discrète possible pour aller dormir, et ne pas se faire remarquer des garçons ; mais elle tomba nez à nez avec Shigure.
- Te voila, j’ai passé une commande chez le traiteur ! Désolé, mais j’avais trop faim, sourit celui-ci. Ca vient d’arriver, viens manger avec moi !
- Je… n’ai pas très faim…
- Oh non ! Tu ne vas pas me laisser dîner tout seul !
- Tout seul ?
- Eh bien oui ! Yuki et Kyo passent la nuit chez Hatori ! Il paraît qu’ils ont vu Akito, et qu’ils se sont battus avec lui. Comme ils en on pris plein la face, ils ont besoin de beaucoup de soins !
- Ah…
- Et toi ? Où étais-tu toute la journée ?? Tu m’as manqué tu sais !
- J’étais… je… nulle part, je…
Shigure la regarda alors avec des yeux compatissants. Elle tremblait à présent, au bord des larmes. Il déballa le dîner sur la table.
- Assied toi, mange un peu, et raconte moi tout…
Les premiers coups de baguette, silencieux, laissèrent la place aux paroles hésitantes de Tohru. Elle décida finalement de tout lui avouer : de toute façon, les garçons raconteraient tout en rentrant, il serait bien au mis au courant. Tous les Soma allaient apprendre la nouvelle, et elle devrait fuir, fuir loin, car elle aimait celui qui les plongea tous dans la souffrance depuis leur naissance.
- J’étais chez Akito également…
Les mots s’enchaînèrent, rapidement, dans un récit confus mais complet. Shigure la laissait parler, la regardant sérieusement. Lorsqu’elle acheva, pleurant son âme, il posa sa main sur son épaule.
- Ne t’en fais pas… la situation finira par s’arranger…
- Je ne veux blesser personne… pourtant, je le serai bien obligée… non… qu’est-ce que je dois faire, maintenant ?
- Hum… répondit l’écrivain d’un air penseur. La question n’est pas là ; ce n’est pas ce que tu dois faire, mais ce que tu veux faire. Tu vis ta vie, pas celle des autres, et je pense depuis toujours que tu te préoccupes trop de ce que les autres peuvent ressentir.
- Je veux… je veux recommencer… cette partie de ma vie… l’effacer…
- Veux-tu oublier ? Hatori en a le pouvoir. Il lui suffirait d’effacer ta mémoire, ainsi que celle des garçons…
- Oublier… je ne sais pas…
Non, au fond de son âme, une voix lui disait de ne pas oublier. Ces moments passés avec Akito, malgré les problèmes qu’ils entraînaient, étaient les plus doux qu’elle ait vécu. Lorsqu’elle était dans ses bras, elle voyait le temps s’arrêter, et plus rien d’autre n’existait pour elle que leur univers.
- Non… je ne veux pas oublier… Mais, je suis consciente que ça ne peut plus durer…
- Je te propose la chose suivante : tu vas parler à Akito, et tu lui expliques la situation. Pendant ce temps, je charge Hatori d’effacer la mémoire de Kyo et de Yuki. Le secret restera entre nous quatre, et la vie reprendra comme avant… Tu es d’accord ?
- Comment… tu penses vraiment que ça marchera ? Ils pourraient être mis au courant…
- Non, il n’y a aucun souci… tout se passera bien.
- Comment peux-tu en être aussi sûr ?
Il ne répondit qu’après un léger silence :
- Disons que… une situation semblable s’est déjà produite… La seule personne que j’ai réellement su aimer a été tuée par Akito… Je ne supportais plus le soutien des autres, les regards étaient devenus différent : ils avaient pitié de moi. C’était un fait que je ne pouvais accepter. Presque tous les Soma ont eu la mémoire effacée, et la vie a continué.
Retrouvant son sourire, il repris :
- Je n’ai pas voulu oublier, moi non plus. Je comprends ce que tu ressens, et je respecte ton choix. Le secret est resté entre Hatori, Akito et moi. Je n’ai pas pu faire confiance avec Ayamé sur ce point là. Je te le dis, mais bien sûr, tu ne le répètes à personne !
- Bien sûr !

Comme Tohru alla bientôt se coucher, épuisée par sa journée, et bien décidée à aller parler à Akito, pour la dernière fois, Shigure saisit son téléphone et composa un numéro.
- Allo, Hatori ? C’est Shigure ! Les garçons sont toujours chez toi ? ... Tant mieux… Tout se passe comme prévu, ne t’en fais pas. Je vais appeler Ayamé, il entre en scène dès demain… Tohru ? Elle m’a écouté, bien sûr ! … Des scrupules… et puis quoi encore ? … Mais non, tu sais très bien que je me fous totalement de ce qu’elle pense ! Et puis de toute façon, elle ne s’en souviendra pas… Oui, je compte sur toi pour ça ! … Ne t’en fais pas, le scandale va se répandre… Mais non, il n’y a aucun risque ! Allez, détend toi, on tiendra bientôt notre vengeance ! … D’accord, à demain, je t’appellerai.
Il raccrocha, et composa un autre numéro. D’un air satisfait, il mit ses lunettes et déposa un livre sur la table, le sourire aux lèvres.
- Ayamé ? C’est moi… J’ai quelque chose à te dire… Non, rien de grave, enfin, c’est tout de même important…
 
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