Sujet : L'indécision n'est plus de mise[Zénith] | |  Posté le 18-09-2007 à 23:28:51
| La navette avait déposé une démone un peu décontenancée sur le Luastria, et c’est toujours d’une démarche mal assurée qu’elle s’avança dans cet immense hall, suivant le tapis à la couleur carmin, qui la menait vers un homme, assit derrière une table, battant un jeu de cartes entre ses mains. Tout lui paraissait encore si surréaliste… pourtant bien elle était montée dans cette "navette", avait volé dans le ciel azuré, puis dans le noir d’encre parsemé d’étoiles, pénétré un vaisseau plus grand encore, et la succube avait toujours du mal à y croire. Enfin, elle ne devait pas être la seule dans le cas, à devoir apprendre un nouveau mode de vie bien plus évolué que le sien. C’était peut-être une des choses que symbolisait cet immense arbre sans racine tendu sur le mur en face d’elle, sous lequel se trouvait l’homme qu’elle avait vu et qui semblait attendre les nouveaux arrivants. Plus elle avançait vers ce destin qu’elle avait choisi, et curieusement, moins elle trouvait cette nouveauté dérangeante.
La fierté démoniaque qui coulait dans ses veines lui fit vite reprendre une attitude un peu plus digne, et lorsque son nom fut appelé – provoquant un haussement de sourcil, Naelith ne se souvenant pas l’avoir donné au complet – la jeune succube vit s’asseoir sur la chaise désignée, ses yeux rouges clair inquisiteurs tranchant avec sa tenue d’emprunt immaculée. Premier constat : elle n’aimait pas ce type. Son instinct lui criait que ce n’était pas un simple être humain… Alors que c’était eux qu’elle craignait le plus, ou plutôt dont elle craignait les réactions, la rencontre d’une personne vraisemblablement différente aurait du lui procurer un regain d’espoir, mais ce fut le contraire. Il y avait quelque chose de froid dans son attitude, quelque chose… d’inhumain est le terme qu’elle aurait employé, si tant est que ce mot eut encore le sens qu’elle lui donnait à une époque pas si lointaine que ça… Seulement, elle était bien placée pour savoir que ce n’est pas la première impression, ou la nature de la personne qui peut dire ce qu’elle est en réalité. Alors, Nae respira un bon coup, et essaya de conserver une expression neutre alors qu’elle attendait la suite des évènements. |
| | Posté le 18-09-2007 à 23:39:32
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L'examinateur battit son jeu de carte et en posa deux sur la table.
"Je vais vous poser trois questions, qui correspondent à des mises en situation. Répondez ce que votre coeur vous dicte."
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On vous laisse le choix entre deux animaux de compagnie pour vous suivre dans vos voyages: prendrez-vous un loup ou un aigle?
Edité le 18-09-2007 à 23:46:21 par Paine
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| | Posté le 23-09-2007 à 00:13:21
| Des mises en situation ? Probablement pour évaluer les nouveaux, et savoir à quoi s’en tenir avec ceux qui débarquaient, comme elle. La démone prit le temps de la réfléxion, pour finalement aboutir à cette conclusion : elle n’était pas tellement convaincue par ce système, qui pouvait se révéler hasardeux. La réponse pouvait différer, pour peu que la personne soit dans un bon jour ou pas, et selon son expérience, en l’occurrence expérience immédiate. Après tout, ils venaient de perdre leur monde, et tous les gens qu’ils connaissaient, ils avaient des raisons d’être déboussolés… Naelith, par exemple, appréciait beaucoup les oiseaux, et avait toujours admiré l’aigle, que l’on désignait sous le nom de roi des cieux, et était fascinée par la possibilité de voler, possibilité qu’elle avait su à portée de sa main, pour être une succube, race possédant généralement des ailes. D’ailleurs, le décollage de la navette avait été à la fois un moment d’appréhension et d’exaltation. Cependant… elle n’avait guère pu concrétiser ce souhait, d’une part, parce que, dès cet instant, il n’y avait guère de chance que sa nature reste secrète dans le village, et d’autre part, parce que ses ailes refusaient désespérément de se déployer… A peine une esquisse de bosse sur ses omoplates, rien de plus, avait réduit le rêve de Nae à néant. La démone continuait à espérer pourtant.
Mais… les circonstances actuelles l’inclinaient à pencher pour l’autre solution. Le loup avait une signification un peu plus violente, sauvage, du moins dans son imaginaire, et celui de son monde, et on lui prêtait de qualités plus appréciables aux yeux de la succube à l’heure actuelle. Fierté, noblesse, S’il fallait en gros s’identifier aux animaux cités, la démone préférait s’approprier ces caractéristiques là, plutôt que celles de l’aigle.
On lui avait demandé de répondre avec son coeur, d’être sincère ? Elle le serait.
"En tant normal, j’aurai certainement dit un aigle, mais actuellement je serai plus encline à pencher pour le loup."
Si la réflexion était un peu plus étoffée, Nae se montrait en revanche avare en paroles, dû à la suspicion qu’elle se croyait en devoir d’afficher, face à ces éléments, ce décor, ces personnes nouveaux pour elle. One ne montre pas ses vrais sentiments au premier venu, quand bien même on avait choisi son camp. |
| | Posté le 23-09-2007 à 00:25:06
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L’examinateur récupéra les deux cartes et en posa de nouvelles.
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Perdu au milieu de l'océan avec trois autres personnes, tous affaiblis, vos vivres se font rares. Tous attendent votre proposition, et vous ignorez combien de temps durera encore votre errance. Allez-vous rationner équitablement la nourriture, ou tout donner à celui qui a le plus de chance de survivre pour qu'au moins l'un d'entre vous soit sur de s'en sortir?
Edité le 23-09-2007 à 00:28:04 par Paine
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| | Posté le 23-09-2007 à 00:37:15
| Cette fois, le choix était plus cornélien, par ce qu’il impliquait. La survie, notion qui faisait souvent appel aux plus bas instincts de l’être humain, et le rabaissait au niveau des animaux desquels il se croyait tellement supérieur. S’il est bien une chose que l’homme a conservé de l’époque où il peinait à marcher sur ses deux jambes, c’est bien cet "instinct de conservation", ce réflexe salvateur et le plus souvent inconscient. Mais chez la race humaine, cela peut vite devenir sordide. Oh bien sûr les démons ne sont pas en reste question comportements vils et bas, toutefois, ils ne s’en cachent pas, et agissent sans détour. Les humains eux, peuvent afficher un visage d’ange, selon l’expression consacrée, et au moment critique, se transformer en véritable démon, toujours selon l’expression bien entendu. Vision pessimiste, évidemment, puisqu’il y aurait des personnes intègres pour choisir l’option de répartir équitablement les vivres, mais en cet instant, il n’y avait guère de place pour l’optimisme chez la succube.
Et Nae, que ferait-elle ? Suivrait-elle ce que lui dicterait son instinct, ou la réflexion ? La jeune femme avait été éduquée afin de dominer ses passions, souvent violentes, et dans un esprit de respect de soi et des autres. Son père était très à cheval sur les principes, et pas seulement parce qu’elle était sa fille et une démone. L’équité en était un, mais le sacrifice pour la communauté en était un autre. L’intérêt du groupe passait avant l’intérêt personnel, et dans ce cas de figure, ce qui importait était qu’au moins une des personnes survive. C’est probablement ce que Dion Heldenst aurait dit. Et c’est cette idée, fruit de son éducation, que Naelith allait suivre.
"Mon avis est le suivant : il vaudrait mieux qu’il y ait une personne qui survive, plutôt que toutes meurent, je choisirais donc de donner la nourriture à une seule personne." |
| | Posté le 23-09-2007 à 00:43:23
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L’examinateur remit les cartes dans son jeu avant d’en glisser de nouvelles et de poser l’ultime question.
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On vous révèle que ce que vous croyiez être la réalité n'est en fait qu'une illusion, et que dans la vraie réalité, vous êtes la représentation de l'être que vous méprisez le plus. Allez vous décider de rester dans cette illusion pour demeurer ce que vous voulez être, ou bien accepter la réalité aussi dure soit-elle ?
Edité le 23-09-2007 à 00:43:38 par Paine
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| | Posté le 30-09-2007 à 23:55:13
| "J’accepterai cette réalité. Je l’ai déjà acceptée…"
Question ô combien difficile à appréhender, tant elle ressemblait à sa situation actuelle par bien des aspects… ce qui évidemment provoqua une vive émotion chez Nae, laquelle essaya tant bien que mal de ne rien laisser paraître. Il était hors de question qu’elle fasse preuve de faiblesse à peine arrivée ! De plus, elle ne désirait absolument pas paraître fragile et délicate, comme son apparence l’indiquait. La démone n’était pas un petit bibelot précieux, loin de là, et elle voulait qu’on le sache, pour s’intégrer, et non pas être mise à l’écart, sous prétexte de la "protéger", ainsi que l’on avait fait lorsqu’elle était plus jeune. Une poupée Naelith ? Certainement pas, mais elle avait toujours du le prouver, à chaque instant, tant que tout le monde l’avait prise pour une humaine, afin de s’intégrer, dans une société où ceux qui n’étaient pas utiles à la communauté était en général exclus. Pourtant, parfois, elle aurait bien aimé pouvoir se montrer un peu moins dure, se laisser aller, mais elle ne pouvait pas, et de toute façon, elle ne voulait pas. Ca aurait fatalement amené à laisser sa nature prendre le dessus, si elle ne se dominait pas en permanence…
Enfin bref, Nae ne désirait absolument montrer une quelconque fragilité, par fierté, habitude et prudence, pourtant, malgré ses efforts, la réponse qu’elle donna alla au-delà de ce qu’elle aurait du dire… et la démone se mordit la lèvre ; elle commençait à se laisser un peu trop aller. Autant avec Diana, elle n’avait pas éprouvé la moindre difficulté, et encore moins de honte, à se confier, vaguement tout de même, autant avec cet homme, elle ne voulait pas. Elle ne voulait pas parler de son histoire, s’étendre sur ce qui l’avait amenée ici aujourd’hui, car il n’y avait pas que le Néant qui avait motivé son choix pour les Sans-Destin et son arrivée sur le Luastria. C’était aussi à cause de son désir de prouver son "humanité", si l’on peut dire. Son secret ayant été éventé sur son monde, la démone était à la recherche d’une acceptation, à la recherche de sa propre acceptation sur sa nature. Avouer qu’elle était une démone était toujours difficile pour Nae, puisque cet état de fait lui avait apporté une vie de contraintes, pour finir par une condamnation à mort…
Aussi n’ajouta-t-elle rien, et attendit la suite des évènements, et le futur verdict quant à ses réponses. |
| | Posté le 01-10-2007 à 00:02:14
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Une fois la dernière réponse donnée, l’examinateur rangea les cartes.
"Le tarot a parlé : vous suivez la voie du Zénith ! Voici une carte, qui est la clé de vos appartements de l'Aile Bleue. Si vous voulez vous y rendre, il suffit de serrer cette carte dans votre main, et des flèches apparaîtront au sol pour vous guider. Il est toutefois conseillé de se présenter au leader de votre voie, Amrael, qui vous remettra un objet important et répondra à toutes vos questions sur votre nouvelle vie de Sans-Destin et sur votre section en particulier." |
| | Posté le 01-10-2007 à 00:17:27
| Zénith... un joli nom, qui n'avait pas encore de signification pour elle, mais qui ne tarderait pas à en avoir, puisqu'elle ne manquerait pas de se présenter à cet Amrael, autant par curiosité que par devoir. Ayant accepté d'entrer chez les Sans-Destin, elle acceptait l'autorité de fait de ses dirigeants, et la jeune démone était très respectueuse des règles - tant qu'elle conservait son empire sur elle-même, après, c'était à voir.
Donc, sa prochaine destination était sans conteste le bureau d'Amrael. Quoi que, peut-être qu'un brin de toilette s'imposait avant... oui, sans doute, on ne se présentait pas face à une personne si haut placé avec des traces de feu courant sur toute la peau.
Bien, puisque la démone avait décidé quoi faire, c'est-à-dire aller faire un rapide tour dans ses appartements, puisque là devaient se trouver les commodités - d'ailleurs, d'où lui venait cette idée? Peut-être parce que chez elle, ce genre de chose se faisait dehors, et qu'elle se voyait mal sortir en plein espace. Or donc, elle ne pouvait partir sans saluer la personne qui l'avait accueillie, si froide et distante fut-elle, et si antipathique, c'est pourquoi en se levant, elle adressa un signe de tête à l'examinateur.
"Merci pour ces renseignements et cet accueil, et au revoir."
La politesse a ce quelque chose d'hypocrite qui fait dire des choses qu'on ne pense pas du tout. Aussitôt, la jeune succube tourna les talons, et suivant les fameuses flèches, fascinée par leurs couleurs et les jeux de lumière, les froids murs de métal, et tout ce qu'elle découvrait, elle se dirigea vers ses appartements. |
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