Sujet :

Final Fantasy : Beyond Crisis

Paine
   Posté le 02-07-2007 à 02:19:54   

Hé oui, je me lance enfin à poster une histoire moi aussi ^^'

Cette petite fic est la suite d'un délire qui m'a pris un soir, où je pensais au devenir d'un de mes persos de RP. Ce délire a pris des proportions assez importantes finalement, puisque j'en suis à 5 chapitres achevés, même si je ne sais finalement pas trop où je vais, faisant le tout au feeling...

Avis : je n'ai joué à FF7 qu'en spectatrice, je ne connais pas parfaitement les persos issus du jeu, j'ai donc fait de mon mieux, j'espère que les fans ne m'en tiendront pas rigueur ^^'

J'ai essayé de faire en sorte que même en ne connaissant pas l'histoire du RP Before Crisis, cela soit compréhensible pour tous, si ce n'est pas le cas, n'hésitez pas à poser des questions ^^

Chapitre 1 : Ca faisait longtemps…


Sous la pluie bienfaisante engendrée par la chute de Sephiroth revenu d’entre les morts, vaincu par Clad après un âpre combat, Rufus, assis dans son fauteuil, était pensif. Tout ce qu’il avait fait à présent, cela avait-il servit à quelque chose ? Se racheter… ça, ce n’était qu’une ruse destinée à pousser Clad à affronter ses « frères », au fond, il était toujours le même jeune homme arrogant qu’autrefois… ou peut-être pas. Peut-être qu’il y avait une pâle lueur de vérité dans tous ces mensonges, un vague espoir. Du moins, est-ce ce qu’elle aurait aimé…

Rufus se sentait curieusement bien sous l’ondée, elle était… apaisante, le poids de cette maladie, cette géostigma, se faisait moins sentir. N’étant plus recouvert de ce drap qui lui cachait le visage, il baissa les yeux vers sa main. Les tâches s’estompaient petit-à-petit… C’était une victoire totale pour lui, exactement ce qu’il avait espéré. Manipuler les gens, c’est une des choses qu’il faisait le mieux…

« Bonjour Rufus… ça faisait longtemps. »

Une voix féminine venait de s’exprimer ainsi dans son dos, et les quatre Turks présents avaient dégainé leur arme pour la pointer sur l’inconnue. Enfin, pas si inconnue que ça, à en juger par l’expression de surprise qui se peignit sur le visage très expressif et presque enfantin de Reno. Devant eux se tenait une femme aux longs cheveux châtains presque noirs, une longue veste blanche, semblable à une blouse d’infirmière, et des lunettes de vue qui abritaient deux magnifiques yeux verts…

« Mais…mais… je croyais que tu étais…
- Morte ? Il y a des moments où j’aurai bien aimé… Ce cher Reno… ricana-t-elle, tu n’as pas changé du tout à ce que je vois. Toujours autant de classe, et ces cheveux flamboyants toujours en bataille. Comment va Jade ? Si vous êtes toujours ensembles, tu la salueras de ma part. »

Tandis que Reno commençait à fulminer dans son coin à cause de ses moqueries, et surtout parce qu’il ne savait que répondre, les trois autres Turks restaient impassibles, Rude n’ayant levé qu’un sourcil d’étonnement. Lui aussi était persuadé qu’ils lui avaient réglé son compte il y avait des années de cela. Stella les salua tout de même d’un signe de tête poli. Malgré qu’ils aient eu pour ordre de la tuer, elle ne leur en voulait pas le moins du monde. Ils n’avaient obéi qu’aux ordres, tout comme elle l’avait fait. Pendant un certain temps. Et pour une raison totalement idiote…
Quant à Rufus, il daigna enfin tourner son fauteuil vers la nouvelle arrivée, sans cependant se lever, et à peine lever les yeux vers elle, comme si il se fichait éperdument de la revoir après tant d’années. Peut-être était-ce le cas, ou peut-être pas… Non, il ne s’en fichait pas, Rufus gardait les yeux baissés pour que Stella ne puisse y voir la surprise, le choc causé par une telle nouvelle. Si les Turks avaient pourchassés Stella après sa « résurrection », le futur président Shinra n’avait jamais été au courant de cette affaire. Pour lui, le cercueil que l’on avait mis en terre contenait le corps de la femme qui s’était sacrifiée pour lui. Alors, entendre sa voix, qu’il n’avait assurément manqué de reconnaître, la voir là, devant lui, bien vivante, avait de quoi le troubler… Mais comme à son habitude, Rufus se devait de ne rien montrer, ni joie, si tant est qu’il en ressente, ni surprise, rien. Rien que ce masque imperturbable de président sûr de lui.

- « Bonjour Stella… répondit-il enfin, sans se départir de son calme habituel, et sans que sa voix ne trahisse une quelconque surprise. Effectivement, ça fait un bail… 9 ans c’est ça ?
- Je suis étonnée que tu t’en souviennes… d’ailleurs, que tu te souviennes de mon nom devrait déjà me flatter. »

Il faisait mine de ne pas vraiment la regarder en face, mais en réalité, n’en perdait pas une miette. Malgré les années, elle avait peu changé, et était toujours aussi belle et bien roulée ma foi, pensa-t-il. Une vague de souvenirs afflua à l’esprit du président Shinra, et la main qu’il avait portée à sa bouche en signe de réflexion masqua à peine le sourire qui s’inscrivit sur son visage. Mine de rien, il en avait partagé des moments avec cette femme...

- « Voyons Stella, qu’elle piètre image de moi tu as gardé ! A t’entendre, on jurerait que je me fichais totalement de toi.
- Mais c’est le cas… Tu ne peux pas avoir changé Rufus, je te connais par cœur… »

La jeune femme marqua une pause, puis leva les yeux au ciel, la pluie heurtant le verre de ses lunettes avec un petit bruit sec. Mais elle ne fit pas même mine de les enlever pour les nettoyer, et continua à parler, d’un ton qu’on aurait pu qualifier de conversation, comme de vieux amis qui continuaient une discussion commencée des années auparavant et la reprenaient exactement là où ils l’avaient laissée.

- « Hum… je devrais peut-être aller remercier Clad… cette pluie est réellement miraculeuse. J’ai eu beau essayer pendant deux ans, je n’ai jamais réussi à soigner la géostigma… à peine la soulager.
- Ca ne m’étonne pas. Tu fais toujours passer les autres avant toi.
- Je vois que toi aussi tu me connais un peu… Ca fait assez plaisir j’avoue. Rufus… pourrais-je te parler seule à seul ? S’il-te-plaît…
- Je n’y vois pas d’objection. Laissez-nous » commanda-t-il aux Turks, accompagnant son ordre d’un geste de la main.

La requête de Stella sonnait presque comme une supplication, et les quatre Turks obtempérèrent sans discuter, sauf Reno qui voulut protester, mais en fut empêché par son compère Rude. Stella ne put s’empêcher de sourire, revoyant le duo de choc tel qu’elle l’avait connu. D’ailleurs, elle n’avait pas manqué non plus leur combat contre Yazoo et Loz, combat parsemé d’éléments comiques, tandis qu’elle-même soignait tant bien que mal sur place les victimes des monstres invoqués par les hommes aux cheveux argentés, suivis du terrible Bahamut. Il y a des gens qui ne changeaient pas, malgré les années, et ces deux là en étaient un bon exemple.
Les quatre Turks s’éloignèrent donc, sans toutefois aller bien loin, soucieux qu’ils étaient de la sécurité de leur président face à une femme qui avait été des leurs et possédait les capacités pour le tuer facilement. Les capacités, certes, mais l’envie…

- « Ils t’obéissent toujours au doigt et à l’œil à ce que je vois. De bons toutous bien soumis, comme je l’ai été… fit la jeune femme avec une grimace en baissant la tête.
- C’est un point de vue. Je préfère quant à moi y voir une certaine loyauté que les évènements n’ont jamais entamée. Malgré les difficultés de la Shinra, ils sont toujours avec moi, pour m’aider à la reconstruire. Ca m’a fait réfléchir un peu…
- Toi réfléchir sur la loyauté? Aurais-je eu tort quand je pensais que tu n’avais pas changé ?
- Peut-être, peut-être pas… A toi de te forger ta propre opinion sur mon compte.
- J’ai bien peur de n’être pas très objective en ce qui te concerne Rufus…
- C’est probable… de quoi voulais-tu me parler ?
- D’abord, j’ai une question… est-ce que tu as lu ma lettre ?
- Celle que tu m’as écrite quand tu as voulu quitter les Turks ? Je crois que oui, mais 9 ans c’est loin, je ne me souviens pas vraiment du contenu.
- Je vois… »

La jeune femme s’adossa au mur, et laissa échapper un petit rire nerveux. Quelle idiote elle était, elle aurait mieux fait de ne pas venir le voir… Mais non, elle avait quelque chose à lui dire, quelque chose d’assez important. Pourquoi après tant d’années éprouvait-elle le besoin de lui en parler ? Par soucis d’honnêteté ?

- « Rufus… pourquoi restes-tu assis ? Tu dois être guéri maintenant.
- J’attendais que tu viennes t’asseoir sur mes genoux comme avant bien sûr. »

Même si son visage restait pratiquement de marbre jusqu’à maintenant, son sourire sarcastique était cette fois bien visible, et la jeune femme en fut assez blessée, mais surtout révoltée. Le souvenir de ce qu’elle avait dû faire lui revint en pleine figure, et c’est presque en hurlant et les poings serrés qu’elle lui répondit.

- « Tu peux toujours rêver !
- Si on ne peut plus plaisanter… c’est bien dommage, tu es toujours aussi belle pourtant. Enfin, pourquoi voulais-tu me voir ? demanda-t-il se levant enfin pour la regarder en face, montrant par-là même que lui aussi était toujours aussi séduisant que dans son souvenir.
- J’ai quelque chose à te montrer. »

Stella se repoussa lentement du mur, et plongea la main dans une de ses poches, pour en ressortir un morceau de papier glacé. La photo d’une petite fille qui lui ressemblait beaucoup, fillette aux longs cheveux foncés et aux yeux bleus. Des yeux qui ressemblaient étrangement à ceux de Rufus…

« Je te présente Celene, ta fille » dit-elle simplement en lui tendant la photo.

Douce ironie, la pluie qui glissait sur le papier glacé à un endroit bien particulier semblait former des larmes s’échappant de deux grands yeux d’un bleu profond qui le fixaient. Les larmes de sa fille…
Ayant prit le temps d’examiner la photo, le jeune homme ferma les yeux, une étrange expression inscrite sur son visage. Une expression que même Stella eut du mal à déchiffrer, tant lui-même ne savait comment l’interpréter. Celle-là, il ne s’y était pas vraiment attendu. Quel piètre service de renseignement il avait…

- « Qu’est-ce que tu veux que je te dise ? finit par lâcher Rufus. Ce n’est pas comme si je vous avais abandonné, ou comme si tu avais compté pour moi. Je ne te dois rien Stella, et tu n’auras rien, pas le moindre sous.
- Que tu me crois capable de ça, ça me dégoûte… Je ne t’ai jamais rien demandé pendant ces 9 ans, je ne vais pas commencer maintenant. La seule chose que je voudrais, c’est que ma fille rencontre au moins une fois son père. Est-ce trop te demander ?
- Crois-tu que ce soit la meilleure solution, que de rencontrer un géniteur qui ne la reconnait pas ? Ca lui fera sûrement plus de mal que de bien.
- Depuis quand te soucis-tu du bien-être des autres ? Et elle sait à quoi s’attendre de te part, je l’ai prévenue. Je n’ai pas voulu lui raconter de mensonges, et même si elle a 8 ans, elle est très mâture et a très bien compris quel genre de personne tu étais. Tu es son père, c’est grâce à toi qu’elle est là, et c’est tout.
- Dans ce cas… je ne vois pas d’objection à rencontrer ma… fille. »

Message édité le 04-07-2007 à 01:37:44 par Paine
Rei
   Posté le 02-07-2007 à 02:27:41   

Ma tante tu connais déjà mon avis sur ta fic! Et franchemment je la trouves superbe! J'espères que les autres seront de mon avis! =D
Vangie
   Posté le 03-07-2007 à 02:07:52   

Tiens j'ais déjà vu ça ailleurs puis les personnages me rappellent quelque chose, mais je ne saurais dire quoi...
Mitoko triball
   Posté le 03-07-2007 à 20:18:15   

Une impression de déjà vu? Etrange, ça me fait le même effet. XD
Préservons le suspens pour les autres, ça en vaut la peine vous pouvez me croire.
Paine
   Posté le 04-07-2007 à 01:36:30   

D'ailleurs tite soeur, faut toujours qu'on finisse le chapitre 5 ensemble

Chapitre 2 : Peut-on oublier ?


On aurait pu croire que ce dernier mot aurait été prononcé du bout des lèvres, avec dégoût… mais il n’en était rien. Il y avait une sorte de trémolo quasi-imperceptible dans la voix de Rufus, d’habitude si sûr de lui, qui pour le peu de personnes pouvant se targuer de bien le connaître ne signifiait qu’une seule chose. Bien qu’il veuille le cacher, le président Shinra était ému. Il faut dire aussi que ce n’est pas tous les jours qu’on apprend qu’on est père…
Stella se retint de sourire tristement. Aurait-il réagi ainsi 9 ans auparavant ? Probablement pas… Être père, ça ne lui serait pas même venu à l’esprit, voilà pourquoi Stella avait décidé de disparaître. Pas seulement à cause de cela bien sûr, il y avait Hojo et ses expériences, le père de Rufus qui avait ordonné sa mort… car elle ne pensait pas que ce fut son amant qui l’ait décidé. Elle n’était peut-être rien d’autre pour lui qu’une de ses multiples aventures, mais ne pouvait penser qu’il aurait voulu sa mort… Elle espérait de tout son cœur qu’il n’y était pour rien. Toute à ses souvenirs, elle l’invita à la suivre, avant qu’il ne change d’avis. Autant profiter d’un des rares moments de faiblesse du président Shinra.

- « Attends un instant. Reno !
- Oui Boss ? fit le rouquin qui avait pratiquement accouru en entendant son nom.
- Je vais partir un moment avec Stella, seul. Attendez-moi ici.
- Vous êtes sûr que c’est prudent ? demanda le Turk avec un coup d’œil en biais à l’infirmière, qui soupira.
- Voyons Reno, tu crois Rufus assez bête pour foncer tête baissée dans un traquenard ? S’il me fait confiance, tu le devrais aussi.
- Mais…
- Assez parlé Reno, le coupa Rufus, je vais avec elle, c’est tout. Je ne sais pas pour combien de temps j’en aurai, mais je pense que ce sera assez rapide.
- Mouais… » bougonna le rouquin en leur jetant un regard implicite, et néanmoins n’en rajouta pas, retournant avec ses camarades Turks.

Si la phrase de Rufus était assez ambigüe, compte tenu de leur passé commun, Stella ne l’interpréta pas vraiment de cette façon, du moins alla au-delà de ce simple sous-entendu. Ce qui la gênait, c’était qu’il ait également insinué qu’il ne resterait pas pour faire connaissance avec sa fille. Bien sûr, la jeune femme avait simplement voulu que Celene rencontre son père, mais elle nourrissait aussi le secret espoir, confirmé par les expressions de Rufus, que ce dernier se montrerait moins froid qu’à l’habitude, et qu’il prendrait le temps de discuter un peu avec sa fille… en un sens, qu’il se comporterait comme un père…

La jeune femme secoua la tête pour chasser ces pensées. Elle était idiote de croire que cela pouvait se passer ainsi. Ce n’était rien d’autre que la vision la plus utopique et la plus naïve qu’elle pouvait avoir, pratiquement du niveau des contes de fées qu’elle lisait à sa fille, qui se terminaient par et ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants. Il ne manquait plus pour parfaire ce tableau idyllique qu’elle soit encore amoureuse de Rufus…
Un coup d’œil au président Shinra qui lui souriait, et ses convictions s’ébranlèrent tout à coup. Elle croyait l’avoir réellement oublié, ne plus rien ressentir pour cet homme, le détester même, mais force lui était de constater que non. Il n’en était rien. Même s’il avait d’abord fait office de bourreau, jamais elle ne pourrait oublier son premier amour…

- « Ca va Stella ? Tu es toute pâle…
- Hein ? Ou… oui ça va ! répondit-elle précipitamment en détournant les yeux, rappelant à cet instant la jeune fille timide et réservée qu’elle était à l’époque des Turks.
- Si tu le dis… ou alors… serait-ce que tu es toujours sensible à mon charme ?
- Rufus, ta gueule ! »

C’était sorti sans le vouloir, avec force, mais Stella ne le regretta pas, cherchant à reprendre sa contenance dans cette colère qui l’envahissait chaque fois que de la bouche de Rufus sortait une référence à ce passé qu’elle avait en vain tenté d’oublier. Pourquoi quand c’était lui qui l’évoquait, il était bien plus facile d’y résister ? Avait-elle tant de rancœur à son égard ? Ou était-ce par qu’elle croyait sentir dans sa voix la raillerie et ce manque de respect qu’il lui avait toujours témoigné ? En tout cas, son sourire un brin moqueur confirmait cette thèse.

- « J’ai tapé dans le mille on dirait, fit le président Shinra sur un ton posé mais triomphal.
- Ne prends pas tes rêves pour des réalités, t’as passé l’âge, répondit Stella d’un ton rien moins qu’acide.
- Ah Stella, on dirait bien que tu as pris du poil de la bête depuis le temps. Avant, jamais tu ne disais un mot plus haut que l’autre, tu étais toute timide et gentille. C’est d’ailleurs une des choses que j’appréciais chez toi, cette petite rougeur qui colorait tes joues dès qu’on s’adressait à toi, et qui te rendait si mignonne… »

Stella avait bien du mal à croire ce qu’il disait. Non, c’était juste pour la troubler, la forcer à avouer qu’elle éprouvait toujours quelque chose pour lui, mais elle ne craquerait pas. De ses dents serrées ne sortirait pas un mot. Pas un seul mot supplémentaire jusqu’à ce qu’ils aient atteint l’endroit où elle avait laissée sa fille.
Mais c’était sans compter sur ce pouvoir qu’exerçait encore Rufus sur sa personne malgré les années. Attraction / répulsion, une sorte de Je t’aime, moi non plus, les avait unis, et cette sensation, Stella la ressentait encore intensément, dès qu’elle posait ses yeux d’un vert si particulier sur lui, sa chevelure blonde dont une mèche lui retombait avec toujours autant d’insolence sur le visage, et ce sourire.... Elle ne pouvait lui en vouloir de se montrer tel qu’il avait toujours été, puisque c’était ainsi qu’elle l’avait aimé…

- « Alala les femmes, on leur fait des compliments, et elles n’y croient pas un brin…
- Peut-être parce que nous sommes habituées à ce que vous n’en fassiez que lorsque vous voulez quelque chose, ce qui les fait forcément sonner faux après-coup…
- Quel piètre opinion de la gente masculine tu as !
- L’expérience… répondit-elle avec une sorte d’amertume dans la voix.
- L’expérience ? Tu veux dire qu’il y a beaucoup d’hommes qui t’ont déçue ? »

Le ton de Rufus se voulait interrogatif, et amusé, et c’est ainsi qu’il parvint aux oreilles de Stella, parce que le président Shinra avait une grande maîtrise de lui-même et de ses émotions. Du moins, de ce qu’il montrait, car le jeune homme attendait la réponse avec une certaine appréhension, et sentait monter en lui une vague de haine pour ces personnes. Quels étaient ces mécréants qui avaient osé faire souffrir sa Stella ?… Sa Stella ? Il avait bien pensé sa Stella ? Alors il la considérait encore comme sa propriété après tout ce temps ? Ou bien…
La jeune femme se contenta de soupirer, laissant involontairement Rufus dans le doute, et les conjectures que son esprit ne manquait pas de formuler à toute vitesse, autant sur les hommes qu’avait pu connaître Stella que sur ses propres sentiments, et la manière dont il l’avait traitée à l’époque…

- « Je ne suis pas venue te chercher pour parler de mes échecs sentimentaux, alors arrêtons-là cette conversation s’il-te-plaît.
- Comme tu voudras… C’est encore loin ?
- Non, nous y sommes presque. »

La pluie ne semblait pas vouloir s’arrêter, et Stella dû enlever ses lunettes dont les verres étaient devenus totalement opaques pour essayer de les nettoyer avec un recoin de sa veste.

Mais c’était peine perdue, car celle-ci était également trempée. Qu’à cela ne tienne, elle n’avait pas vraiment besoin d’y voir clair pour savoir où aller, vu qu’elle se rendait précisément chez elle.
Les deux jeunes gens continuèrent donc leur chemin, tout d’abord à travers quelques ruelles relativement désolées, où seuls quelques chats émergeaient ici-et-là d’au milieu des détritus. L’atmosphère était lourde et pesante, due au ciel bas, autant qu’à la tension entre les deux personnes. Il faut dire qu’aucun des deux n’avait plus vraiment envie de parler, Stella pour éviter les sarcasmes et autres commentaires de Rufus qui lui faisaient si mal, Rufus pour ne pas augmenter le trouble de la jeune femme, qu’il n’avait aucunement l’intention de blesser de la sorte. Mais voilà, en tant d’années à jouer les cyniques sans cœur, ça en devenait un automatisme. Et pourtant, Dieu sait que Rufus pouvait être bien différent de cela… seulement les circonstances l’avaient encouragé sur la voie du mensonge, et de la trahison. Pour ne pas être dévoré par le système, il avait dû devenir un produit de ce système, élevé comme tel depuis sa plus tendre enfance, qui fut loin d’être rose malgré tout l’argent dont disposait sa famille. L’argent fait le bonheur ? Bien sûr que non…
Un moment donné, il avait crû voir le bout du tunnel, une lueur salvatrice se dresser sur son chemin, mais elle s’était évanouie, avec la mort de celle qui l’avait allumée. La fin de son étoile avait marqué Rufus au plus profond de lui-même… et à présent, elle était là, juste devant lui. Il avait encore du mal à y croire, et comme elle lui tournait le dos, son visage qui n’avait pas encore montré le moindre signe tangible de ses véritables sentiments s’adoucit, alors qu’une main se leva pour essayer d’effleurer ses longs cheveux noirs, qui alourdis par l’eau de pluie épousaient la cambrure de son dos. Cette main retomba bientôt le long de son corps, sans qu’il n’ait touché Stella, de peur – il avait peur ? Etait-ce possible ? – qu’elle ne le prenne mal et le plante là… Or, c’était la dernière chose qu’il voulait.

Stella et Rufus finirent par déboucher dans l’artère principale, emplie de monde sous cette pluie miraculeuse. La joie semblait être le sentiment dominant, puisque des vivats et autres cris se faisaient clairement entendre, tandis que les enfants, guéris, courraient dans tous les sens pour exprimer leur allégresse. La circulation était d’ailleurs stoppée, les véhicules abandonnés portières ouvertes en plein milieu de la chaussé, leurs conducteurs n’ayant su résister à la liesse générale.
L’espace d’une seconde, Stella hésita, puis se retourna vers Rufus, lequel avait retrouvé son masque imperturbable. Cela faisait maintenant deux ans que les évènements qui avaient conduit à la « chute » de la Shinra s’étaient produits, mais la rancœur de la populace est souvent tenace. Avait-elle fait le bon choix en lui demandant de venir seul ?
Bien entendu, Rufus savait que les habitants de la ville, voir du monde entier ne le portaient pas dans leur cœur - quel euphémisme- et qu’il pouvait être pris à parti, néanmoins, il avait accepté de suivre Stella. Il aurait certainement à essuyer des quolibets, voir quelques violences physiques, mais ça ne lui faisait guère peur. Il était prêt à les affronter, si c’était la condition pour voir sa…fille.
Tous deux pensaient à peu près la même chose, et tous deux finirent par se décider en même temps à reprendre la route, les sens à l’affût si l’on peut dire, jusqu’à s’approcher de la foule.

Il faut croire que leurs craintes étaient justifiées, car même si beaucoup de personnes ne les remarquaient pas, toutes à leur célébration de la fin de la géostigma, quelques unes finirent par fixer le jeune homme blond, d’abord incrédules, puis avec un air mauvais sur le visage. Un brouhaha s’éleva, son sourd et roulant qui faisait écho au tonnerre, ponctué ça et là d’exclamations plus vives et plus aigues,

- « Hé regardez ça ! Le président Shinra vient nous narguer, et sans ses gardes du corps ! fit un homme grand et bien bâti d’un ton plus que méprisant, avant de cracher rageusement par terre pour ponctuer ses dires.
- Pourriez-vous nous laisser passer je vous prie ?
- Miss Stella, vous êtes avec lui ? demanda une jeune femme qui tenait un petit garçon par la main, visiblement une des patientes de l’infirmière. Ou ex-infirmière plutôt, car Rufus avait pu entendre dans la foule un murmure qui ressemblait fortement au mot « médecin ».
- Oui, je suis avec lui, cela pose-t-il un problème ?
- Mais enfin, vous savez qui il est, ce qu’il a fait !
- Je le sais mieux que personne… mais je m’en fiche. La vengeance est une chose qui ne sert absolument à rien. Bien entendu, cela soulage au début, mais ensuite, cela revient souvent vous hanter. Et ça ne ramène jamais la situation telle qu’elle était avant, ou les disparus…
Il ne faut pas se baser sur les actions passées, reprit-elle après un instant de silence, toutes les personnes peuvent changer, il suffit de leur en donner la chance… laissez les actions futures de Rufus parler à sa place. »

Bien entendu, peu de personnes autour d’elle pouvaient comprendre le véritable sens de ses paroles, qui s’adressaient plus à elle-même, en une sorte de reproche personnel, qu’à l’assemblée formée autour du couple. Rufus, lui, en avait saisi le sens, et approuvait d’une certaine façon. La vengeance est bien ce qui avait failli détruire la jeune femme 9 ans auparavant…
Stella avait beau avoir prononcé des paroles justes, il n’empêche que ce sont souvent, voire toujours, les émotions qui guident les masses, qui s’enflamment à la moindre étincelle. Il y avait donc fort à parier que les paroles les plus sages qui soient, telle l’ondée, ne toucheraient que la surface de cette marée humaine. Fort à parier… et à perdre, car au grand étonnement de Rufus, cela suffit à disperser les gens autour d’eux pour leur frayer un passage. Les regards haineux étaient toujours présents, il sentait leur morsure sur sa personne, et y répondait en les ignorant superbement, cependant il y avait dans ce climat d’hostilité quelque chose d’autre, qu’il aurait pu qualifier de respect. Pas à son encontre, évidemment, mais à l’égard de Stella. Elle devait être quelqu’un d’important, voire même d’aimé, pour pouvoir ainsi influencer une foule sans le moindre éclat de voix…

« Tu viens ? »

Le président Shinra se contenta de hocher la tête, sans rien dire, de crainte que cette forme de considération quant à l’avis de Stella sur la question ne vacille s’il ouvrait la bouche. Non pas qu’il ne sache pas parler, au contraire, il pouvait être un excellent orateur, mais cela risquait de faire trop. Autant profiter de ce calme pour partir, il viendrait bien une autre occasion pour qu’il s’explique avec les gens qui le détestaient à cause de la compagnie Shinra, et de ses actions en son sein. Comme le disait si bien Stella, s’il avait changé, il le leur prouverait.
Rufus suivit donc la blouse blanche de Stella qui se fendit la foule bigarrée, et ils s’éloignèrent, la tension retombant progressivement, sans pour autant laisser la place à l’allégresse qui avait cour juste avant l’arrivée du couple dans cette avenue.
Cette avenue, ils la suivirent un moment, toujours sans rien dire, jusqu’à bifurquer sur la droite, prenant une artère un peu plus étroite, tout aussi grise que les autres en cette journée pluvieuse. Mais qui aurait certainement parue bien plus chaleureuse et accueillante un jour ensoleillé, avec les quelques pots de fleurs accrochés aux fenêtres, et des façades d’immeubles plus colorées que ce simple gris post-apocalyptique qui semblait de mise ici. Un lieu déjà plus convivial et plus agréable à vivre. Un lieu plus à l’image de Stella…
Rufus ne s’y était pas trompé, son ex-compagne lui désigna un immeuble à la façade verte, avec des bacs de fleurs aux nuances jaune-orangé, et rouge, où se dessinait une porte de bois. A côté de la porte, une petite plaque argentée, proclamait de manière discrète : Docteur Stella Note. Ainsi, il avait bien entendu les badauds quand ils avaient parlé de médecin...
Shiranui
   Posté le 04-07-2007 à 13:46:45   

Géniaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaal

Je me demande quel avenir j'aurais pu imaginer pour Warren :/
Mitoko triball
   Posté le 04-07-2007 à 17:26:58   

Paine a écrit :

D'ailleurs tite soeur, faut toujours qu'on finisse le chapitre 5 ensemble



Si je me débarrasse assez tôt de mes deux zigotos et ne rentre pas trop tard, ne veux bien m'y mettre ce soir avec toi. XD

Maman => Oooooooh, je suis sure que ça pourrait servir à la fic de ne-san si tu en avais une idée.
Ma Jade n'a pas été gâtée elle... -__-""
Paine
   Posté le 07-07-2007 à 02:36:47   

Pour ta Jade c'est toi qui l'a voulu comme ça, tu vas pas te plaindre non plus

Shira... tu peux pas savoir comme ce commentaire me fait plaisir T__T

Chapitre 3 : Tu as les mêmes yeux que moi


Stella posa la main sur la poignée, et bien entendu hésita, se reposant la question du bien fondé de son action comme elle l’avait fait des centaines et des centaines de fois lors de ces nuits noires et froides propices aux introspections. De toute façon, il était un peu tard pour reculer, la jeune femme avait prévenu sa fille qu’elle verrait bientôt son père, et cette dernière attendait, postée derrière un rideau mais dos à la fenêtre, lisant un livre comme elle le faisait très souvent. Les avait-elle vus arriver? Même si c’était le cas, la surprise pour la petite fille allait être de taille.
La porte de bois fini par tourner sur ses gonds, sans aucun bruit. Peut-être Rufus aurait-il préféré que les gonds produisent ce son caractéristique, ce grincement lugubre qui aurait expliqué en partie son état de nervosité. Car le président Shinra avait senti son cœur s’accélérer, si c’était encore possible, tandis qu’il franchissait ce seuil, et une appréhension le gagner. Et si Celene ne voulait pas le voir ? Et s’il lui faisait peur ? Et si elle le détestait ? Tant de si qui se bousculaient dans son esprit, lui faisaient redouter cet instant autant qu’il l’appelait de ses vœux. C’était un sentiment qu’il n’avait jamais connu auparavant et qu’il n’aurait cru connaître de sa vie…

« Ma puce, je suis rentrée ! »

Celene, qui s’ennuyait un peu toute seule dans l’appartement, même avec son livre, puisque sa mère lui avait bien demandé de ne pas sortir quoi qu’il arrive, avait une mine légèrement boudeuse quand elle répondit à l’appel de sa mère. Pourquoi est-ce qu’elle n’avait pas eu le droit de sortir dehors comme tous les autres ? Parce qu’enfermée, elle ne comprenait pas en quoi une simple pluie pouvait procurer un tel attroupement et de tels cris de joie. Cris de joie qui au demeurant paraissait s’être tus depuis une bonne dizaine de minutes.
C’est ainsi que Rufus vit pour la première fois la petite frimousse de Celene. Son petit nez plissé, ses sourcils froncés, sa moue boudeuse… et ses yeux… ses grand yeux bleus desquels il ne pouvait détacher son regard.
Voyant l’homme qui accompagnait sa mère, Celene eut tout d’abord un petit mouvement de recul, comme n’importe quel enfant face à un étranger, avant que l’expression de son visage ne se mue en curiosité. Qui était-il ? Est-ce que c’était bien la personne à laquelle elle pensait ?… Avant qu’elle ne pose la question, sa mère y répondit.

« Tu te souviens que je devais te présenter quelqu’un ? Voici ton père ma chérie. »

Cela était dit sans ménagement il est vrai, mais Celene savait depuis longtemps que ce jour arriverait. Oui, alors c’était bien lui. Si la fillette était déjà plus ou moins prévenue, elle n’avait pu prévoir la réaction qu’elle aurait à ce moment-là, malgré qu’elle y eu pensé et repensé longuement. Aussi, la seule chose qu’elle trouva à faire fut de se réfugier derrière sa mère, et d’observer le président Shinra de sa cachette, l’air intimidée.
Ce dernier ferma un instant les yeux, puis laissa apparaître un sourire que Stella ne put qualifier, tant il semblait changeant, exprimant tant de sentiments à la fois, tout en cherchant à les cacher. Etonnement, tendresse, déception, confusion, Rufus semblait hésiter entre tout cela. Ce ne fut qu’au bout d’une longue minute qu’il se décida enfin à ouvrir la bouche et parler, de sa voix monocorde habituelle.

- « Bonjour Celene… pas besoin de te cacher, je ne vais pas te manger tu sais.
- Bonjour monsieur… fit-elle d’une voix toute douce et timide qu’il trouva charmante et pour tout dire très semblable dans ses inflexions à celle de sa mère.
- Je m’appelle Rufus.
- Je sais, maman me l’a déjà dit.
- Oh… et qu’est-ce que ta maman t’a dit d’autre sur moi ?
- Que vous étiez un monsieur très occupé, et que maman et vous vous étiez fâchés il y a longtemps, avant que je naisse.
- Je vois… »

Toute personne connaissant Rufus – autant dire personne – aurait pu voir qu’il faisait un minimum d’efforts, mais cela se révélait assez peu concluant, car la petite fille semblait toujours aussi intimidée, voire… terrifiée par le jeune homme blond, comme en témoignaient ses petites mains crispées sur la blouse blanche de sa mère et son visage à moitié cachée derrière cette dernière. Il faut dire que Rufus n’avait pour ainsi dire jamais côtoyé d’enfants auparavant, lui qui savait pourtant parfaitement nager au milieu des requins, il se trouvait désarmé et incapable de parler devant une simple fillette…
Son père… oui, il était son géniteur, il ne mettait pas en doute la parole de Stella, mais pouvait-il se targuer d’être son père pour autant ? L’image qu’il avait eu pour sa part de la paternité était il est vrai altérée, puisque son propre père n’avait été qu’un vieux schnock qu’il avait cherché par tous les moyens à éliminer… Un père ? Un rival plutôt… Et bien qu’il fut mort depuis longtemps, son visage lui revint à cet instant précis. Celene avait été privé de père, pourrait-il se racheter et devenir le père qu’il n’avait jamais eu ? A quoi bon se leurrer, tout ce que voulait Stella, c’était la lui présenter, pas qu’il réapparaisse dans leurs vies comme ça… Le président Shinra chassa cette idée totalement ridicule de son esprit. Pourquoi était-il allé penser ça ? Est-ce qu’il avait été… envoûté par Celene ? Car il fallait avouer qu’il ne pouvait quitter la petite fille des yeux et que depuis qu’il l’avait en face, il n’était plus sûr de rien…

« Celene ma chérie, ce n’est pas poli de se comporter de cette façon. »

Stella venait de doucement mais fermement pousser sa fille devant elle, gardant ses deux mains sur ses épaules. On aurait pu penser que la jeune femme était un peu dure avec sa progéniture, et c’était peut-être le cas, mais n’oublions pas que Stella était aussi troublée que Rufus, et qu’elle-même agissait un peu nerveusement. Plus le temps passait, et plus ses motivations pour présenter son père à sa fille lui paraissaient fallacieuses… était-ce par souci de vérité, ou plutôt parce que Stella voulait à tout prix le revoir ?...
La petite Celene en tout cas n’en menait pas large, et les mains croisées sur sa robe à carreaux beige et marron, surmontant un pantacourt brun, gardait la tête baissée, et ses joues étaient joliment rosées. Ce n’était peut-être pas poli, mais il est bien difficile de contrôler sa timidité devant un étranger, surtout quand il se révélait être son père que l’on ne connaissait pas jusque là. En cela, elle était bien comme sa mère.

- « Celene… c’est vraiment un très joli prénom.
- Merci monsieur…
- Et tu as des yeux magnifiques.
- Maman m’a dit que j’avais les vôtres. »

Les siens ? Oui, c’était indéniable, c’était cela que Rufus avait vu dans les yeux de Celene, ce qui l’avait à ce point captivé sur cette photo, puis à présent qu’il se trouvait face à elle. Ce bleu pur, c’était le seul point commun que l’on pouvait trouver entre le père et sa fille. Car si le regard de Rufus se révélait dur comme l’acier, et celui de Celene au contraire d’une douceur incomparable, leur couleur était bien identique…

« Oui, tu as les mêmes yeux que moi… »

Cette phrase, elle avait été prononcée d’une voix faible, comme si ce simple fait était quelque chose de très précieux. Et si on s’y était penché de plus près, on aurait certainement perçu une grande émotion dans cette voix, ce qui était fort inhabituel de la part de Rufus. Une émotion qui trahissait le trouble de l’homme, qui s’il avait noté cette ressemblance, à présent qu’il l’énonçait en prenait bien mieux conscience… Un petit silence s’installa entre les parties, puisqu’aucune ne semblait soit oser prendre la parole, soit avoir quelque chose d’intéressant à dire.

« Oh, excuse-moi Rufus, je manque à tous les devoir de l’hospitalité ! Veux-tu entrer ? »

En effet, il avait fallu un certain temps à la jeune femme pour s’apercevoir qu’ils n’avaient pas quitté le vestibule assez exigu, depuis le début. Autant dire que tous les trois n’y avaient fait que peu de cas tant ils étaient préoccupés par autre chose. Mais il fallait bien briser le silence gêné d’une quelconque manière que ce soit.

Rufus acquiesça d’un hochement de tête, ses yeux bleus se détachant enfin de sa fille, qui s’en sentit un peu soulagée, et donna son manteau trempé à Stella, laquelle venait de lui proposer de le retirer. La jeune femme le prit d’une main peu assurée, et dû s’y reprendre à trois fois avant de réussir à le suspendre à une patère. Que de confusion dans l’air…

- « Tu pourrais montrer le salon à Rufus ma puce ?
- Oui maman. »

Pendant quelques secondes, la fillette parue indécise, puis une petite main tremblotante alla se loger dans celle de Rufus, pour le guider. Ce dernier ne s’y attendait vraiment pas, puisque l’attitude de Celene la proclamait aussi timide que sa mère, alors aller jusqu’à prendre la main d’un inconnu, même si celui-ci était son père…surtout si celui-ci était son père qu’elle ne connaissait pas avant cela. Fallait-il penser qu’elle n’était pas aussi timide que cela ? Ou qu’elle faisait un effort pour faire connaissance avec son géniteur dans les meilleures conditions ? Possible…
Rufus se laissa donc entraîner par cette douce petite main, à travers le vestibule d’abord, qui donnait sur deux pièces. A gauche, une sorte de salle d’attente, à en juger par les fauteuils gris assez inesthétiques mais confortables qui courraient le long des murs, et la porte au fond qui devait être le cabinet de Stella ; à droite, le salon en question. Meublé simplement, une grande baie vitrée à carreaux donnait sur le petit massif de fleurs orangées, encadrée par une bibliothèque assez peu garnie, mais avec un goût prononcé pour les traités médicaux – logique – et les romans d’aventure à en juger par les titres, ronflants et épiques. Stella s’ennuyait-elle de sa vie dangereuse et aventureuse avec les Turks ?
Le canapé dans les tons verts foncés était constellé de tâches plus claires, usé par le temps, et les frottements, chose qui caractérisait nombres d’objets de cette pièce : usés et fatigués, mais conservant tout de même un aspect chaleureux, et une touche de féminité indéniable. Celene allait désigner ce canapé à Rufus quand elle s’aperçut qu’elle y avait laissé traîner quelque chose… elle lâcha donc la main de son père pour aller récupérer la délicate poupée de porcelaine brune vêtue d’une robe bleue, et la mit devant elle, croisant ses mains sur cette dernière, comme pour inconsciemment la protéger, mais aussi s’en servir de rempart face au malaise que lui causait Rufus. Malaise qui allait en se dissipant maintenant que l’homme arrêtait de la fixer, et semblait un peu moins « ailleurs ».

- « Vous pouvez vous asseoir.
- Merci Celene, tu es très serviable. »

Elle était vraiment adorable… ce n’était pas dans les habitudes de Rufus de penser une telle chose, et il était d’autant plus perturbé par ce qu’il se passait. Lui qui trouvait toujours à profiter des situations et les tourner à son avantage, se retrouvait subjugué, incapable de faire quoi que ce soit d’autre que se laisser guider par le sort qui s’était matérialisé sous la forme d’une ravissante fillette de 8 ans.
Sa mère lui avait bien dit de ne rien attendre de la part de Rufus, mais c’était encore une enfant, et à cet âge, c’est un optimisme sans faille qui domine, et la fameuse image de la famille heureuse qui prévaut. Alors il est évident que ce que Celene aurait voulu, c’est que ses parents se réconcilient, comme n’importe quelle enfant, malgré les histoires racontées par sa mère, qui lui avait assuré qu’il n’y avait que très peu d’espoir pour que Rufus fasse autre chose que de simplement la rencontrer. Tout ça parce qu’ils étaient en trop mauvais termes. Mais là, maintenant, alors qu’elle les observait, ils n’avaient pas l’air si fâchés que ça pour la petite fille… Il est des choses qui font oublier la timidité, et cette idée de réconciliation qui avait cheminé dans l’esprit de Celene en était une, si bien qu’elle finit par se détendre, et s’asseoir à côté de Rufus, prenant tout de même garde à rester assez loin, avec la poupée installée entre eux.

« Est-ce que… je dois vous appeler papa ? »

Encore une fois, Rufus en resta tout bonnement interdit, parce qu’il s’était attendu à tout sauf à ça. « Papa »… plus que la couleur de leurs yeux, le mot résonnait bizarrement à ses oreilles, comme s’il avait fallu que ce soit Celene qui le dise pour qu’il se rende pleinement compte de sa paternité. Sa fille, autrement dit son sang… sang qui à présent semblait se figer dans ses veines.

- « Je ne sais pas… répondit-il d’une voix on ne peut plus mal assurée. Tu voudrais m’appeler comme ça ?
- Ben… je ne sais pas en fait… si maman et vous le voulez bien alors oui. »

C’est à cet instant précis, alors qu’il semblait enfin se passer quelque chose entre le père et la fille que l’on vint frapper à la porte. Aussitôt, le visage d’un Rufus troublé retrouva cette expression qui avait presque fait peur à sa fille, redevenant ce mur qui se voulait impénétrable, masque cachant sa solitude et ses pensées. Une sorte de retour à la réalité, ou plutôt à sa réalité, telle qu’elle avait été depuis 9 ans, et même bien avant.

« Celene ! »

Une petite voix avait résonné, la voix d’une fillette, sensiblement le même âge que Celene, qui une fois la pluie terminée était venue voir son amie, comme elles l’avaient décidé avant l’arrivée de Rufus. La fille de Stella tourna son regard vers sa mère qui venait de revenir avec un plateau dans les mains, indécise quant à la conduite à tenir. Allait-elle rejoindre son amie, à qui elle avait promis de la retrouver, ou rester avec son père ? Sa mère voudrait certainement qu’elle reste, et son père… quoi que non, son père ne devait pas vraiment le vouloir, puisque son expression avait retrouvé cette froideur qui lui faisait penser qu’il se fichait bien de ce qu’elle ferait. Pourtant, l’instant d’avant, il avait bien failli répondre positivement à sa question, à savoir si elle devait l’appeler papa. De toute évidence, c’était une occasion de ratée… De ratée pour elle, mais peut-être une opportunité pour sa mère de pouvoir s’entretenir avec lui. Et peut-être de se réconcilier…

- « Celeneuh ! continua la voix aiguë de son amie, qui se faisait insistante. Viens vite, sinon tu vas tout rater !
- Tu peux y aller si tu veux ma chérie, ton père et moi avons à parler. Mais ne t’éloigne pas trop et ne rentre pas tard.
- Merci maman ! »

Celene hésita une seconde encore, puis déposa simplement sa poupée sans un coin du canapé avant d’adresser un sourire timide et mignon comme tout à Rufus.

« Au revoir… papa.
- Et enfile une veste sinon tu vas attraper froid ! » ajouta Stella lorsque sa fille tourna les talons et sautilla vers le vestibule.

Sa fille partie, Rufus resta un petit instant à fixer la délicate poupée assise à côté de lui, alors que Stella posait le plateau sur la table basse, avant de s’asseoir à son tour, sur un fauteuil à bonne distance de son ancien amant. Elle avait eu le temps de reprendre un peu ses esprits, seule dans la cuisine, en se passant de l’eau sur le visage. Cette situation qu’elle avait créée, qu’elle avait depuis longtemps recherchée, à laquelle elle avait tant pensé, lui échappait totalement, juste parce qu’elle était bien trop émotive pour se contrôler devant cet homme… Stella tenta de ne rien laisser paraître, exercice bien plus difficile pour elle que pour Rufus, mais ce dernier ne remarqua rien du tout, vu qu’il était lui-même dans un état que l’on pouvait qualifier de second.

- « Whisky, comme toujours ?
- Tu n’as pas oublié…
- Il faut croire que non… et puis je pensais que tu avais besoin d’un petit remontant. »

Un remontant… oh que oui il en avait bien besoin, et un verre de whisky serait plus que bienvenu. Il prit donc le verre offert par Stella sans un mot, le fixant tandis qu’il faisait tourner le liquide ambré, les glaçons tintant contre les parois de verre. Puis après quelques secondes, Rufus porta le verre à ses lèvres pour le boire d’un trait, au grand étonnement de Stella, qui ne l’avait jamais vu se comporter de cette façon. Quoi que ce n’était pas franchement étonnant, n’importe qui aurait tété bouleversé en rencontrant sa fille dont il ne connaissait pas l’existence pour la première fois, même ce pseudo-iceberg de Rufus.

« Ca va Rufus ? Tu es tout pâle… »

Il est fort peu probable que Stella l’ait fait intentionnellement, mais c’était mots pour mots ceux qu’il lui avait adressés un peu plus tôt, lorsqu’ils étaient seuls dans les ruelles sombres et que la jeune femme s’était sentie troublée par la présence de cet homme qu’elle croyait pourtant avoir chassé de son esprit et de son cœur il y a bien longtemps. Mots auxquels il ne répondit que très vaguement, les yeux toujours rivés sur son verre vide.

« Ca va ca va… »

Alors que Stella n’avait entendu de sonnerie, ni le bruit caractéristique que produisaient les vibreurs, Rufus sortit son téléphone d’une des poches intérieures de son sempiternel costume blanc trois pièces et le porta à l’oreille.

« Oui ? Bien, j’arrive tout de suite. »

Le jeune homme ferma le clapet de son téléphone qu’il rangea dans sa veste, avant de se lever, évitant de regarder Stella en face. Il ne trouva rien d’autre pour que ça paraisse légèrement naturel que d’arranger les plis de son costume.

- « Stella, il faut que je m’en aille. Une réunion urgente.
- Toujours la même excuse avec toi, même 9 ans après… D’accord, tu repasseras voir ta fille?
- Je ne sais pas si j’aurai le temps.
- J’ai compris. »

Nul besoin d’insister, de toutes les façons même si elle lui extorquait son retour dans cette demeure, ce n’était pas ce qu’elle voulait. Ce que souhaitait la jeune femme, c’est qu’il vienne de son plein gré, pour faire connaissance de lui-même avec son enfant. Le but de la jeune femme n’avait jamais été de lui imposer Celene de la sorte, il était tout à fait normal qu’à peine revenu dans sa vie, devant une telle nouvelle, Rufus en ressorte aussitôt. Et elle n’était pas dupe de son excuse bidon…
Stella se leva donc à son tour et guida son ancien compagnon à la porte d’entrée, qu’elle ouvrit avant de s’effacer devant le jeune homme blond.

- « Au revoir Rufus. Transmets mes amitiés aux Turks.
- Ce sera fait, au revoir Stella. »

Une fois dehors, tournant le dos à Stella qui restait sur le pas de la porte, Rufus put respirer plus librement et relâcher la tension qui nouait ses épaules. Une excuse ?... oui, c’était une excuse minable qu’il avait trouvée pour partir, mais il ne se sentait pas assez fort pour rester là. Il avait donc fait semblant de répondre au téléphone, comme un comédien de seconde zone, dans un film de série B… Stella s’en était probablement rendue compte, elle était loin d’être bête… Mais tant pis. Ce qui était fait était fait. Il était à présent libre de partir, et de pouvoir rentrer chez lui pour réfléchir à tout ça, et enfin chasser ce malaise qui l’habitait depuis que Celene avait prononcé le mot « papa » avec l’innocence qui semblait la caractériser. C’est donc les mains dans les poches et la tête baissée signe de son intense réflexion et profond désarroi qu’il prit le chemin pour retourner à son hélicoptère gardé par les Turks.
nekochan
   Posté le 07-07-2007 à 14:48:18   

Hum... interessant...

*entre dans une profonde méditation*

Très bien écrit en tout cas ^^
Lovie
   Posté le 08-07-2007 à 10:07:16   

j'ai de la lecture en perspective!!
Paine
   Posté le 13-07-2007 à 01:13:03   

Chapitre 4 : Pardon ?


Enfin… enfin Stella avait réussi à le voir et à le lui dire. Enfin Rufus avait vu sa fille, et Celene rencontré son père. Ce qu’elle mûrissait depuis quelques mois, voir en réalité des années bien que ne se l’avouant pas, venait de s’accomplir. Alors pourquoi Stella ne se sentait-t-elle pas soulagée du poids qu’elle traînait depuis tout ce temps ? Pourquoi ne pouvait-elle que le regarder partir avec une pointe de regret ? Une pointe… un gros pincement au coeur plutôt, qu’elle tentait vainement de réfréner. La présence de Rufus était si troublante… elle avait d’ailleurs eu du mal à le raccompagner, mais pensait plus à l’intérêt de sa fille qu’à ses propres désirs. Il fallait qu’elle arrête de le regarder marcher et remonter la rue sous la pluie toujours battante, mais cela était plus facile à dire qu’à faire…
La jeune femme allait enfin refermer la porte au prix d’un bel effort, qui lui paru bien ridicule, lorsqu’elle entendit son nom, prononcé par une voix bien connue. Voix qui lui procura un certain plaisir, et l’empêcha de se mettre en colère contre elle-même à cause de ses sentiments pour Rufus qui avaient rejailli alors qu’elle s’était bien jurée de ne plus jamais éprouver cela pour lui.

« Hé Stella ! »

Un beau jeune homme brun aux yeux noisette, d’une vingtaine d’années, venait d’interpeller le médecin, avec un grand signe de la main, accompagné d’un immense sourire. Sourire que Stella lui rendit, même s’il sonnait un peu faux.

- « Bonjour Sunny.
- Salut grande sœur ! »

Alors qu’il s’approchait de la porte, la curieuse sensation qu’il avait ressentie se précisa. Ce n’était pas l’impression de quelque chose de connu, mais de quelque chose qu’on lui avait décrit maintes fois… Une chevelure blonde, un costume blanc… Un homme qu’il ne connaissait pour ainsi dire pas mais qu’il avait appris à détester… Le visage et le sourire un peu crispés de sa sœur aînée confirmèrent le flash qu’il venait d’avoir sur l’identité du visiteur de Stella.

- « Dis-moi, je n’ai pas rêvé, le type qui vient de sortir de chez toi c’était… lui ?
- Oui ptit frère, c’était bien lui… »

Sunny se retourna pour observer une nouvelle fois le manteau blanc de Rufus voler au vent, qui remontait la rue lentement, avec une expression d’incrédulité sur le visage, qui se mua bientôt en colère. Bien qu’éloigné de sa sœur pendant la période où elle était chez les Turks, et bien longtemps après, tandis qu’elle avait du se cacher pour préserver sa vie et celle de sa fille, cela n’avait en rien entamé le lien fraternel, et il est donc normal que la réaction de Sunny fut aussi vive. Le jeune homme donna donc un coup de poing contre le mur de la maison, faisant sursauter sa sœur.

- « J’espère qu’il ne t’a rien fait ce salaud… lâcha-t-il entre ses dents serrées.
- Ne t’inquiète donc pas Sunny, il ne me fera rien, ni à moi ni à sa fille. A notre fille.
- Il n’est que son père biologique, ça ne veut rien dire ! Tu fonde trop d’espoirs sur ce sale type. Je ne comprends pas qu’après tant d’années, après ce qu’il a fait, ce qu’il t’a fait, tu continue à le défendre…
- Et je continuerais à le défendre, car ce n’est pas à ça que l’on juge les gens. Tout le monde a le droit de s’amender, Rufus comme un autre… Fais-moi voir ta main, que tu ne te sois pas cassé quelque chose en frappant ce pauvre mur innocent. »

*

* *


Un président Shinra se promenant seul dans les rues de la ville sinistrée, voilà ce qu’attendait un des badauds qui les avaient apostrophés un peu plus tôt, celui-là même qui n’avait pas accepté le discours de Stella, mais que personne n’avait suivi. Il faut dire que manipuler les foules n’est pas à la porte du premier venu, et que l’influence du docteur Stella, réputée autant au niveau médical que pour sa grande bonté, ne souffrait que de peu de comparaisons. Alors, blessé dans son orgueil de mâle, l’homme avait décidé de ne pas laisser Stella lui dicter sa conduite, et d’agir comme il avait prévu au départ. La chance n’a rien à voir avec le fait qu’il rencontre à nouveau Rufus : il avait simplement patienté non loin du cabinet de Stella.

- « Revoilà le président Shinra, et tout seul ! Cette fois il ne faut pas laisser passer l’occasion ! dit-il d’une voix forte et claire pour bien attirer l’attention des personnes autour de lui.
- Tu as entendu ce qu’a dit le docteur Stella non ? réplica un des passants. Qu’on doit le laisser tranquille ! Ce n’est pas à nous de juger ses erreurs.
- Je m’en contrefous de ce que Stella a dit, ce que je sais c’est que moi j’ai envie de lui expliquer ma façon de penser à coup d’arguments frappants ! »

Ce disant, il désigna ses biscottos proéminents, qui proclamaient que ce type était une force de la nature. Si Rufus n’était pas un gringalet, il ne fallait cependant pas parier sur sa victoire face à une telle armoire à glace, sorte de catcheur du Gold Saucer bodybuildé allaité aux anabolisants. Et c’est bien sur cela que comptait l’homme, car bien souvent, les grandes gueules sont aussi de grands lâches qui n’attaquent que s’ils sont certains de gagner…
Un sourire mauvais sur sa face rougeaude, l’armoire à glace attendit que Rufus arrive à sa hauteur, puis se planta juste devant lui, les bras croisés, le toisant de la même manière que précédemment, c'est-à-dire avec un mépris non dissimulé. Le jeune homme, toujours dans ses pensées depuis qu’il avait quitté Stella, leva les yeux sur le mastodonte, guère impressionné par sa masse, et les laissa retomber au sol en soupirant.

- « Laissez-moi passer… dit-il d’une voix plus que lasse.
-Je n’ai pas d’ordres à recevoir de toi, réplica le colosse. Si tu veux passer, t’as qu’à me pousser !
- Vous me faites perdre mon temps…
- Dans ce cas, je vais me dépêcher de t’envoyer au tapis ! »

Sans sommation supplémentaire, un crochet du droit vint s’abattre sur le visage de Rufus, l’envoyant s’étaler deux mètres plus loin sur le trottoir détrempé. Ayant vu le coup arriver, Rufus n’avait cependant pas bronché, ni proféré la moindre plainte alors qu’il se faisait presque démonter la mâchoire. Et c’est encore sans mot dire qu’il se releva lentement, gardant la même attitude lasse et détachée, secouant son manteau détrempé. Ce faisant, le mastodonte avait pu apercevoir dans les replis de ce manteau la crosse d’une arme à feu de gros calibre, et avait eu un mouvement de recul. Mais rien dans l’attitude du président Shinra ne présageait qu’il voulait s’en servir, si bien que l’homme ne perdit sa hargne qu’un très court instant. Instant que Rufus aurait parfaitement pu mettre à profit… sauf qu’il n’était pas dans les intentions du président Shinra de rentrer dans ce jeu. Un jour normal, il n’aurait pas hésité à corriger sans ménagement ce malandrin, mais ce n’était pas un jour normal pour Rufus…
De nouveau debout face au colosse, il réitéra sa demande, toujours avec ce même ton bas et las.

« Laissez-moi passer… »

A nouveau, la foule s’était rassemblée autour du président Shinra, restant toutefois à bonne distance, et cette fois, sans Stella à ses côtés, l’hostilité se faisait bien plus clairement sentir, et surtout entendre, même si les paroles de la jeune femme résonnaient encore dans les esprits. Les badauds se retrouvaient donc partagés entre les partisans de Stella si l’on pouvait dire, qui étaient d’avis de donner une chance à Rufus, et ceux qui encourageaient ouvertement le colosse, n’ayant pas vraiment le courage de se faire « justice » seuls. L’armoire à glace était donc devenue, comme il le souhaitait d’ailleurs, le messager de la haine et du ressentiment, constituant l’essentiel des personnes rassemblées autour de lui, car tous avaient eu à souffrir des exactions de la Shinra.
Quoi qu’il en soit, devant cette animosité manifeste, Rufus semblait ne pas y prêter attention, et encaissait à la fois les coups et les reproches verbaux sans rien dire. Cette attitude passait pour de la provocation chez les uns, augmentant leur colère à son égard, pour de la dignité chez les autres, étonnés de le voir ainsi accepter le châtiment de la foule sans répliquer. Il est vrai qu’il lui aurait été difficile de faire quoi que ce soit seul contre la quasi-centaine de personnes réunies, cependant, ces personnes ne bougeaient pas, laissant à celui qui était devenu leur bras le soin de continuer son œuvre. Enhardit par les encouragements d’une partie de la foule, ne faisant pas cas des objections de l’autre, le colosse recommença à frapper un Rufus résigné, d’abord d’un grand coup dans l’estomac, avant d’enchaîner par une véritable grêle de poings.

Rufus venait de mettre un genou à terre, véritablement assommé par cette avalanche de coups, lorsque la foule, déjà à bonne distance des pugilistes – ou plutôt, du boxeur et de son punching ball – s’écarta encore plus quand sugirent parmi elle deux personnes de noir vêtues. Et quelques secondes plus tard, le colosse se retrouvait mis au tapis par l’homme au crane rasé, tandis que celui aux cheveux rouges brandissait sa matraque pour tenir en respect les badauds.

« Il y en a un autre qui veut s’en prendre à notre Boss ? » demanda Reno en plaçant son pied droit en travers de la gorge de l’armoire à glace allongée sur le sol trempé, pendant que Rude relevait Rufus.

Un murmure indigné parcourut la foule, et quelques insultent ne manquèrent de fuser, sans que personne ne soit assez téméraire ou fou pour relever le défi. Les Turks avaient toujours une sale réputation, et nombreux étaient ceux qui avaient assisté à leurs combats face à Yazoo et Loz, montrant leurs aptitudes et leur force. D’ailleurs, Rude avait bien étalé d’un seul coup un homme connu pour être une force de la nature contre qui personne n’osait rivaliser.

« C’est bien ce que j’avais crû comprendre » fit-il en plaçant sa matraque sur son épaule.

Rufus debout, le jeune homme blond refusa toute aide supplémentaire de Rude et sans un regard à quiconque, pas même aux Turks, reprit son chemin. Ces deux derniers, ébahis, enfin, Rufus ébahi, offrant des yeux ronds et une bouche ouverte, et un Rude égal à lui-même, dont la surprise – si tant est que surprise il y ait – était cachée par ses lunettes noires, escortèrent leur président à travers la foule, et grimpèrent avec lui dans l’hélicoptère, déjà mis en marche par Tseng et Héléna, et dans lequel se trouvait apparemment une autre membre des Turks, jeune femme blonde à la moue quasi-boudeuse et aux yeux verts.

« On y va » furent les seuls mots qu’il prononça de tout le trajet jusqu’à Healing Lodge, et personne n’osa lui demander comment il allait, pas même Reno, tant ce ton ne souffrait de réplique.
Healing Lodge, nouveau siège de la compagnie Shinra, endroit perdu au milieu de nulle part. C’était avant tout, comme son nom l’indique, une maison de repos, avant que Rufus ne s’y installe, pour les soins et la tranquillité des lieux. Car c’est un président Shinra malade, touché par la géostigma qui y était venu, et malgré ce handicap physique, avait continué ses activités, bien que quasiment réduites à néant avec la chute de l’empire hérité à la mort de son père. Il faut dire que l’esprit ne fonctionne jamais mieux que lorsque le corps s’y refuse, et à l’aide de ses derniers fidèles Turks, Rufus avait pensé au coup suivant, long de deux ans, qui avait trouvé sa conclusion ce jour même. Une belle manipulation sur tous les plans…
Bien sûr, les mouvements de Rufus n’étaient pas totalement entravés par la maladie, il avait joué un rôle devant Kadaj et Clad, il n’empêchait toutefois que la géostigma avait été très douloureuse. Une vengeance de la Terre contre celui qui avait voulu « pomper » son énergie sans restriction pour augmenter son pouvoir…ce que beaucoup pensaient, mais que Rufus avait longtemps réfuté. Il ne croyait pas à ces sornettes, ce n’était que pure coïncidence et voilà tout. Seulement… après les évènements de la journée, du moins la partie totalement imprévue, le président Shinra avait été amené à revoir son jugement. Quoi qu’on en pense, le passé finissait par vous rattraper…

L’hélicoptère atterrit sans à-coups au milieu de la végétation verdoyante, ployant sous le souffle puissant des pales, et avant qu’elles ne cessent de tourner, Rufus était déjà sorti. Le jeune homme ne prit même pas la peine de prévenir les Turks de ses intentions, et sans attendre, se dirigea vers ses appartements, d’une démarche saccadée, consécutive à son passage à tabac autant que la confusion dans laquelle il se trouvait plongé.

Rufus poussa la porte de son bureau et la referma aussitôt, posant quelques secondes son front brûlant contre la froideur du chambranle métallique. Avait-il pris froid sous cette pluie glacée, ou était-ce dû aux questions qui ne cessaient de s’entrechoquer dans son esprit au point que sa tête commençait à se faire lourde ? Le jeune homme penchait évidemment pour la deuxième hypothèse, et continua à se torturer mentalement en retirant son manteau trempé, qu’il laissait glisser à terre, avant de se diriger vers son bureau et de se laisser tomber littéralement dans le fauteuil.
A présent qu’il était seul, Rufus se laissait aller, et on pouvait lire sur son visage les traces de sa souffrance. Il grimaçait de douleur à chacun de ses mouvements. Ce type n’y était vraiment pas allé de main morte, le jeune homme blond avait mal absolument partout, et serait certainement couvert de bleus disgracieux d’ici peu de temps. Il avait d’ailleurs de la chance de n’avoir rien de cassé. Passant une main sur sa joue, il essuya le sang qui continuait à couler à la commissure de ses lèvres : première fois qu’il se retrouvait dans pareil état… mais uniquement parce qu’il ne s’était pas défendu. Et pourquoi donc s’était-il laissé malmener de la sorte ? Rufus lui-même n’était pas certain de la réponse, et pourtant il y songeait depuis que le colosse s’était dressé sur son chemin. A défaut de répliquer, il aurait tout de même pu éviter l’affrontement, or, il l’avait presque cherché, comme s’il désirait prendre ces coups. Pour expier ses fautes envers ces gens et recevoir ce châtiment qu’il méritait ? Pour suivre les paroles de Stella, à savoir qu’il ne devait être jugé que sur ses actions futures? Or, comment pourrait-il s’amender si Rufus commençait à se battre contre eux, leur donnant entièrement raison à son propos ? S’amender… cela aurait été le cadet de ses soucis en temps normal, Rufus aurait comme toujours fait les choses à sa manière, et l’opinion des masses n’aurait en aucun cas constitué un obstacle à la résurgence de la Shinra. S’il avait dû composer avec, jamais il n’aurait accompli quoi que ce soit. Il est vrai que ses choix et actes avaient mené à un retentissant fiasco, mais Rufus ne regrettait pas d’avoir agi de la sorte, selon ses propres idées et ses ambitions, sans que personne ne soit là pour lui dicter sa conduite après la mort de son père. Un parcours où le jeune homme avait toujours du se battre seul, et qu’il ne devait donc qu’à lui-même. Une solitude qui lui avait été imposée par la force des choses, et qu’il croyait pouvoir enfin combler avec une femme, dont la perte tragique sans qu’il n’ait pu lui faire part de ces sentiments avait marqué la fin du bonheur de Rufus avant même qu’il n’ait véritablement débuté. Une solitude qui avait persisté jusqu’à aujourd’hui, où il avait enfin revu cet être tant aimé…

Stella Note. Jeune femme timide et pacifiste qui s’était engagée chez les Turks, délicate fleur à peine ouverte parmi ces guerriers réputés intraitables, dont on se demandait au premier abord si elle ne s’était pas trompée de carrière. Et pourtant… la fragile Stella s’était révélée à la hauteur des attentes de l’organisation armée de la Shinra, car possédant une qualité indispensable : la détermination. Dès lors que la jeune femme avait décidé quelque chose, rien ne pouvait l’empêcher d’atteindre son but, allant même contre sa nature timide et réservée. Rufus était d’ailleurs bien placé pour le savoir, lui qui avait été un tremplin dans la quête de la jeune femme, à la recherche de sa vengeance à l’encontre de l’assassin de son père. Stella n’avait pas hésité à donner de sa personne pour cela, au sens biblique du terme, et Rufus en avait profité, cherchant lui aussi le profit dans cette relation qui n’avait pour base que leurs intérêts. Ajoutant à cela que Rufus avait été le tout premier à faire s’épanouir la fleur qu’était Stella, cela présageait de la trempe de la jeune femme, qui de petite fille timide était bien vite devenue femme à part entière dès lors qu’elle avait croisé son chemin.
Et c’est ainsi qu’il l’avait vue aujourd’hui, avec ses 9 ans de plus qui n’avaient fait que lui donner encore plus d’assurance et de… charme. Oh oui, s’il n’avait rien ou ne l’avait guère montré, Rufus l’avait trouvée particulièrement belle, couronnement de ce jour faste, rayon de soleil à travers la pluie battante, un fantôme du passé qui lui était apparu on ne peut plus réel. Qu’avait-il ressenti en cet instant ? Etonnement bien sûr, quoi que le mot ne soit pas assez fort, puis soulagement, de la voir en vie, et enfin… une curieuse bouffée de bien-être, comme si sa seule présence avait réussi à apaiser les craintes les plus enfouies du jeune homme. La même sensation qu’à l’époque, chose qu’il n’aurait plus jamais cru ressentir. Nulle question supplémentaire sur l’impossibilité de la voir devant lui, ne restait à Rufus que le plaisir de savourer cette vision idyllique avant qu’elle ne s’évanouisse.
Et puis, il y avait eu la photo, et l’annonce. Stella… et Celene. Sa fille… Oh bien sûr, nombre de ses conquêtes avaient voulu ramasser leur part du gâteau Shinra en prétendant être porteuse de l’héritier de la lignée, mais Rufus n’avait jamais pris au sérieux ces fadaises, et de toute façon avait toujours pris les précautions qui s’imposaient, aussi bien pendant la relation qu’après. Or là, c’était bien différent. 9 ans plus tard, le voilà devant le fait accompli : il était père. Père d’une enfant qu’il ne connaissait pas, qu’il n’avait jamais vu et dont il n’aurait jamais, au grand jamais, soupçonné l’existence. Et il n’aurait su dire au moment même où il avait eu la photo entre ses mains, ce qu’il en avait réellement pensé. Et même, s’il avait pensé tout court. Tout s’enchaînait si vite, que le pauvre homme ne savait ce qu’il pouvait bien se passer dans sa tête envahie par un flot, non, un raz-de-marée de réflexions diverses et variées, parfois contradictoires, tant tout était confus.
L’espoir… l’espoir était peut-être le sentiment qui prédominait chez Rufus tandis qu’il suivait Stella, l’espoir… puis la résignation, résignation à se montrer patient, à réfréner cette pulsion qui prenait possession de lui, sensation qu’il n’avait pas connue depuis bien longtemps, et face à laquelle il n’avait jamais su réagir. Et à laquelle il ne savait toujours pas réagir aujourd’hui d’une autre façon qu’en restant lui-même, le Rufus cynique et froid que tout le monde connaissait, voir moqueur dans certaine situations. Mais ce Rufus là n’était qu’une façade forgée par le temps et les circonstances… et dont il était difficile de se défaire. A moins que Rufus ne veuille pas s’en défaire, de peur d’avoir à le regretter et de remettre ce masque à jamais…

Au bout d’un certain temps, les yeux clos de Rufus se rouvrirent sur le plafond blanc, et s’attardèrent un instant sur cet espace immaculé désespérément vide. Un autre verre de whisky lui ferait certainement du bien, mais il n’avait aucune envie de se lever, et s’il commençait à boire, il ne se contenterait certainement pas d’un pauvre verre, mais de la bouteille entière… Noyer ses questions dans l’alcool lui avait paru un instant délicieusement tentant, pourtant il avait rejeté cette idée. Il avait besoin de garder ses pensées claires, si on pouvait le dire ainsi, pour comprendre comment tout cela avait pu arriver… La seule chose qu’il autorisa son corps meurtri à effectuer, fut ouvrir le tiroir de son bureau pour en retirer un dossier rouge, en serrant les dents. Posant la chemise devant lui, il l’ouvrit lentement, presque religieusement, et entreprit de le feuilleter. Dreac, Helena, Jade, Reno, Roxane, Rude, Tseng, Vangelius, Veld, Warren … les fiches des Turks défilaient devant ses yeux, de tous les Turks depuis leur création, et Rufus en cherchait une en particulier. La fiche d’une jeune infirmière aux yeux verts…

Il ne tarda pas à la trouver, accompagnée de son ancienne carte magnétique, pourtant, le jeune homme tourna à nouveau la page, car en réalité son but n’était pas ce simple rapport où figurait en énormes lettres rouges le mot DECEASED , mot qui lui avait tant fait mal mais n’avait plus d’importance aujourd’hui. Elle était là, juste derrière, feuille froissée et jaunie par le temps, couverte d’une écriture fine et féminine qui tendait à s’estomper. La fameuse lettre dont la jeune femme avait fait l’évocation dans cette ruelle, et qu’il avait fait mine d’avoir oubliée alors qu’en réalité, il l’avait conservée et relue maintes fois depuis l’époque de sa rédaction. Soit juste avant qu’il n’assiste à la « mort » de Stella. Il faut dire que cette lettre constituait un peu la seule chose qui lui restait d’elle, avec ses souvenirs, et malgré son contenu, Rufus l’avait gardé pour cela.
Il connaissait cette lettre par cœur, cependant, lorsqu’il la tint dans ses mains, le jeune homme à la chevelure blonde toujours un peu trempée dont quelques goutes vinrent orner le feuille froissée, ne put résister à l’envie de la parcourir pour la énième fois.


Cher Rufus,

Tu te demande certainement pourquoi je t’écris une lettre d’adieu, car c’est bien de cela dont il s’agit. C’est pour te remercier. Pour te remercier de ce que tu as fait pour moi, même si je sais très bien que tu t’es servi de moi juste pour mettre des bâtons dans les roues de ton père, et je m’excuse d’ailleurs de ne pas avoir accompli cette tâche comme tu le voulais.
Je… n’ai pas réussi. Je n’ai pas pu le tuer. Quand je me suis retrouvée devant lui, je n’ai pu m’y résoudre… J’ai réalisé la folie dans laquelle je m’étais fourvoyée, et qui avait régi ma vie depuis tant d’années. Rendre responsable une seule personne, c’était bien plus facile que d’accuser la Shinra dans son ensemble, et ses dirigeants. Une Shinra que je ne pouvais et ne pourrais faire tomber seule… Alors, je n’ai plus de raison de rester parmi les Turks, dans cette compagnie qui est aujourd’hui plus que jamais l’objet de ma haine.

Si ça n’a pas abouti à la conclusion que j’attendais, tu m’as aidée à accomplir la seule chose qui comptait dans ma vie, et pour ça je t’en serais éternellement reconnaissante. Je t’ai d’ailleurs prouvé cette reconnaissance maintes fois… si tu vois ce que je veux dire. Et finalement, ce temps passé avec toi, malgré les raisons pratiques, ce n’était pas si mal…
Comme tu te fiche bien de ce que je peux ressentir, je me demande pourquoi je te le dis finalement…

Quand tu liras ceci, je serais partie loin, très loin de toi, très loin des Turks… Et comme on ne peut pas quitter les Turks de cette façon, je sais que vous allez vous lancer à mes trousses, mais ça m’importe peu. Peut-être que je n’ai plus vraiment envie de vivre, que je n’ai plus de raison de le faire…
J’aurai une dernière requête à t’adresser, même si je doute que tu y accorde une quelconque importance. Ne faites pas de mal à ma famille… elle n’y est pour rien, et j’ose espérer que je l’aurais mise à l’abri avant que vous ne vous aperceviez de ma disparition. Te connaissant, je sais que tu n’aurais aucun scrupule à te servir d’eux pour arriver à moi, mais je t’en supplie Rufus, ne leur fais pas de mal…

Quoi qu’il en soit, sachant que tu n’iras probablement même pas au bout de cette lettre, je te dis adieu Rufus, tu dois probablement t’en ficher totalement, mais je ne t’oublierais jamais…


Une fois la lecture terminée, Rufus esquissa un geste pour poser la lettre sur le bureau, puis finalement préféra la garder entre les mains. Lire ceci lui avait permis de s’apaiser, et de retrouver enfin un semblant de calme et cette froideur qui avait toujours été sienne, et l’avait menée là où il était aujourd’hui. Les sentiments n’étaient que faiblesse, des freins à la pensée et à la conquête du but qu’il s’était fixé, voilà pourquoi il les avait laissés de côté. Voilà pourquoi il n’avait plus voulu ressentir quoi que ce soit après la disparition de Stella… Il avait voulu se forger son avenir, uniquement dicté par ses envies, un avenir sombre certes, un avenir où il serait seul, par choix – à moins que ce ne fut à cause de ses choix qu’il fut si seul, mais Rufus était bien trop orgueilleux pour se l’avouer – un destin dicté absolument par personne d’autre que lui-même… avait-il été heureux pour autant ? Non jamais… il n’avait goûté à un aperçu du bonheur seulement à l’époque où Stella était à ses côtés, mais ça, il ne s’en était rendu compte que trop tard…

Morte. Stella était bien sensée être morte. Oui, il l’avait vue aujourd’hui, avait rencontré sa fille, avait reçu cette nouvelle comme un choc, mais il restait toujours la question en suspens. Comment pouvait-elle être encore en vie ? Il n’avait pas pensé à lui poser la question, ou peut-être pas osé, mais restait intimement persuadé d’avoir serré son corps sans vie dans ses bras. Et ses funérailles… du bidon donc, complètement bidon. Et comme elles étaient organisées par la Shinra, il devait y avoir quelque magouille de son père là-dessous, sans aucun doute. Le doute qui assaillait son esprit fit place à de la colère, ce qu’il ressentait assez souvent quand il pensait à son père, autant détesté que méprisé. Pourquoi fallait-il que ce qui lui tenait lieu de père trouve toujours le moyen de le faire souffrir ? Et pourquoi Stella en avait-elle fait les frais ? Ce n’est pas comme s’il avait prétendu être attaché à elle, au contraire, il l’avait caché, et lui-même n’avait su se l’avouer avant qu’il ne soit trop tard. Trop tard… Rufus était bien persuadé que ce « trop tard » n’avait pas été fictif. Alors, comment avoir la réponse sur la « résurrection » de Stella? Le mieux était d’en parler avec l’intéressée, si elle voulait bien lever le voile sur ce mystère, et si ça ne faisait pas remonter à la surface de douloureux souvenirs. Quoi que, il semblait à Rufus, au vu des réactions vives de son ancienne maîtresse, que ce fut déjà le cas. Un peu plus ou un peu moins… non, il n’avait pas le droit, pas le droit de demander à la jeune femme d’en faire d’avantage ! Il avait assez profité d’elle autrefois, Stella ne méritait pas d’être traitée encore une fois comme un simple objet qui l’amènerait à la concrétisation de son désir d’explications. Il trouverait bien un autre moyen de savoir ce que tout cela signifiait.

Rufus lui avait bien dit dans cette ruelle assombrie par l’orage qu’elle n’avait jamais compté pour elle, or il n’y avait pas plus grand mensonge... Et affirmé par conséquent ne rien devoir à Celene. Mais il ne le pensait pas non plus, et encore moins maintenant qu’il avait rencontré la fillette, SA fille. Oui, il devait quelque chose à Stella et Celene, ne serait-ce que de simples explications, et justifications sur le fait qu’il n’avait rien à voir avec sa poursuite, et n’avait jamais voulu sa mort. Bon sang, même aujourd’hui, il s’était montré si dur avec elle, Stella devait vraiment le haïr encore plus à présent…
Jusque là, ses réflexions s’étaient faites en silence, à peine ponctué par ses soupirs nostalgiques, ce qui est tout a fait normal lorsqu’on se retrouve seul à ressasser le passé. Mais finalement, les lèvres de Rufus remuèrent, et une phrase en sortit. Une phrase qu’il aurait voulu prononcer plus tôt dans la journée, voire il y a des années, sans se rendre compte à quel point elle aurait été nécessaire. Une phrase qu’il avait besoin de dire à haute voix, même si elle ne trouverait pas de réponse, puisqu’adressée à la cruelle absence de cette personne près de lui. Un murmure qui s’estomperait dans le vent, et que jamais personne n’entendrait, jusqu’à ce qu’il trouve enfin le courage de prononcer ces mots en face de la personne à qui ils étaient destinés.

« Pardon pour ce que je t’ai fait Stella… »
Mitoko triball
   Posté le 13-07-2007 à 02:26:10   

Je l'avais pourtant déjà lu mais ça me fait toujours le même effet...
Poignant, émouvant...
Ô quelles sont joliment retranscrites les tortures intérieures et les états d'âmes de ce dirigeant qu'on pensait si dénué de sentiments...

Allez tous en choeur!
La suite ! La suite ! La suite ! XD
Ikkaru
   Posté le 13-07-2007 à 20:16:42   

Je n'ai pas encore tout lu , mais c'est remarquablement bien écrit *____*
Nessa
   Posté le 22-07-2007 à 23:44:19   

pfiou, quel style ! O____O
*reste une fois de plus interdite devant ce mélange de finesse et de retranscription si détaillée à la fois...*

ah, et pardonnez mon ignorance, mais...c'est quoi au juste comme organisation, cette Shinra ? Oo

une 'tite question au passage...c'est quand la suiiiiiiiiiiiiiiiiiiite ?
Rei
   Posté le 22-07-2007 à 23:54:14   

Tu n'as jamais joué à FFVII...? o_0... En plus de penser que Paris fait environ... nan je ne le dirai pas... je ne veux pas que les gens se moquent de toi...

La Shinra est une organisation dans FFVII, grand classique. C'est une organisation militaire en fait... vala... ^^

Et ma tante, tu sais déjà mon avis mais je le répètes...


WOW... o_0...

^^
Nessa
   Posté le 23-07-2007 à 17:27:59   

Rei > >__________________________________<
Mais merci pour le renseignement quand même...Et qu'a-t-elle fait pour être si détestée ?
Mitoko triball
   Posté le 23-07-2007 à 18:24:45   

Elle est pô détestée, il y a juste eu un ordre qui est tombé comme quoi elle devait être exécutée pour cause de euh... oh trois fois rien, une 'tite désertion quoi. XD

Et je t'avais fait regarder le film de FFVII advent children avec Cloud et Reno que tu avais adoré... TT____TT
Donc je t'avais parlé de la Shinra corp... TT_____TT
Nessa
   Posté le 24-07-2007 à 18:02:53   

Désertion ? Une armée qui ne protège pas sa patrie ? Oo

Vi, et je l'ai dit...Je ne sais plus où (merci fichue mémoire >____< ), mais je l'ai dit é___è
Et merci de me l'avoir fait regarder, paske c'est vrai que c'était prenant...Bien qu'en temps normal, je ne sois pas vraiment "jeux vidéos" ^^"
Tifet
   Posté le 24-07-2007 à 18:29:25   

En lisant au fil du défilement de cette page (en fait pour voir la quantité de texte à lire ^^), je ne vois que des gens qui apprécient donc je vais lire ça bientôt !!
Nessa
   Posté le 24-07-2007 à 21:49:19   

Tifet > même si quantité il y a, le style est très fin et c'est vraiment bien raconté, donc ça glisse tout seul ^^
Paine
   Posté le 27-07-2007 à 01:41:07   

Nessa a écrit :

Désertion ? Une armée qui ne protège pas sa patrie ? Oo


C'est plutôt une armée privée, qui dépend de la Shinra, donc elle risque pas de protéger grand chose à part... la Shinra XD

Et pour précise, ce n'est pas la Shinra qui est l'organisation militaire, mais le SOLDIER et les Turks, où ces derniers font figure de troupes d'élite.
La Shinra, dont le nom complet est ShinRa Electric Power Company, est donc une compagnie dont la raison sociale est l'énergie, et ils puisent l'énergie mako de la Terre comme source. Mais au lieu d'en prendre un peu, ils pompent au maximum, asséchant l'énergie de la Terre.

Merci pour les commentaires, je suis très touchée ^^ la suite, ce ne sera pas avant que j'ai revu quelques points, vu que je la fais en collaboration avec Mimi (je n'utiliserais pas son perso Jade sans son aide, vous comprenez ^^' )
Yno
   Posté le 27-07-2007 à 02:09:18   

Toujours aussi intéressent^^ J’aime beaucoup les états d’âme de l’ex leader de feu la Shinra Corp.

[Message effacer vu que je n'avais pas actualisé =D ]

Sa me fait penser, faudrait que je pense à ce qu’il est advenu de Kulweet ^^

Message édité le 27-07-2007 à 02:10:13 par Yno
Mitoko triball
   Posté le 27-07-2007 à 14:43:00   

D'ailleurs, si jamais on ne se croise pas assez vite et que tu as besoin d'informations rapidement n'hésite pas à m'envoyer un mp !
Je ne veux pas ralentir ton train d'écriture et de postage ici ! >___<

Et je voulais expliquer le fonctionnement de la Shinra à 'titia ce week-end, mais tu m'as devancée. XD
C'est pas plus mal, je préfère tes explications.

Bon, maintenant, faut voir pour la suiiiiiite ! ^_____^
Je veux voir Rufus vraiment au pied du mur moi... *_______*
Nessa
   Posté le 28-07-2007 à 01:03:46   

Aaaaaaaaah, merci pour ces explications, Painou, quelques éléments me reviennent ainsi en mémoire,et ceux que je n'avais pas bien compris sont à présent très clairs ^^

Mimi...Il ne l'est pas déjà un peu ? ^^""

La suite, la suite, la suite !
Lovie
   Posté le 28-07-2007 à 09:19:37   

j'a tout lu d'une traite!!! c'est superbe!!!! et j'ai hate de lire la suite aussi
Tifet
   Posté le 29-07-2007 à 11:22:12   

Comme Lovie j'ai tout lu d'un coup !!
Je connais pas vraiment FFVII... donc c'est pour moi une totale découverte des personnages. Mais c'est vraiment bien écrit donc on arrive à les comprendre et les cerner (un peu) (après tout si c'était "complètement" ce ne serait pas marrant ^^)
Donc j'ai bien aimé ce que j'ai lu !! J'y ai pris grand plaisir !
A quand la suite ?
Paine
   Posté le 07-11-2007 à 02:12:20   

Merci pour ces commentaires qui me touchent beaucoup ^__^

La suite, c'est maintenant ^^' désolée du délai d'attente, j'ai pas trop eu de temps et d'idées, d'ailleurs je ne suis pas satisfaite du tout de ce chapitre, du moins pour ce que j'ai fait moi : c'est une collaboration avec Mimi, qui a accepté de jouer son personnage, Jade, qui malgré les années est toujours aussi... délicieuse XD
Enfin bon, je le poste quand même, je mettrais dans le prochain chapitre ce que je oense avoir laissé de côté...


Chapitre 5 : Improbable réconciliation


Non loin du bureau de Rufus, deux Turks montaient la garde ; ou plutôt, un montait la garde et l’autre faisait les cents pas, les mains croisées derrière la tête, les yeux tournés vers le plafond, faisant partager à son compagnon le fruit de ses réflexions. Et ce même si le dit compagnon n’en avait pas spécialement envie.

- « J’ai jamais vu le patron dans un état pareil, même pas avec la géostigma, s’étonna Reno. Qu’a bien pu faire ou dire Stella pour qu’il soit comme ça ?
- … »

Nulle réponse de la part de l’imperturbable Rude, qui se contenta de hausser les épaules, estimant de toute façon que ce n’était pas leurs affaires. Ce ne semblait pas être dans l’idée de Reno, qui continua sur sa lancée. Les monologues ne le dérangeaient visiblement pas.

« Quand je pense que je la croyais morte depuis belle lurette celle-là… ça nous aurait arrangés d’ailleurs! Quelle plaie cette Stella… J’espère que le Boss ne va pas nous passer un savon pour l’avoir loupée >_< »

A peine cette phrase terminée, on put entendre le bruit d’une claque retentir, et un « aïeuh » bien sonore l’accompagner : Jade venait d’arriver et, comme d’habitude, Reno en faisait les frais. Difficile de croire que ces deux là, malgré quelques aléas, étaient ensemble depuis près de 8 ans, et pourtant… Frottant l’arrière de sa tignasse rousse perpétuellement en bataille, Reno se retourna vers sa compagne indélicate.

- « Mais qu’est-ce que j’ai encore dit ? >_>
- Une bêtise, pour ne pas changer, réplica la jeune femme blonde. Ne t’avise plus de parler de Stella comme ça devant moi c’est compris ? Et puis de toute façon, c’est le père de Rufus qui a donné l’ordre, pas lui.
- Comment voulais-tu que je le sache ? >_< Et puis comment tu le sais toi ?
- Parce qu’à la différence de toi, mon petit hérisson rouge, je sais me servir de mes yeux et de la tête, aussi bien aujourd’hui qu’à l’époque, répondit Jade d’une voix légèrement exaspérée, avant que ses accents ne se chargent d’une pointe de moquerie. Il faut avouer que la mise en scène de son enterrement avait été très réussie, et que tout le monde y a cru jusqu’à ce qu’on nous dise de la pourchasser. Moi-même j’ai failli verser une larme. Mais qui aurait été assez haut placé pour pouvoir faire croire à la mort de quelqu’un, et mettre autant de moyens juste pour une simple Turk ? Ce n’est pas pour le critiquer, mais Rufus n’était qu’un jeune blanc bec qui n’avait guère voix au chapitre à ce moment précis…»

A travers la porte entrouverte, Rufus, malgré lui, avait tout entendu – il faut dire aussi que le couple était souvent loin d’être discret – et quelque chose dans cette conversation surprise figea sa main sur la poignée. Ce n’était en aucun cas la remarque de Jade, il était plus qu’habitué à sa langue acérées depuis le temps, c’était autre chose qu’il n’avait pas soupçonné…
Son père avait voulu la mort de Stella ? Il était pourtant prouvé que c’était bien Rufus la cible du sniper, qui avait trouvé la jeune femme sur son chemin… Quoi que, ce ne serait pas étonnant de la part de ce père qu’il détestait. Mais dans ce cas pourquoi Stella, à cause de lui ? A cause de leur relation ? Il l’avait traitée avec mépris, comme toutes les autres avant elle, et n’avait rien laissé paraître à quiconque sur ses sentiments, pas même à la demoiselle concernée… Alors, c’est qu’ils avaient du découvrir son petit secret, sa motivation à entrer chez les Turks, et par-là, que c’était lui son informateur principal… Alors pourquoi n’y avait-t-il eut aucune sanction contre lui, aucun avertissement de la part du vieux qui n’aurait été que trop content de le prendre à son propre jeu? Absurde …
Si cette réflexion paraissait insensée à Rufus, la suite des propos de Jade lui paru encore plus surréaliste. Bien entendu que Stella ne reposait pas dans le cercueil, c’était clair. Mais dans ce cas… qui pouvait bien être au courant que la jeune femme n’était pas morte ? Et surtout comment ? L’hypothèse du coup tordu de son père se précisait, bien que les détails restent on ne peut plus flous. Feindre de l’avoir tuée pour pouvoir la livrer comme cobaye d’expériences à ce cher docteur Hojo sans doute, pour la punir d’avoir comploté au sein de la Shinra… Non, décidément, ça ne collait pas. Pas même Hojo ne pouvait ressusciter les morts, et Rufus SAVAIT qu’elle était belle et bien morte dans ses bras. Il revoyait clairement son teint d’une pâleur extrême, et pouvait presque à nouveau sentir le contact de son corps glacé sous ses doigts tremblants. Impossible…
Voulant en avoir le cœur net, Rufus allait avoir une petite conversation avec la personne qui semblait le plus à même de le renseigner. Car elle paraissait en savoir plus qu’elle ne l’avouait sur le sujet… Ouvrant la porte en grand, sa voix résonna dans le couloir, voix froide dénuée de sentiment qui aurait pu glacer un volcan en éruption, sans même le recourt à une matéria.

« Jade, dans mon bureau. Immédiatement. »

Rufus savait que la jeune femme n’appréciait toujours pas l’autorité et ce malgré son retour inopiné au sein des Turks, après une période où elle aussi s’était faite passer pour morte, et par la faute du président Shinra d’ailleurs. Quelle curieuse coïncidence… Mais il n’avait pas à cœur de prendre en considération les attentes d’une Jade n’ayant rien perdu de ses manières que beaucoup trouvaient exaspérantes, qui n’étaient que la carapace de mépris érigée par la jeune blonde pour se protéger du monde extérieur, et ne se révélait jamais aussi épaisse qu’en présence de Rufus. Le président Shinra n’attendit donc pas le déluge verbal qui s’en suivrait forcément, et laissa la porte ouverte pour la Turk, alors que lui-même retournait s’asseoir dans son fauteuil, oubliant la douleur de ses membres contusionnés pour ne plus se focaliser que sur cette autre blessure invisible qui n’avait jamais vraiment cicatrisé.

Contrairement à toute attente, la jeune fille d’aristocrates n’attendit guère avant d’emboîter le pas de leur blond leader, et ce sans rechigner ni sans proférer un seul mot. Peut-être réservait-elle sa salive pour l’incendier une fois dans « l’intimité » de son bureau ? Toujours est-il que cette attitude presque… soumise intrigua, voire stupéfia proprement Reno. Qui sait si ce n’était pas elle la cause du comportement étrange de Rufus finalement, elle devait encore avoir exaspéré leur patron avec sa manie de ne pas vouloir lui accorder la moindre once de respect même en étant sous ses ordres depuis si longtemps. Mais qu’elle aussi se mette à agir à l’encontre de ce dont on connaissait d’elle… de ce dont IL connaissait de sa compagne ! Aussi l’attrapa-t-il par le bras avant qu’elle ne franchisse la porte, la forçant à se retourner pour le regarder. Et les yeux verts étincelants de Jade confirmèrent ce qu’il pensait : quelque chose n’allait pas vraiment, quelque chose qui concernait Jade et Rufus, uniquement.

«Jade ? Qu’est-ce qu’il se passe ? Pourquoi est-ce que tu…
- Je t’en pose des questions ? le coupa-t-elle en se dégageant de son étreinte un peu brusquement.
- Okay okay, pas la peine de le prendre comme ça… Je m’inquiète pour toi, c’est tout.
- Comme c’est mignon… Tu voudras bien m'excuser, mais, ton cher boss m'attend. Si l'envie m'en vient, je te livrerai peut-être quelques explications, plus tard..."

Rufus, Rufus, Rufus…Evidemment, c’est avec un mépris bien visible qu’elle avait prononcé le mot « boss », étant donné qu’elle ne considérait pas Rufus comme tel, et ce depuis bien longtemps. Sans ce soutien et cette fidélité indéfectibles dont faisaient encore preuve certains Turks envers lui, il ne serait plus rien aujourd’hui, plus que l’ombre de lui-même, et cette fidélité à toute épreuve restait un grand mystère pour la jeune femme. Elle-même n’était là que pour une seule raison, à savoir rester aux côtés d’une des personnes les plus chères à ses yeux, et qui même s’il l’exaspérait la plupart du temps, n’en était pas moins l’objet de son affection la plus sincère : il s’agissait bien entendu de ce cher Reno. Le concept de loyauté n’entrait donc pas en compte dans son cas, cependant, Jade pensait avoir compris qu’il y avait bien plus qu’une simple relation de patron à employé qui unissait Rufus à ses hommes, relation qu’elle était loin d’appréhender, mais qu’elle pouvait d’une certaine manière accepter, tant qu’elle n’y appartenait pas.

Avant même que Reno n’ait pu protester, la jeune femme avait franchi la porte, emboîtant le pas à Rufus avec cette discrétion qui lui était caractéristique. Ce n’est que lorsque la dite porte se referma sur Jade que le jeune homme leva les yeux au ciel et se prit la tête entre les mains, faisant mine d’arracher ses cheveux flamboyants, signe flagrant de son état d’esprit et de sa confusion.

« Raaah, mais ils ont tous décidé de me rendre dingue aujourd’hui ou quoi ? Rufus qui est bizarre, Jade qui le suit sans rien dire… il ne manquerait plus que tu deviennes une pipelette ! »

Alors, Rude retira ses lunettes et sur son visage d’habitude si sérieux s’esquissa un sourire, avant que sa bouche ne s’ouvre lentement. Mais aucun son n’en sortit, si ce n’est un soupir, ce qui arracha à Reno un grand éclat de rire, peut-être incongru dans cette ambiance, mais libérateur. Au moins, il pouvait compter sur son compagnon de toujours pour ne pas lui faire faux bond, et le rouquin reprit sa marche incessante de long en large devant cette porte close, faisant de grands efforts pour ne pas y jeter trop souvent le regard, afin de ne pas trop montrer que malgré tout son inquiétude ne le quittait pas.

Jade aussi avait conjecturé un bon moment après leur retour à Healing Lodge, puisqu’elle était une des seules parmi les Turks, si ce n’est LA seule, à avoir été au courant pour Stella – du moins pour le fait qu’elle soit encore vivante. Stella, l’unique personne qui avait su mettre Rufus dans un tel état de désarroi… Car oui, Jade avait compris ce qui préoccupait leur leader, et n’avait pu s’empêcher de se demander ce qu’il aurait bien pu se passer entre eux si le Destin ne leur avait pas joué ce tour. La jeune blonde n’avait eu que peu d’échos sur les relations entre ces deux là, Stella n’ayant pas été très bavarde à ce sujet : l’ex-Turk lui avait juste dit qu’il n’avait jamais été question de sentiments, ce en quoi Jade doutait fortement. Mais elle n’était pas allée chercher plus loin que cette affirmation, le reste ne la concernait absolument pas, et pour tout dire, elle s’en fichait pas mal. Seul le résultat était là.
Il est tout de même une chose qui n’avait pu laisser Jade indifférente : elle n’avait jamais réussi à accepter le fait que Rufus ait pu laisser son propre père ordonner l’exécution de celle avec laquelle il avait partagé pourtant plus qu’une simple relation de chef à subordonnée. Elle avait trouvé cela tout bonnement… monstrueux, et si tant est qu’elle ait eu une once de respect pour le vice-président Shinra de l’époque, il s’en serait retrouvé réduit à néant.
Alors que pouvait bien attendre Stella d’une rencontre avec un tel homme ? Et même si elle était persuadée du contraire, ne serait-il pas plus traumatisant pour Celene de le rencontrer plutôt que de continuer à s’en faire une image propre ? Enfin, ce n’était que l’avis de Jade, qui n’aurait de toutes les façons eut aucune incidence sur le choix de Stella, mais qui avait attisé la rancœur que la jeune blonde éprouvait à l’égard du « boss » de son compagnon. Et ce, malgré le fait que les actions de Rufus depuis lors lui avaient laissé penser qu’il n’avait pas oublié Stella…

Lorsqu’elle eut franchit la porte et l’eut refermée derrière-elle, en se retournant, Jade se prit malencontreusement les pieds dans un morceau de tissu abandonné négligemment sur le sol. Manquant par la même de se casser la figure, elle rétablit son équilibre de justesse et jeta un regard furieux sur ce qui venait de la tirer de sa profonde réflexion pour la faire trébucher. Il s’agissait du manteau blanc de Rufus. Ah les hommes et leur habitude de tout laisser traîner, leur amour pour le désordre « organisé », comme ils savent si bien s’en défendre, les rendra toujours aussi affligeants à ses yeux…
Se penchant pour ramasser le manteau en pestant à voix basse contre la manie de certains de se croire intouchables et de prendre les femmes pour leur bonne à tout faire, Jade remarqua que quelque chose dépassait de l’une des poches. Par curiosité, elle prit l’objet entre ses doigts et l’examina de plus près, et réaliser qu’il s’agissait en fait d’une photographie de…

« Celene… »

Le prénom de la fille de Stella n’avait été qu’un murmure, où s’exprimait la surprise, mais aussi teinté d’un soupçon de compréhension. Cela expliquait d’autant mieux l’attitude de Rufus depuis leur retour, et confirmait ce que Jade avait supposé. Il avait le droit d’être en colère, et même très en colère... après tout, quel homme ne le serait pas en apprenant qu’il était père d’une enfant dont il ignorait jusqu’alors l’existence ? Les hommes étaient aussi des êtres humains dans le fond… chose que Jade oubliait assez souvent.
Bizarrement, Rufus n’avait pas jeté la photo, et Jade en ressentit un sentiment étrange en constatant ce fait. Se permettrait-elle d’être optimiste et de penser que c’était de bon augure? Ou verrait-elle encore l’aspect le plus noir en considérant qu’il l’avait jetée à terre sans se préoccuper plus que cela du seul lien qui l’unissait à présent à un enfant de son sang ? Pour une fois, une des rares fois dans sa vie, Jade préféra choisir l’espoir à la critique, et se sentit disposée à répondre à toutes les questions que Rufus ne manquerait de lui poser. Bien entendu, elle ne lui faciliterait pas la tâche pour autant, le fait qu’il soit contrarié par sa découverte de paternité n’empêchait pas qu’elle ne puisse lui pardonner son attitude à l’époque.

Rangeant la photo dans la poche d’où elle l’avait prise, Jade plia le manteau sur l’un de ses bras et s’avança pour se planter devant le bureau derrière lequel le si brièvement dirigeant de la Shinra se trouvait assis, l’air préoccupé. Elle jeta alors, plus qu’elle ne posa, le manteau sur la table du bureau de Rufus, son éternel petit air hautain et impertinent sur le visage, ne prenant aucunement garde à éviter les papiers et autres instruments qui le jonchaient.

« Monsieur avait laissé traîner ceci dans le couloir. Et monsieur désirait des réponses à ses questions il me semble. Je suis là pour tâcher de répondre à certaines d’entre-elles.»

Après quoi, elle croisa les bras, attendant la réaction de Rufus. Et cette réaction ne tarda pas, le jeune homme ayant visiblement perdu toute patience. Lui-même s’était bien fichu de ce manteau détrempé, qui à présent trônait sur le bureau, ruisselant sur les dossiers et objets électroniques, ruinant probablement quelques semaines de travail à la reconstruction de la Shinra. Mais qu’importe le matériel, quand est un jeu quelque chose de bien plus important…

« Vous savez déjà ce que je veux savoir Jade… Etiez-vous au courant que Stella n’était pas morte ?
- Oui, répondit-elle simplement, tout en continuant à l’affronter du regard, mais sans cette pointe d’agressivité qui lui était coutumière.
- Je vois…depuis quand ?
- Un peu comme votre père... Sauf que moi, j'avais décidé de faire don de vie, et non de mort. »

A l'entente de ces mots, et surtout la mention de son père, Rufus serra les dents. Il l’avait depuis longtemps deviné, mais entendre dire de vive voix par une personne concernée que son père était l'instigateur de la poursuite de Stella, donnait encore plus de réalité à ce fait. C’est d’un ton toujours aussi acide qu’une question sortit de ses lèvres à peine entrouvertes, une accusation lourde.

« Que suis-je sensé comprendre? Que vous avez désobéi et ne l'avez pas tuée? »

Etait-il donc contrarié à ce point que la jeune femme n'ait pas été exécutée? se demanda Jade, voyant l’air furieux de son vis-à-vis. Une telle réaction ne pouvait qu’augurer que ce qu’elle avait pris pour du regret de ne pas avoir su était plutôt du regret de ne pas avoir réussi à éliminer la jeune infirmière. Et il était possible qu’il compte remédier à ce « problème » aujourd’hui…Ce fut au tour de Jade de serrer silencieusement les dents. S'il osait poser ne serait-ce qu'un doigt sur la petite Celene...
Relevant la tête, c’est avec un ton froid et insolent au possible qu’elle répondit, en le fixant droit dans les yeux.

« Oui j'ai désobéi. Et si la chose était à refaire, j'agirais de la même façon sans hésiter... »

Jade Jade Jade, cette chère Jade, toujours si prompte à défier l’autorité, et à n’obéir aux ordres que quand ça l’arrangeai, c’était à se demander comment elle avait pu rester tout ce temps parmi les Turks. La réponse était simple et tenait en un seul mot : Reno. Sans lui, sans son soutien indéfectible, envers Rufus comme Jade, il y a bien longtemps que la jeune femme serait partie, ou aurait mal fini…
Le président Shinra, qui s’était presque levé de son fauteuil, crispé qu’il était en attendant la réponse de la jeune femme, se détendit légèrement, et se calla à nouveau dans le cuir, levant les yeux vers une direction indéfinie dans une attitude de soulagement à peine masquée.

- « Pour une fois, je pourrais presque dire que je suis content de votre obstination à n'en faire qu'à votre tête... souffla doucement Rufus.
- Pardon?... s’exclama Jade, choquée par une telle affirmation, qui sonnait comme un remerciement, et mettait à l’eau toutes les idées qu’elle avait pu se faire sur l’implication de Rufus dans la condamnation de Stella. Est-ce que vous vous moqueriez de moi par hasard? Vous étiez pourtant d'accord à l'époque avec la décision de faire assassiner Stella, prise par votre père... Alors pourquoi ce faux soulagement? Malgré tout le fichu respect que je suis censée vous devoir, je n'aime pas être prise pour plus idiote que je ne le suis vous savez…
- Moi, d'accord avec mon père? Ca aurait bien été une première! Je n'ai jamais cautionné aucune des actions de ce vieux croûton, et je ne savais même pas que Stella était encore en vie! Il s'est bien gardé de me le dire, parce qu'il devait se douter que je ferais tout pour l'en empêcher. Si je ne croyais pas avoir déjà perdu Stella, j'aurai tout fait pour la retrouver...
- Vous voulez dire que...? »

Jade en était littéralement restée sans voix Alors tout cela n'avait été qu'une vaste conspiration? Le choix d'un père cruel et monstrueux? Il n'était donc en rien dans cette histoire?... Après toutes ces années passées à lui tenir rancœur pour cet acte qu'elle jugeait ignoble, apprendre qu'il était entièrement innocent... c'était un sacré choc pour la jeune femme. Et qui imposait un changement radical dans manière dont elle avait toujours perçu Rufus. D'ailleurs, pour toutes ces années d'accusations injustes, il y avait quelque chose qu'elle se devait de faire...

« Je vous présente toutes mes excuses pour mon jugement hâtif qui m'a portée à vous accuser à tort monsieur. »

Dans une attitude solennelle elle plia pour la toute première fois de sa vie face à un homme, son dirigeant de surcroît, et ce en s'inclinant humblement devant lui. Jade l'indomptable, la fière, la bornée venait à nouveau de faire une chose qu'elle n'avait faite que si rarement dans sa vie : faire un pas en arrière et reconnaître ses erreurs.

Et ce fut bien la première fois où l'on pu voir sur le visage de Rufus s'esquisser une expression digne de Reno : ses yeux s'agrandirent légèrement, et sa bouche s'entrouvrit, mais cela resta à l'état d'ébauche, et bien vite, il récupéra son masque de marbre. Inutile de dire que de voir la jeune femme agir ainsi, d'avouer ses torts, n'était pas quelque chose de courant. On aurait presque pu parler de miracle dans ce cas, tout comme ça avait été un miracle que lui-même se confie, ne serait-ce qu’à demi-mots, à celle qui pourtant s’était toujours montrée la plus hostile à son égard. Cela avait été fait sous l’impulsion du moment, et si en d’autres occasions il se serait amèrement mordu la langue pour avoir laissé filtrer ses pensées profondes, face à Jade, et à ce résultat, Rufus en fut plus soulagé qu agacé.

« Vos excuses sont acceptées Jade, bien que je n'ai jamais eu la moindre idée que ce soit ce fait qui me fasse paraître si antipathique à vos yeux. Je pensais plutôt à un autre épisode marquant de notre… relation .... »

L’incident en question s’était déroulé deux ans auparavant, lorsque Clad s’était joint à AVALANCHE. Déjà qu’en temps normal Jade était on ne peut plus susceptible, elle n’avait pas digéré le fait d’avoir été mise à l’écart durant toute la durée de cette histoire, jusqu’à son épilogue et la – première – mort de Sephiroth. Et le coupable en était Rufus : en tant que vice-président de la Shinra, il avait saisi un prétexte assez anodin – l’insubordination de la jeune aristocrate, qui pourtant était persistante depuis le début de sa carrière et ne touchait plus ses supérieurs – pour l’envoyer officiellement dans une mission lointaine de très longue durée . Une punition sous forme d’exil, loin des Turks, et loin de son compagnon Reno, qui n’avait su gagner sa grâce auprès de Rufus… Ce n’est pas tant le fait de se retrouver loin d’eux, mais bien le regret de n’avoir pu participer à un évènement majeur de l’histoire du monde qui avait nourri le ressentiment de la jeune femme à l’égard de Rufus, en plus de l’histoire de Stella.

« Hum... ça... Oui, en effet, c'était une raison de plus de vous faire passer pour plus « antipathique » – ce sont là vos mots pas les miens – que vous ne l'étiez déjà à mes yeux... Mais, j'avais dépassé les bornes une fois de trop ce jour-là sans doute... Même si une fois encore, j'agirais sans doute de même aujourd'hui. Que voulez-vous? Les mauvaises habitudes ont la dent dure. Et puis, finalement, mon séjour dans cette cellule lugubre aura trouvé une utilité et m'aura permis de réaliser un vieux rêve. »

Ce fameux séjour... oui, elle lui en voulait toujours un peu pour ça, mais, plus tellement. Après tout, ce qui l'avait suivi avait réussi à effacer ces mauvais souvenirs : Jade s’était accordé de petites « vacances bien méritées » qui avaient duré un an, en compagnie de la personne qu’elle considérait comme le grand frère qu’elle n’avait jamais eu, jusqu’à ce qu’elle se décide à rejoindre à nouveau Reno qui, force lui était de le constater, lui manquait énormément.
Bien, à présent que la situation avait enfin été clarifiée et les choses remises à leur juste place, ainsi que la surprise passée, Jade ne pu s'empêcher de poser une question à Rufus. Elle savait qu'elle n'aurait pas du, mais qu'importe, elle ne s'était jamais vraiment souciée de ce que la convenance exigeait. Et puis, peut-être que l'atmosphère de confidences, même avares, qui venait de s'instaurer entre elle et cet homme qui lui paraissait autrefois quasi-intouchable, aidait. Elle se lança donc, mais sans oublier de se montrer prudente dans ses propos pour une fois.

« Avez-vous une idée de ce que vous comptez faire maintenant que vous savez pour Stella... et Celene?... »

Mais il ne fallait pas croire cet instant magique allait durer encore longtemps… et lorsque Rufus se rendit enfin compte que cela prenait une tournure bien trop personnelle – ou plutôt, qu'il se retrouva incapable de formuler une réponse, n'en sachant rien lui-même –, il préféra tourner le dos à Jade, pivotant dans son fauteuil, pour abîmer son regard dans les ors et pourpres revêtant l’horizon en ce crépuscule qui s’installait. Il ne lui restait comme solution que la fuite, la lâcheté, comme cet après-midi où il n’avait trouvé d’autre solution que le mensonge, pour ne pas avoir à faire face à cette réalité encore bien trop troublante pour lui, et avait quitté Stella précipitamment.

« J'ai été ravi de pouvoir discuter un peu avec vous Jade, et de pouvoir clarifier quelques points obscurs qui empêchaient toute communication entre nous. Mais j'aimerai être un peu seul maintenant... »

Bien que le ton ne fut pas franchement chaleureux, et même plutôt froid, distant, comme si le président Shinra ne se trouvait plus dans cette pièce, on pouvait comprendre que cette affirmation était sincère. Difficile de croire que l’homme portait à ses hommes – enfin, hommes et femmes composant les Turks, ne soyons pas sexistes – et à leur avis une telle importance, d’autant plus en ce qui concernait Jade, qu’on aurait pu qualifier d’ élément perturbateur au sein du groupe, et son ennemie intime si l’on pouvait dire. Mais c’était la vérité, Rufus était satisfait d’avoir pu régler ce différend. Ce n’était qu’une étape de franchie, certes, mais un bon présage pour l’avenir du groupe des Turks qui avait plus que jamais le besoin d’être soudé.

« Si tel est votre souhait... » dit Jade.

Elle se doutait bien qu'il ne lui donnerait pas de réponse, et puis, dans le fond, il avait déjà du avoir bien assez de mal à ingérer toutes informations inattendues pour avoir les esprits assez clairs et savoir ce qu'il allait décider de faire par la suite. Qu'il prenne son temps. Mais qu'il le prenne bien, et qu'il ne se trompe pas dans ses choix...
Sans plus de cérémonie, la Turk se retira, tournant la poignée de la porte qu'elle referma lentement derrière elle, après un dernier coup d'oeil jeté au fauteuil qui servait pour l'instant de rempart à cet homme. Assurément, la communication avait été enfin possible entre eux deux, mais, qu'il prenne une mauvaise décision, et cette nouvelle relation si fragile qui venait de s'instaurer entre eux ne manquerait pas de s'effondrer comme un simple château de cartes...

S’il y avait deux êtres sur lesquelles personne n’aurait parié pour une «réconciliation », c’était bien ces deux là. Pourtant nés dans des milieux sensiblement proches, tout les avait toujours opposés, et cette antithèse s’était concrétisée dans un bras de fer féroce qui durait depuis des années, aucun des deux ne voulant céder ne serait-ce qu’un pouce de terrain devant l’autre, mais tout cela suivant les règles les plus strictes de la guerre froide. Un affrontement à distance, dans les limites des convenances, bien que Jade eut tendance à flirter avec cette ligne de démarcation invisible. Un affrontement sans heurt ni violence, où les deux caractères bien trempés n’avaient manqué les occasions d’exprimer leur profond désaccord sur de nombreux points, pour ne pas dire tous, et où les masques qu’ils portaient tout deux pour des raisons différentes avaient rempli leur office de rempart. Oui, des masques : voilà ce qu’étaient réellement les attitudes de ces deux personnes, et ces masques avaient tenu bon, jusqu’à ce jour, car toutes les grandes batailles doivent un jour s'achever en un ultime assaut et aucun rempart quel qu’il soit n'est indestructible…
C’était bien Jade qui contestait toujours l’autorité, et c’était bien la dernière qui aurait pu comprendre le président Shinra. Or, contre toute attente, Jade s’était révélée la plus apte des Turks à saisir les sentiments qui animaient le jeune homme blond enfoncé dans son fauteuil de cuir, drapé dans une juste colère. Bien sûr, c’est parce qu’elle connaissait l’histoire de Stella et Celene, mais tout de même, la réaction compréhensive de la jeune blonde avait eu le don d’étonner Rufus, qui avait obtenu en laissant parler son cœur pendant quelques instants un résultat proprement inattendu. Pour cette raison, en ce jour, les deux masques s’étaient fendillés, révélant une part de ce que chacun cachait à l’autre, et au monde extérieur : devant l’injustice de son « antipathie » envers Rufus, Jade avait abaissa la barrière de fierté qui se dressait autour d’elle, et s’était excusée pour sa méprise, mais uniquement parce que Rufus, de son côté, affecté par ses révélations, avait baissé sa garde, et impulsivement laissé échapper des paroles qu’il n’aurait jamais prononcées autrement. Un aveu, peut-être détourné, mais un aveu de ce qu’il avait ressenti à l’époque pour Stella… C’était bien cette profonde blessure, pas uniquement, mais principalement, qui avait conduit à ce réflexe salvateur, à l’érection de cette muraille que personne n’avait réussi à franchir depuis lors. Quant à Jade… hé bien, laissons à la demoiselle son jardin secret, peut-être un jour consentira-t-elle à nous faire partager son passé, et révéler les causes de cette image d’elle-même qu’elle avait décidé de donner au monde...
Quoi qu’il en soit, nous voilà face à deux personnes cyniques et désabusées… En fin de compte, leur opposition n’avait pour but que de masquer leur ressemblance, et ce qui les avait rapproché, c’était leur intérêt commun : Stella, et, évidemment, Celene. Probablement que ce genre de moments ne se reproduirait jamais, et que Rufus et Jade retomberaient bien vite dans leurs bonnes vieilles habitudes, mais ils avaient gagné non pas un respect mutuel, le mot était un peu trop fort, ni un sentiment de confiance, du domaine de l’utopie, néanmoins, il y avait entre eux quelque chose de nouveau, une forme de compréhension de l’autre, même s’il faut l’avouer, c’était bien Rufus qui s’était dévoilé, et non pas la jeune femme restant tout aussi impénétrable psychologiquement que d’habitude.
La plus improbable des réconciliations, sur laquelle personne n’aurait parié un seul gil, venait d’avoir lieu dans cette pièce.

Au-delà de cette simili-réconciliation entre deux êtres si différents mais pourtant si semblables, quel bilan tirer de cette discussion ? Les questions que Rufus se posait sur Stella n’étaient pas du tout résolues, enfin peut-être en partie, mais en posaient de nouvelles beaucoup plus insolubles. La vie et la mort… comment aurait-il pu penser que la Shinra en était arrivé à ce stade ? Hojo et son vieux fous de père se prenaient pour Dieu, c’était un fait établi, mais de là à ressusciter les morts… enfin, après tout ce qu’il avait vu au sein de la compagnie familiale, il n’avait pas trop de mal à le concevoir, et même pas de mal du tout. Mais ça ne changeait rien aux sentiments du jeune homme : Rufus s’en voulait de ne pas avoir été au courant, de n’avoir été à cette époque qu’une marionnette dans les mains de son paternel, alors qu’il croyait œuvrer contre lui. Ce qui était arrivé à Stella le prouvait bien, il n’était rien d’autre qu’un gosse de riche arrogant, un « jeune blanc bec qui n’avait pas voix au chapitre » comme le disait si bien Jade…
Néanmoins, si Rufus avait pu se réconcilier, bien que ce soit un trop grand mot pour qualifier ce qu’il venait de se passer, avec Jade, et corriger une erreur qui le poursuivait depuis longtemps, peut-être y aurait-il un espoir de pouvoir en faire de même avec Stella. Cette dernière n’était pas du tout aussi tête de mûle que la Turks blonde, et elle saurait sans doute l’écouter. Il aurait déjà pu remédier à cette situation plus tôt, mais il avait été trop apeuré pour saisir l’occasion qui lui avait été donnée de se retrouver seul avec son ancienne maîtresse, seuls dans sa maison, pour discuter. Force lui était de constater maintenant qu’il n’y avait plus guère que Stella pour répondre à ses questions… L’épisode Jade l’avait décidé à s’adresser à son ancienne maîtresse, pas seulement pour avoir les réponses, et apaiser son âme tourmentée, aussi pour que Stella elle-même puisse savoir la vérité. Car elle devait vraiment le haïr… pour ce qu’il avait fait, et surtout si elle croyait qu’il n’avait rien fait pour empêcher sa condamnation à mort… Comment aurait-il pu le faire sans être au courant ? Rufus éprouvait le besoin de se justifier, de lui dire qu’il n’y était pour rien ! Ce seraient de piètres excuses, mais c’était déjà ça. Un pas sur le chemin de la rédemption si ce n’est celui du pardon…

Le président Shinra finit par se lever de son fauteuil, ce qui lui arracha une nouvelle grimace : il en avait presque oublié la douleur de ses ecchymoses pendant cet échange, mais elle se rappela bien vite à son souvenir. Debout face à la fenêtre, et à l’astre du jour qui déclinait, laissant la nuit commencer son règne, la phrase que le jeune homme adressa à l’absence écrasante devant lui était l’écho de la question précédente de Jade, qui sonnait plus que jamais comme sa nouvelle priorité.

« C’est bien là la question : qu’est-ce que je vais faire maintenant ?... »

Et pour trouver cette réponse, il avait toute la nuit devant lui. Elle promettait d’être longue… Très longue… Un tête-à-tête avec sa conscience et ses regrets est toujours interminable et douloureux…


Edité le 07-11-2007 à 02:28:48 par Paine


Tifet
   Posté le 07-11-2007 à 12:13:40   

J'adOOre !! ^__^
Mitoko triball
   Posté le 07-11-2007 à 17:03:20   

Ooooh, comme c'est émouvant !
Ma petite Jade et Rufus, enfin réconciliés ! C'est Reno qui va être content ! *____*
M'oui euh... quoique faut pas pousser, elle ne va pas changer d'attitude à l'égard du blondinet en un jour comme tu l'as si bien fait remarquer en effet. XD
Qu'est-ce qui va faire Rufuuuus ?

Bon, je crois que le message est clair, n'ont veut la suite ! XD
Mais on saura se montrer patients pour l'avoir. ^___^

*Emue d'avoir son perso dans la fic de sa soeur * *___*

Quant au style d'écriture hum... toujours efficace. ^^
Même pour les gens qui comme moi, ne sont pas friands des parties narratives ou descriptives. XD

Je cède la place à d'autres critiques. ^^
Paine
   Posté le 08-11-2007 à 23:05:00   

Merci Tifet ^^
Et merci tite soeur, de toute façon je pense que notre collaboration ne s'arrêtera pas là