Sujet : Demeure de la famille Draconis | | Posté le 14-02-2007 à 20:59:17
| Vangelius n'eut pas de réelles difficultés à trouver la maison de Kyera... même si le mot "maison" était un vrai euphémisme. "Manoir de style victorien à trois étages avec cour intérieure et serre" aurait mieux convenu, mais le cerveau parfois minimaliste du démon ne pouvait trouver une telle qualification tout seul. Toujours est-il que c'était un édifice bien beau et fort imposant, que visiblement on connaissait bien dans le coin puisque le nhiliste s'était fait indiqué le chemin par des passants et que tous purent le renseigner... Arrivant à la lourde porte en chêne massif de l'entrée, notre cher Vangie frappa négligemment comme un bourrin, bien décidé à ce qu'on lui ouvre avant l'aube. Un garde baillan t aux corneilles vint s'acquitter de cette tâche. -Ouais ? Qu'est-ce que c'est ? -Ouvrez-moi, je viens voir le comte... -Ah ouais bien sûr... et ma cuisse c'est du poulet ? -Je n'en sais rien mais ça pourrais devenir un bon petit déjeuner si tu ne me laisses pas entrer tout de suite ! -Du calme monseigneur héhé. Quelle est la raison de votre visite si tôt le matin ? -Je viens apporter la preuve que j'ais régler les problèmes de "fuites" d'argent de monsieur Draconis. Le garde comprit l'allusion sans effort et écarquilla les yeux. -Je vais appeler l'intendant de monsieur... veuillez entrer. Vangelius pénétra dans la batisse, entrant dans un hall richement décoré où une domestique le débarassa de son manteau et de son haut de forme pour ensuite les poser sur un fauteuil environnant. Le démon vit bien vite arriver un grand homme en smoking, d'un certain âge déjà, qui lui parla d'un ton mielleux. -Monsieur que puis-je faire pour vous ? -J'aimerais voir le comte Fryhenw Draconis... à propos des vols. -O_o... comment le savez-vous ? -Disons que mademoiselle Draconis m'en a quelque peu entretenu. -Mademoiselle Kyera ?... Bien, suivez-moi alors. Après avoir monté les escaliers menant au dernier étage, les deux hommes s'arretèrent devant une porte dont le seuil était faiblement éclairé. Au moment où l'intendant allait frapper une faible voix s'éleva... -Ne prenez pas la peine de frapper Till... vous savez bien que je ne dors plus. |
| | Posté le 16-02-2007 à 18:37:45
| L'intendant poussa la porte, qui s'ouvrit sur une petite pièce à l'atmosphère singulière. Les murs étaient recouverts d'un vieux papier peint à demi-moisit, plus inattendu dans la maison d'un homme riche, les rideaux de soie noire était rabattus et cachaient le moindre centimètre de carreau de fenêtre, le sol jonché de piles de livres que l'humidité commencaient à attaquer. Au milieu d'un tel fatras ce trouvait un grand lit à baldaquin dans lequel était couché un tout petit vieillard, ses cheveux poivre et sel ainsi que son oeil gauche aveugle témoignant des ravages de l'âge sur sa personne. Pourtant il y avait chez lui quelque chose de fier et de robuste, comment si l'on pouvait sentir de façon palpable son esprit combattre son état physique de toutes ses forces... En entrant Vangelius salua le comte d'un signe de tête, avant de s'approcher du grand lit. L'homme tendit une main décharné au démon qui la saisit avec une pointe de répulsion... Aussitôt Fryhenw commenca à l'interroger. -Quel dieu dois-je louer pour votre visite à une heure si incongrue ? -Les dieux ne sont pas des êtres auquels ont peut se fier... je viens pour me défaire d'une dette envers votre fille. -Ahhhh... elle m'en a soufflé quelques mots. Monsieur... Vorkemsyr est-ce exact ? -Je préfères qu'on m'appelle Vangelius. -Comme vous voudrez... J'ais entendu parler de vous comme d'une personne de bien aimable compagnie. -C'est exagéré. -Kyera est souvent enclinte à l'enthousiasme. Elle m'a dit vous avoir parler des vols... -C'est pour cela que je viens. En disant cela, Vangelius posa le morceau de tissu contenant les têtes des deux elfes noirs et montra ses trophées au comte Draconis, qui ne fut nullement choqué contrairement à son cher intendant. -Qu'est-ce que vous faites ?! C'est immonde ! -Till, taisez-vous ! L'homme en smoking se tutu immédiatement, paralysé par la puissance de la voix émanent d'un corps si fragile. -Je ne vois pas quelle aide vous m'apporter en me faisant don de telles immondices... Le nihiliste mit une main dans sa poche, en tira le pendentif du voleur et le tendit à Fryhenw... -Ils avaient ça sur eux... Le vieil homme écarquilla les yeux en regardant l'objet. *Bingo...* -Vous reconnaissez cet objet ? -...Bien sûr. C'est le pendentif de ma défunte femme Domhia. Ils ont pillés mon coffre-fort et n'ont emporté que ça avec tout l'argent que je conservais ici. -Et bien "ils" ont désormais leurs têtes sur votre couvre-lit. -...et l'argent ? -Je ne sais pas ce qu'ils en ont fait, honnêtement. -Je vous crois... Vangelius gratifia le comte d'un nouveau signe de tête, avant de faire semblant de s'éclipser. -Maintenant que ma dette envers votre fille est remboursée, je dois m'en aller... Avant qu'il n'eut le temps de faire trois pas, le démon se fit interpellé par le comte. Il se mit à rire intérieurement, les humains sont donc tous si prévisibles ? -Attendez, Vangelius ! -Oui ? -Je me dois de vous remercier ! Ce pendentif est le seul souvenir qu'il me reste de ma femme, il a une valeur inestimable pour moi... Que... diriez-vous de travailler à mon service ? J'ais un emploi confortable à vous proposer ! -Monsieur ! Vous n'y pensez pas ! -Till, fermez-la ! Le nihiliste souria un peu et retourna auprès du vieil homme pour lui parler de son ton le plus empoisonné. -En temps normal je ne pourrais accepter, mais une proposition émanant du comte Fryhenw de Draconis ne se refuse pas... -Parfait, je vous engage. Vangelius allait vraiment finir par croire que la violence ne permettait pas toujours de parvenir à ses fins si cela continuait de la même façon... |
| | Posté le 17-02-2007 à 00:43:24
| Tout avait vraiment marché comme sur des roulettes... c'était vraiment trop facile. C'est la réflexion à laquelle avait aboutit Vangelius. C'était même au-dessus de ses espérances. Le vieux gâteux l'avait engagé alors qu'il avait utilisé l'argent qu'on lui avait volé, il lui avait offert un emploi auquel il aurait à consacrer une heure tout les 36 du mois, une chambre, une rente conséquente et régulière, que demander de plus ? Jouer le garde du corps pour la sortie mensuel du comte. C'était ridicule ! 1000 crédits par semaine pour cette "tâche", avec le logement et le couvert offert. En prime, le plaisir d'accompagner mademoiselle Kyera Draconis dans certains de ses déplacements. Si le plafond de sa chambre sous les combles n'était pas si bas, le démon aurait sauté de joie... non en fait il s'en fichait. Le nihiliste allait bien finir par penser que le vieil homme avait juste besoin de compagnie, ou peut-être sa fille en avait besoin ? C'est vrai que tout le manoir transpirait d'une atmosphère aussi étrange que la chambre de Fryhenw, une atmosphère de "vide", comme si une partie de l'âme du lieu avait soudainement disparue il y a longtemps. L'ambiance était plus morne de pièce en pièce, on comprend facilement pourquoi Kyera ressentait un tel besoin d'évasion. Son monde n'était qu'une boîte à chaussures trempée par les pleurs... En parlant de la demoiselle, elle n'avait pas vraiment respecté leur engagement... D'après ce cher Till, l'intendant coincé tiré à quatre épingles, elle avait précipîtamment décider de faire un tour. Ce qui voulait en gros dire : "Dégagez quelques temps, le comte et moi avons à nous parler..." Tant mieux ! Les 1000 premiers crédits venait de lui tomber directement entres les griffes, une bonne occasion de partir faire un tour. Les deux hommes auraient le temps de s'expliquer. Puis si il ne voulait pas avoir de "visite" désagréable, il fallait bien continuer à oeuvrer un peu pour ces décerebrés d'amis "nihilistes". Même si ça ne le genêrais pas d'en revoir certains, il avait besoin de s'éloigner quelques temps avant de retourner peut-être parmi eux... peut-être... Vangelius se rhabilla, sangla sa lame à son côté et sortit du manoir, une bourse pleine dans sa veste et sa malette à la main. Après tout le calme lui permettrait sans doute de voir ce que donnait la technologie. |
| | Posté le 20-05-2007 à 16:45:39
| Le démon ne mit pas longtemps à retrouver l'allure singulière du sombre porche de la demeure Draconis... Il s'apprêta à frapper au moment où une silhouette familière vint l'aborder en lui saisissant chaleureusement la main. -Monsieur ! Vous arrivez juste à temps ! -Juste à temps ? Je veux dire... veuillez excuser ma longue absence et... -Votre "longue absence" ? Vous n'êtes partit que quatre jours ! -Ah... exact. *Les joies du prismandalé...* -Père a besoin de vous... -Pourquoi ? -Il veut profiter de son état stable, grâce aux dieux, pour s'enquérir de l'état de la ville suite aux "événements" de ces derniers temps, et espère aider dans une juste mesure ceux qui en ont besoin. -Du bénévolat en gros... quand ? -Le plus tôt possible. Demain matin si ça vous arrange. -Ce n'est pas moi qui payes, donc ce n'est pas moi qui décide. -Alors demain matin. En attendant vous devriez vous reposer et... La jeune femme regarda Vangelius de haut en bas d'un air quelque peu gêné. -Et je vous prêterais des habits de mon père vous en avez grand besoin. -J'y conviens... Vangie pénétra dans la demeure à la suite de sa jeune "maîtresse", croisant au passage le regard suspicieux de Till, le majordome, tandis que Kyera allait prévenir Fryhenw du retour de son "garde du corps" et du programme du lendemain. Isolé dans sa chambre, il s'affairait à regarder son corps meurtrit dans un grand miroir... -Et maintenant ? -Quoi "et maintenant" ? -Mokona veut savoir ce qu'on fait maintenant ^^... et il aimerait bien savoir où est Mokona. -...Disons qu'on a procédé à un voyage "extra-dimensionnel". On a quitté une dimension pour aller dans une autre, tu vois ce que je veux dire ? -Ah ! ^^ Comme quand Mokona t'a rencontré ! -Peut-être... -Et Mokona fait quoi maintenant ? -Mokona va me suivre... si tu veux retrouver ta maîtresse, le meilleur moyen pour toi c'est de voyager avec moi. -Mokona retrouvera Yuko ? ^^ -...Je ne sais pas. -Ah... ^^" -En attendant c'est ici qu'on vit. On vint frapper à la porte... Mokona se faufila sous un oreiller, tandis que le nihiliste allait ouvrir à moitié nu. -Je ne vous dérange pas ? -Nullement... -Tenez voici les vêtements que je vous avais promis. Portez-le demain ça fera plaisir à pèr... -Que se passe-t'il ? -...Vos cicatrices. -Ah... les risques du métier. -Vous n'avez pas mal ? Je veux dire si jamais je peux faire quelquechose pour... -Bonne nuit ! Le démon lui ferma la porte au nez. Kyera pensant l'avoir vexé s'en alla s'en demander son reste, le laissant à un repos dont il ne profita jamais. Une fois son compagnon lapinoide bienheureusement endormit, sous les coups de minuit, Vangelius se décida à resortir sous les étoiles tyranniques... |
| | Posté le 26-07-2007 à 14:38:07
| Au moment où le nihiliste revint franchir le seuil du manoir, l'aube se rapprochait à grand pas. Le garde à la porte ne fit aucunes remarques, pourtant ce n'est probablement pas tous les jours qu'on voit passer un individu le torse et le visage en sang, un trou dans la joue, à moitié nu et couverts d'ordures. Quoique, à Traverse, on n'y fait peut-être pas attention... Le démon monta dans sa chambre, passant devant le regard méfiant de l'intendant insomniaque, s'affala sur son lit et profita des quelques heures de repos qu'il lui restait. "Je vais le prévenir." Kyera se saisit des vêtements qu'elle devait apporter à Vangelius, puis de sa chambre monta pour le rejoindre. Perdue dans ses pensées, oscillant entres sa toilette du jour et le prochain spectacle à voir au theâtre, elle manquait d'attention. "Oh excusez-moi..." "Ce n'est ri..." Ces yeux... ce rouge. Ces cheveux, bruns. Ces vêtements. Ces vêtements. Ces vêtements. "Attendez !" L'homme montait les marches de l'escalier quatre à quatre, avec une vitesse impressionante. Il finit par la semer dans le manoir au bout de quelques secondes. Elle ne pouvait y croire. Encore un souvenir. "Ce n'est pas lui... ça ne peut pas être lui." Résignée elle reprt le chemin de la chambre de Vangelius. "Entrez !" Elle poussa la porte prudemment, craignant de tomber au mauvais moment. En voyant le démon elle lâcha ce qu'elle tanit dans les mains. "Comment..." Vangie réajustait ses vêtements... Des vêtements rouges brodés d'or. Les mêmes que l'homme de l'escalier. "Quoi, comment ?" La question eut le mérite de sortir la jeune femme de sa rêverie. "Je... où avez-vous trouvé ces vêtements ?" "Ceux-là ? Ils étaient au pied de mon lit quand je me suis réveillé il y a cinq minutes. C'est pas vous qui me les avez arpporté ?" "En fait..." "Vous trouvez ça moche hein ? Vous voulez pas que je les portes c'est ça ?" "C'est juste que..." "Que... ?" "C'est un souvenir en fait." "Si vous le dites... J'en ais encore pour cinq minutes, attendez-moi en bas plutôt." "Je... Oui." L'esprit confus, elle se retira. Vangelius finit de s'habiller, se saisit de Mokona encore endormit pour le fourrer dans sa poche puis rassembla quelques affaires. "Mon argent..." Il regardait sa table de nuit avec un air étrange. "J'avais laissé de l'argent, là... Pas grave, je verrais ça plus tard." Sur ce, il rejoignit le vieux Fryhenw et sa fille pour leur oeuvre de charité. |
| | Posté le 27-07-2007 à 12:49:54
| Aujourd'hui ressemblait à hier, demain ressemblera à aujourd'hui. Las, c'est tout. Cela faisait déjà trois jours que le démon jouait les gardes du corps, inutile précaution. Le vieux Fryhenw était à l'article de la mort, et aucun pouilleux de la ville ne semblait s'intéresser à sa fortune. Vangelius commençait à se demander ce qu'il faisait encore dans cet endroit. Jouer le garçon de compagnie pour Kyera était distrayant mais pas très palpitant... Assis à la fenêtre il se demandait bien quoi faire. Till lui avait fait comprendre qu'on se passerait de ses services pour le restant de la semaine, lui paya son dû et l'invita à disparaître. Où aller ? La bonne question... Rester ici, bien sûr. Mais il y attendait quelque chose. Quoi ? Aucune idée. Cela n'avait pas d'importance. Alors où aller ? Rune ? Non... Enfin un jour ou l'autre. Mais aujourd'hui non. Arda ? Pfff... La Terre ? Trop tôt. Retourner voir ces foutus chevaliers sur je-ne-sais_quel-monde ? Pour encore finir à moitié mort ? En réflechissant il triturait l'objet qu'Arget lui avait donné. "Où que vous soyez dans le Prismandalé, il vous ramènera ici, sur Traverse, puisque tel semble votre lieu de résidence." Comme si il habitait ici... Comme si il habitait quelque part. Dans ces moments-là, il regrettait presque Achéron. Il avait une vie de merde. Mais il avait une vie. Le néant... D'une certaine façon il a toujours su ce que c'était. Il vit avec le néant. Il a toujours été à l'intérieur de lui. Sans rêves, sans espoirs, sans envies, sans désirs. Plus sans-être que sans-destin on va dire. Revoir Mayhem... redescendre dans les égouts cette nuit ? Pas encore. La dernière fois, la défaite à été trop cinglante. Etre ce qu'on n'est pas, ne pas être ce qu'on est. Etre ? Les choses n'ont pas de sens. Alors autant tout supprimer. On en vient à cela quand on se réveille en pensant "Encore ?" et "A quoi bon ?". Etre c'est tout ? Mokona dort. Etre rien, ça peut suffire ? Ne rien être ne suffit pas. Encore une fois, le nhiliste part. On verra bien où. Cela n'a pas d'importance. Préférant être sont propre rien, que de ne rien être du tout. |
| | Posté le 06-01-2008 à 02:30:32
| Piégées par les regards détournées de la galerie des portraits, la forme hâta sa course pour regagner les hauteurs du manoirs. Chancelante parmi les autres ombres, évitant portes malveillantes et murs suintants de choses indescriptibles, et gardant son regard vide, ses pupilles dilatées d’ange des paradis artificiels rougeoyantes, fixées sur les tableaux, s’attendant à ce que d’une seconde à l’autre un ancêtre de la famille Draconis s’extirpe de son cadre doré pour l’attaquer. Marche par marche, l’escalier montait en se dérobant. Monter pour arriver en bas, ou descendre pour finalement atteindre les combles ? Ses mains tremblantes sur la rambarde ne prenait aucun appui, agitées de trop de convulsions. Reculer en avançant, des secondes d’un temps distendues prenant des allures d’éternités volées. Les choses n’arrivaient pas reprendre forme, éclipsées par la brûlure du manque caressant son échine et broyées par l’étau annihilant ses pensées. La solitude d’une ombre. S’étant jeté de lui-même, corps brisé et âme noircie, dans la guerre qui se jouait dans son monde intérieur, il avait finit par perdre pied avec celui qui l’entourait. Pour au final comprendre que comme à la fin de toute guerre, il ne restera que des ruines… Ces ruines, il les portait sur lui. Les ruines du peu de lui-même qu’il avait cru connaître, sur lequel s’élevait maintenant le noir édifice d’un désespoir viscéral. Un claquement de porte mis ses nerfs à vif, comme le moindre que le manque amplifiait. Les domestiques de la maison ne sortaient plus la nuit, de peur de faire « une mauvaise rencontre » dans les corridors du manoir… Le nihiliste avait finit par saisir qu’il était une mauvaise rencontre. Fryhenw, de plus en plus avilit par la maladie, ne lui montrait pas de reproches, considérant que ces mois passés à son service « de bons et loyaux services » excusaient ses névroses. Kyera préférait fuir sa présence, s’enfermant dans sa futilité pour faire abstraction de la vie au manoir. Qui se perdait le plus finalement ? La main griffue tourna avec difficulté la poignée à moitié arrachée de la familière lourde porte derrière laquelle il aimait se réfugier. Celle-ci ne semblait pas lui vouloir du mal, du moins pas encore. La pièce vide s’emplissait de la lumière pâle de la lune mais l’ombre préféra se réfugier parmi ses semblables. Reposant son poids sur les débris de son miroir brisé, écorchant un peu plus ses membres et ses vêtements, plongeant les yeux dans ce reflet qu’il ne pouvait plus reconnaître. Rien ne changeait plus chez lui, ni le temps ni les excès ne marquaient son corps et pourtant à son reflet semblait vouloir se substituer un autre. Un humain, aux yeux rouges comme les siens et étrangement familier, pareil à une peinture. Le démon détourna les yeux de cette vision pour plonger dans un sommeil sans rêve dont il a l’impression de ne plus voir la fin… |
| | Posté le 06-01-2008 à 18:20:33
| Le grincement des gonds fit sortir Vangelius de sa léthargie lorsque le majordome de la famille vint lui rendre visite. Adossé au mur, le démon gardait les yeux à demi-clos à cause de la lumière matinale mais distingua sans efforts les traits condescendants de Till et Mokona sautant à ses côtés sur le matelas éventré de ce qui fut son lit. « Levez-vous… et essayez d’avoir l’air correct. Monsieur veut vous voir. » Prenant appui sur le sol, feignant d’ignorer la coupure des débris de verre sous ses poignets et les vertiges que provoquait le manque, il finit par se relever avec difficulté et suivit l’homme dans l’escalier, qui ne ressemblait à la lumière du jour à plus rien d’infernal. Pas après pas, couloir après couloir, les choses se mouvant avec une langueur inexplicable, il distinguait chaque bruit et chaque mouvement comme si le manoir avait pris la forme d’une entité vivante. Mais plus de murs suintants et de tableaux animés, juste l’amère réalité quotidienne venant se mêler au goût de métal de sa bouche et de sang de ses lèvres. Tout se ressemblait, copie d’une imitation de ses pupilles ravagées. « C’est là, au cas où vous l’auriez oublié… » Le nihiliste sourit à la face méprisante du majordome, et poussa la porte de la chambre emplit des effluves d’une mort proche que lui seul semblait sentir. Fryhenw l’attendait allongé sur son lit, raccordé à une complexe machinerie qui semblait le garder en vie. Cela faisait plusieurs semaines qu’il ne pouvait plus sortir de sa chambre, donnant par écrit à Till la direction de ses affaires et toutes tâches subordonnées à son ancien garde du corps. Vangelius s’assied au chevet du vieil homme et mit quelque seconde à le reconnaître sous le masque respiratoire. Se penchant vers lui, le patriarche Draconis lui remit entres les mains un morceau de papier barré d’une écriture tortueuse difficilement compréhensible. Une liste, une liste d’objets et de choses à faire.Encore de l’intendance probablement. Pourtant, au moment où il la mit dans sa poche, Fryhenw montra une insistance particulière à ce qu’il la garde sur lui et fit s’avancer un domestique, tendant au démon une pile de lettres, un livre poussiéreux et une bourse très bien remplie. Il s'en saisit pour les glisser dans sa veste pourpre puis prit congé de la compagnie du comte. A sa sortie, le majordome l’interpella de nouveau. « A votre place, je ne ferais pas attention aux délires de Monsieur… on sent la fin approcher. » Il ne s’arrêta pas devant lui pour continuer la discussion, murmurant juste dans un souffle : « Et Kyera ? » « Mademoiselle ? Absente, comme d’habitude. Que croyez-vous, vous n’êtes la seule présence indésirable. » Vangelius ne releva pas l’allusion et préféra continuer son chemin jusqu’à entendre finalement : « Si ça ne tenait qu’à moi, vous ne seriez déjà plus ici ! » Le nihiliste ne se retourna pas, murmurant entres ses dents : « Si ça ne tenait qu’à moi, vous ne seriez déjà plus de ce monde… » |
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